En dépit d'une conjoncture macroéconomique délicate, le secteur de l'assurance marocain a fait preuve de résilience en 2023, en poursuivant sa croissance et en consolidant sa position de force.
Par Y. Seddik
Le marché de l'assurance marocain se porte comme un charme. En 2023, les primes émises ont atteint 57 milliards de dirhams, soit une croissance de 4,6% par rapport à l'année précédente. Cette performance est tirée par la branche non Vie et l'appétit croissant des Marocains pour l'assurance vie, malgré un contexte inflationniste qui a réduit les rendements réels. Poussée par une dynamique inflexible semestre après semestre, la branche non Vie a enregistré une croissance de 6,8%. Les segments «Accidents corporels» et «Incendie» se distinguent particulièrement avec des hausses respectives de 7,7% et 9,1%, selon les dernières statistiques de l’Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale (ACAPS). Cette évolution s'explique par l'augmentation du nombre de véhicules en circulation, l'expansion du parc immobilier, et également par la prise de conscience accrue des risques liés aux accidents et aux catastrophes naturelles. La branche Vie, quant à elle, a connu une croissance plus modérée de 2%. Mais ne vous y trompez pas, ce segment recèle un immense potentiel. En effet, les segments «Epargnesupports dirhams», «Décès» et «Epargne-support unités de compte» ont affiché des hausses respectives de 1,7%, 4% et 3,8%, toujours selon l’ACAPS. L'augmentation du niveau de vie des Marocains et leur recherche de solutions d'épargne et de prévoyance plus attractives constituent l’un des principaux moteurs de cette croissance. Le dynamisme du secteur se reflète également dans les résultats des compagnies d'assurances cotées en Bourse. Leur chiffre d'affaires a progressé de 3% à 22,7 milliards de dirhams, porté par les performances commerciales de Wafa Assurance (+739 MDH) et de Sanlam Maroc (+198 MDH), malgré une activité Vie qui a été impactée par la hausse de l’inflation en 2023. Pour sa part, AtlantaSanad affiche une baisse de 5,4%, qui s’explique par la politique rigoureuse de la compagnie en matière d’assainissement du portefeuille et de la sélection des risques engagées dans le cadre de son plan stratégique, dans une optique d’amélioration de sa rentabilité technique. Sur le plan financier, le secteur affiche également une santé financière robuste. Le portefeuille des placements s'est apprécié de 1% pour s'établir à 206,75 milliards de dirhams. Cette croissance est notamment due à la reprise du marché boursier, qui a permis aux plusvalues latentes d'augmenter de 30,6% pour atteindre 19,6 milliards de dirhams à fin octobre. En termes de solvabilité, les assureurs continuent de dégager une marge moyenne largement au-dessus du minimum réglementaire sous le référentiel prudentiel actuel. Une performance qui traduit la solidité financière des compagnies d'assurances marocaines et leur capacité à faire face à leurs engagements. Il est essentiel de rappeler que le secteur est en chantier permanent depuis quelques années. La refonte du livre IV du code des assurances, l'application de la norme IFRS 17 et l'adoption prochaine de la solvabilité basée sur les risques (SBR) espérée pour cette année, témoignent de la volonté du régulateur de moderniser le secteur et de le mettre en conformité avec les standards internationaux. Ces réformes, bien qu'ambitieuses, constituent une opportunité pour le secteur de l'assurance marocain de renforcer sa solidité, sa compétitivité et son attractivité. Elles permettront également d'offrir aux assurés une meilleure protection et des produits plus innovants.