Le PDG d'Alliances reprend officiellement les rênes, bien qu'il n'ait jamais été bien loin.

Il tire les leçons de la crise et se projette dans un avenir proche.

Par Adil Hlimi

C’est le grand retour de Alami Lazrak, PDG d'Alliances, au-devant de la scène. Celui qui s'était retiré durant la période de restructuration du Groupe, est apparu serein lors de la conférence financière tenue ce mardi à Casablanca.

«Je me suis absenté quelques années, durant la restructuration d'Alliances... Une restructuration qui n'était pas facile, je l'avoue, et qui a duré plus longtemps que prévu. Mais je suis heureux de vous annoncer sa réussite, car nous avons pu ramener notre dette de plus de 8 Mds de dirhams en 2014 à 2,5 Mds aujourd'hui, dont 2 Mds en cours de restructuration», lance-t-il en préambule.

Tout en rendant hommage, à plusieurs reprises d'ailleurs, au travail fait par Ahmed Ammor (homme fort et tiers de confiance de la restructuration d'Alliances), Lazrak a martelé son intention de faire à présent «du développement», «produire intelligemment» et «gérer prudemment».

Le point sur l'activité

L'équipe dirigeante a fait le point sur les projets en cours. Dans le social et le moyen standing, les nouvelles ventes ont atteint 5.217 unités pour une valeur de 2,16 Mds de dirhams, alors que les encaissements clients se sont chiffrés à 1 Md de DH, dont 327 MDH sur les nouvelles ventes et 741 MDH de compléments.

Les unités vendues restant à livrer s'établissent à 9.345 unités pour un reliquat à encaisser de plus de 2 Mds de dirhams.

Sur ce segment, 17 projets sont en cours, avec un stock de chiffre d'affaires de 8,2 Mds de dirhams, annonce Mohamed Lazraq, DG délégué en charge du pôle social et moyen standing, précisant que 2 nouveaux projets sont en cours de lancement en 2019.

Le résidentiel a également connu une bonne dynamique, avec 7 projets en cours représentant un chiffre d'affaires de 1,2 Md de dirhams. Deux nouveaux projets sont en cours de lancement d'une VIT totale de 650 MDH.

Les projets en Afrique subsaharienne avancent correctement en Côte d'Ivoire et au Cameroun, alors que Alliances Services, spécialisée dans le management de projet, continue de livrer un peu partout au Maroc et en Afrique.

Marges de manœuvre

Alliances a généré un résultat net de 323 MDH en 2018, en hausse de 29% par rapport à l'an dernier, alors que le RNPG progresse de 74% à 302 MDH.

Amine Alami, DGA Finances & Support, précise que «les marges s'améliorent» et assure que le groupe dispose d'encore «de marges de manœuvre» pour générer de la croissance. Il y a tout d'abord les charges de structure sur lesquelles le groupe souhaite encore faire des économies, et les frais financiers, qui devront être ramenés à moins de 100 MDH en 2019 contre 600 MDH, rappelons-le, en 2014.

Enfin, le DGA du groupe rappelle que Alliances a constitué une provision pour risques généraux de 800 MDH sur «les dossiers EMT», des provisions qui pourront être réintégrées dès à présent, le dossier étant maintenant vieux de 3 ans.

Dette privée reprofilée

Le management est également revenu sur le reprofilage de sa dette privée, indiquant que l'accord trouvé en début d'année a été accepté par 82% des créanciers. Il permettra au groupe d'émettre de nouvelles dettes sur une durée de 10 ans, avec une franchise de 3 ans et un paiement au bout de la quatrième année.

Le montage ressemblera au précédent et sera adossé au même univers d'actifs utilisé par le promoteur depuis le début de la restructuration de sa dette privée et contenant 5 Mds de dirhams de biens immobiliers. Alliances n'a pas besoin de 100% d'approbation pour lancer l'opération.  ◆

Dividendes : dès l’année prochaine ?

C'est ce qu'a laissé entendre Alami Lazrak. Questionné par Finances News sur la rémunération des actionnaires après le retour du résultat net social dans le vert, il a avoué que la logique voudrait qu'on ne commence à rémunérer les actionnaires qu'après remboursement des dettes. Mais qu'il pense distribuer des dividendes dès l'année prochaine.

Il ne faudra pas s'attendre à un pay-out supérieur à 30%, car «Alliances, dans ses engagements envers les créanciers dans le cadre du reprofilage, ne peut pas distribuer plus de 30% de ses bénéfices durant les 3 années de franchise», confie le PDG du groupe, qui place la diversification au cœur de la stratégie. Exit les messages euphoriques du passé, Alami Lazrak reconnait que le marché n'est pas facile, que la concurrence s'intensifie et qu'il faut rester sélectif, quitte à laisser filer des affaires pour dégager de la rentabilité. «L'important c'est le risque», répète-t-il aux journalistes.