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L'invité de la rédaction : Règles prudentielles : Au-delà du risque de souscription

L'invité de la rédaction : Règles prudentielles : Au-delà du risque de souscription

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L'Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale (ACAPS), désormais portée sur des missions plus globales de stabilité et d'orthodoxie financière, travaille actuellement sur des évolutions majeures en termes macro-prudentielles. Permanence des méthodes, solvabilité basée sur les risques, mise à niveau des systèmes d'information. Autant d'éléments qui exigeront sans doute une mise à niveau des fonds propres des compagnies. Hassan Boubrik, président de l'ACAPS, nous apporte des éclairages à ce sujet.

 

A la différence du secteur bancaire, les assurances calculent leurs ratios de solvabilité sur le seul risque de souscription. Comprenez : seul le risque lié aux contrats d'assurances dus ou exigibles entrent en compte dans ces ratios. «C'est pour cette raison que plusieurs compagnies affichent des ratios de solvabilité 4 à 5 fois supérieurs à la norme», explique Hassan Boubrik. Désormais, avec l'entrée en vigueur d'une nouvelle réglementation qui va appréhender la solvabilité de manière différente, les compagnies vont devoir intégrer tous les risques, et notamment le risque de marché dans leurs calculs. «Nous avons réalisé des tests préliminaires dont l'objectif était tout simplement d’avoir une première idée sur l'impact global de cette approche sur les assurances. Il en ressort que ces tests sont concluants, mais l'on remarque une forte diminution des excédents de marges des compagnies», explique Boubrik. Et d'ajouter que ces tests ne sont que des examens préliminaires et qu'aucune action corrective n'a été entreprise. «Il faudra qu'on parachève notre modèle et que la loi entre en vigueur pour réaliser de vrais tests», nous lance le patron de l'ACAPS. Désormais, les assureurs adopteront une approche des risques similaire à celle appliquée par les banques, notamment par la directive Bâle III.


Les compagnies surexposées au marché actions
«L'exposition des compagnies au marché actions varie entre 40 et 45% au Maroc. Dans d'autres pays, cette exposition tourne autour de 10 à 20%. Certains grands groupes ont même baissé cette part à 5-7% suite à la directive Solvency 2», annonce Boubrik. Avec l’adoption d’une solvabilité basée sur les risques, les compagnies marocaines devront probablement, soit ajuster leur politique d’investissement, soit augmenter la taille de leurs fonds propres. Dans les deux cas, les ajustements seront faits progressivement et dans la concertation avec le marché car il est impératif de tenir compte des réalités du marché, et des intérêts liés au financement de l’économie. Un délai suffisant serait donc accordé au secteur, tout en mettant des moyens de monitoring et de surveillance adéquats dans cet intervalle de temps. Autre évolution, la permanence des méthodes. Fini le pilotage du résultat technique en fonction des tendances sur les marchés financiers. Une image fidèle des résultats techniques permettrait également de mieux appréhender les niveaux de tarification et les rentabilités par branche, évitant les compensations entre différentes branches. A travers cette approche, le régulateur veut ramener le secteur vers plus d'orthodoxie financière. Autre volet prudentiel : un effort supplémentaire sera demandé aux compagnies dans le sens d’une amélioration des systèmes de contrôle interne, de gestion des risques et des systèmes d’information. «Si certains y voient un coût supplémentaire à court terme, qui devra être pris en charge par les compagnies elles-mêmes à terme, ces mécanismes leur permettront de se protéger contre les risques et assurer la viabilité de leurs modèles économiques», conclut Boubrik.

Assurance agricole : «Un pool ? Pourquoi pas»

Interrogé sur l’assurance agricole qui a fait couler beaucoup d’encre
(financenews.press.ma), H. Boubrik a bien voulu nous dire un mot sur la question, même si le sujet ne relève pas des compétences du régulateur. Il tient ainsi à préciser que l’ACAPS n’a pas à se prononcer aujourd’hui sur l’offre en elle-même. Ce qu’il faut garder à l’esprit, selon lui, c’est qu’il y avait auparavant un dispositif qui coûtait cher et qui, visiblement, ne fonctionnait pas et n’arrivait pas à couvrir plus de 100.000 hectares. La mise en place d’une couverture assurantielle a visiblement marché puisqu’on couvre aujourd’hui plus d’un million d’hectares.
«L’Etat est contractant de cette couverture à travers le ministère de l’Agriculture et l’offre est ouverte à toutes les compagnies qui le souhaitent. Si des compagnies veulent se mettre en pool, pourquoi pas ?», déclare-t-il. L’ACAPS, désormais indépendante, interviendra sur un seul point, à savoir l’homologation et la conformité des produits qui seront proposés.

Pas de risques sur l'exposition de la CIMR au marché actions

Nous avons demandé à Hassan Boubrik ce qu'il pensait de l'exposition de la CIMR au marché actions. La Caisse de retraite détenant 55% de son portefeuille en titres de capital cotés. Une exposition que le management souhaite ramener à 50% cette année. Pour le régulateur des assurances, il ne faut pas comparer l'incomparable. «L'horizon de placement d'une caisse de retraite n'a rien à voir avec celui des compagnies d'assurances. Lorsque l'horizon est très long, le placement en actions s'avère judicieux. De plus, une caisse de retraite n'a pas de logique de fonds propres ou de charge de capital liée à l’investissement financier», rassure Boubrik.

Réalisé par S. Es-siari, A. Elkadiri, W. El Mouden et A. Hlimi

 

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