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Assurance: ce qui attend le secteur

Assurance: ce qui attend le secteur

Resserrements réglementaires et volatilité des marchés financiers vont peser sur la rentabilité.

Perspectives des sociétés cotées du secteur.

 

Par A. Hlimi

Le secteur des assurances s’est montré résilient face à la crise sanitaire. Bien entendu, la rentabilité a été impactée par le décrochage du marché boursier. Mais le résultat technique a bien tenu et, contre toute attente, l’épargne adressée au secteur ne s’est jamais aussi bien portée que pendant la pandémie. Deux ans plus tard, le contexte économique se détériore à nouveau avec une crise économique qui se profile sous l’effet de l’inflation et des tensions sur les chaînes d’approvisionnement.

Au Maroc, le secteur doit faire face à un défi réglementaire de taille, comme le rappelle Khadija El Moussily, analyste senior chez BMCE Capital Global Research, à l’occasion d’un webinaire organisé par l’Association professionnelle des sociétés de Bourse (APSB) et la Bourse de Casablanca. Ce défi, c’est le fameux projet Solvabilité basée sur les risques (SBR), cousin proche de Solvency II en Europe. En implémentation progressive depuis quelques années, ce projet aura des impacts certains sur le secteur.

«SBR se traduira par plus d’exigences en fonds propres, un resserrement des marges de solvabilité et une accélération des rapprochements et fusionsacquisitions dans le secteur», fait savoir El Moussily, tout en précisant un point positif : cette réforme améliorera la transparence du marché boursier. «La réforme prévoit une prise en compte de l’ensemble des risques auxquels sont exposés les assureurs dans le calcul de la marge de solvabilité, ce qui devrait réduire de manière substantielle les excédents de marges des compagnies marocaines», assure la professionnelle. Toutefois, les compagnies marocaines sont assez confortables pour absorber ces chocs, en témoignent d’ailleurs les différents stress tests réalisés.

Impacts de l’AMO sur la profitabilité du secteur

Selon Khadija El Moussily, l’assurance maladie obligatoire (AMO) aura un impact aussi bien sur le chiffre d’affaires que sur les bénéfices du secteur. L’impact serait négatif sur le chiffre d’affaires des compagnies dans la mesure où les primes maladies devraient diminuer par un effet de migration des clients vers le secteur public. En revanche, l’AMO pourrait avoir un effet positif sur les bénéfices des compagnies dans la mesure où ces dernières devront proposer plus de complémentaires santé à leurs assurés, ce qui est beaucoup plus rentable que les produits basiques.

Takaful : Un additionnel de 100 MDH de primes en 2022

Opérationnel en 2022, le Takaful devrait générer des primes additionnelles de 100 MDH cette année. Toutefois, cette activité devrait peser sur la rentabilité du secteur et potentiellement produire une cannibalisation des produits conventionnels lorsque l’offre Takaful sera plus diversifiée, selon l’analyste de BKGR.

BKGR positif sur le secteur en Bourse

Représenté en Bourse par 3 compagnies, le secteur jouit de la confiance des analystes du bureau de recherche. S’agissant de Wafa Assurance, leader du secteur, Khadija El Moussily estime que la compagnie dispose d’une confortable marge de solvabilité et d’une capacité à toute épreuve à maintenir son statut de leader dans un contexte marqué par une concurrence rude. De plus, la compagnie dispose d’une stratégie ambitieuse d’expansion en Afrique, bien que les contraintes réglementaires puissent entraver cette stratégie. Wafa Assurance travaille également sur la diversification de ses placements et réduit son exposition importante sur les actions (28% en 2021). La compagnie devrait réaliser un TCAM de 6% de son chiffre d’affaires en 2021 et 2022 et de 9% pour son résultat net. Saham Assurance est également dans les petits papiers de l’analyste, qui estime que la compagnie devrait connaître une bonne dynamique commerciale, avec notamment le lancement des produits d’épargne en unités de compte cette année. Sur un plan plus stratégique, le rapprochement Sanlam/ Allianz en Afrique devrait apporter des économies d’échelle et introduire de nouveaux produits. Côté chiffres, il est anticipé un TCAM de 5% du chiffre d’affaires sur 2021- 2023 et 9% pour le RN.

AtlantaSanad : «Une valeur à laquelle nous croyons énormément sur le plan fondamental»

La dynamique commerciale de la compagnie et sa bonne gestion financière accélèrent sa croissance. Son portefeuille de placement est assez rentable, avec notamment des valeurs comme CIH Bank, Oulmès et BMCI, pour des rendements intéressants. Sur le volet stratégique, la prise de participation de 12,8% du capital de CDM devrait lui permettre de se développer rapidement, particulièrement dans l’activité Vie, qui reste une activité très rentable par rapport à l’activité non-Vie. Reste à savoir ce qu’il adviendra du contrat de distribution exclusif dans la bancassurance entre CDM et Saham Assurance et qui n’arrive à terme qu’en 2026. Sera-t-il révoqué dès cette année ou courra-t-il jusqu’à son terme ? En matière de prévisions, le TCAM du chiffre d’affaires devrait croître à un rythme de 6,5% sur la période 2021-2022, alors que le RNPG devrait augmenter à un rythme de 21% sur la période.

 

Le résultat financier du secteur devrait continuer sur son trend haussier
La volatilité du marché financier cette année ne devrait pas retourner le trend haussier des résultats financiers des compagnies, à en croire Khadija El Moussily. Pour elle, et bien qu’il soit difficile de réaliser des prévisions sur les marchés dans le contexte actuel, la progression des résultats financiers sera portée principalement par l’amélioration des dividendes distribués par les entreprises cotées en 2021. C’est un montant en hausse de 30% par rapport à l’année dernière et qui devrait limiter l’impact de la baisse des cours.

 

 

 

 

 

 

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