Bourse & Finances

Tous les articles

L'invité de la rédaction : Assurances obligatoires : Priorité aux produits Responsabilité civile

L'invité de la rédaction : Assurances obligatoires : Priorité aux produits Responsabilité civile

boubrik3

L’ACAPS préconise de généraliser progressivement la trentaine de produits «Responsabilité civile» existants sur le marché, pour des considérations de protection des tiers et de couverture du citoyen. Elle plaide aussi pour le développement de la culture de l’assurance au Maroc, qui reste encore faible.

 La question des produits d’assurance obligatoires revient avec insistance sur la table lorsqu’il s’agit de réfléchir aux nouveaux leviers de croissance pour le secteur. Quels produits sont susceptibles de le devenir ? Pour Hassan Boubrik, il est nécessaire d’élargir les produits sur la responsabilité civile et les rendre progressivement obligatoires, selon une logique qui consiste avant tout à couvrir les citoyens et non à apporter du business au marché. «Nous ne rendons pas obligatoire un produit pour faire plaisir aux compagnies d’assurances et pour leur donner du chiffre d’affaires ou des marges. Nous rendons obligatoire un produit lorsqu'il s’agit de protéger des tiers», explique Boubrik.
Ce que l’ACAPS aura donc tendance à rendre obligatoire, ce sont les produits qui engagent la responsabilité civile vis-à-vis d’un tiers, à l’image de la RC décennale. «Lorsqu’on achète un bien immobilier, et qu’au bout de cinq ans on constate des fissures, quelle personne l’acquéreur va-t-il poursuivre ? Le promoteur ? Le constructeur ? Le bureau d’études ? etc.», s’interroge-t-il. S’il y a une RC décennale, l’équivoque est levée puisque l’acquéreur s’adresse directement aux compagnies d’assurances. D’autres produits RC sont concernés, comme la professionnelle, habitation, etc. Une trentaine de RC environ pourraient être concernées à terme, selon le président de l’ACAPS.
Pour autant, en termes de valeur, il ne faut pas s’attendre à une hausse vertigineuse du marché. «La taille de ces nouveaux produits dans le marché reste relativement faible. Le montant global ne va pas être extraordinaire. Mais cela a l’avantage de protéger les tiers, et c’est l’objectif que nous poursuivons. Cela a aussi l’avantage de propager la culture de l’assurance chez les citoyens», argumente-t-il.


Développer la culture de l’assurance
Il faut avouer que la culture de l’assurance est encore peu prégnante au Maroc. Il est nécessaire de l’encourager et de la promouvoir. Boubrik estime que des progrès en la matière peuvent être faits à travers trois leviers.
Premièrement, il faut que le secteur fasse un effort plus important sur le plan commercial, en termes de marketing et d’innovation sur les produits, et aussi en matière de réseau de distribution, pour être plus proche des consommateurs. Tous les moyens alternatifs de réseau de distribution doivent ainsi être développés. «Il faut sortir du 1 tiers automobile, 1 tiers bancassurance et 1 tiers divers, ce temps est désormais révolu», estime à ce titre Boubrik.
Deuxièmement, il faut «réconcilier» le citoyen avec l’assurance. Cela passe par une protection accrue des assurés dans leurs relations avec les assureurs, les intermédiaires ou les experts, par une qualité de service plus élevée et une transparence et une rapidité dans les dédommagements des sinistres.. «A ce titre, l’Autorité mettra davantage l’accent sur la protection des assurés. Nous prévoyons d’ailleurs la mise en place d’une Direction au sein de l’ACAPS dédiée à cette mission», nous informe notre interlocuteur.
Troisièmement, la culture de l’assurance peut être promue à travers l’éducation financière, et ce dès le plus jeune âge. «Il y a une Fondation de l’éducation financière qui a vu le jour il y a 2 ou 3 ans, présidée par le Wali de Bank Al-Maghrib, à laquelle participe l’ensemble des acteurs (Ministères concernés, GPBM, FMSAR, ACAPS, AMMC, Bourse, etc.). Un travail très intéressant est réalisé dans l’éducation financière, qui portera ses fruits dans la durée», juge-t-il.

Branche automobile : nouvelle étape dans la libéralisation des tarifs

Dans la branche automobile, il n’y a quasiment pas de concurrence sur les tarifs de la responsabilité civile. Au point que l’on parle d’entente entre les compagnies sur la tarification. Une question que le président de l’ACAPS n’a pas éludée et dont il explique les causes. «Nous avons opéré une libéralisation du marché des tarifs automobile en 2006. Mais les critères de tarification ne sont pas libres. Par exemple, il n’est pas possible de faire de différenciation selon l’âge du conducteur ou le kilométrage parcouru. Si vous avez des compagnies qui détiennent à peu près les mêmes portefeuilles et à peu près les mêmes sinistralités, il est normal de retrouver à la fin des tarifs qui ne soient pas très éloignés», justifie H. Boubrik.
Aujourd’hui, le moment est venu de passer à une nouvelle étape pour poursuivre cette libéralisation. «Au bout de dix ans de libéralisation, il faut faire un premier bilan et poursuivre la libéralisation, notamment au niveau des critères de tarification. D’ailleurs, c’est une étape que nous allons enclencher. Je pense que nous allons de plus en plus vers des critères individualisés de tarification avec des moyens technologiques qui permettent de mieux appréhender les comportements et les risques individuels de chaque assuré, comme cela se fait ailleurs. C’est en libéralisant les critères de tarification que les compagnies seront en mesure de diversifier leur offre ainsi que leurs tarifs pour être plus proches du consommateur», souligne notre interlocuteur.

Réalisé par S. Es-siari, A. Elkadiri, W. El Mouden et A. Hlimi

L’Actu en continu

Hors-séries & Spéciaux