Après avoir dispensé les agents de passer l’examen d’accès, tel que stipulé dans le livre IV du projet du Code des assurances, l’ACAPS insiste sur la formation et complète ce dispositif qui ne va pas concerner uniquement l’agent, mais également ses employés et tous ceux qui vendent et conseillent la clientèle. En agissant de la sorte, l’Autorité de contrôle responsabilise davantage les entreprises d’assurances.
Si pour être un agent d’une compagnie d’assurances il faut justifier d’une licence universitaire et passer obligatoirement un examen professionnel, le projet de loi apporte des amendements au Code général des assurances, notamment au livre IV en matière de distribution (actuellement au SGG). Il propose, entre autres, de supprimer l’examen en ouvrant la profession à ceux qui ont suivi des cursus dans le privé. Une telle disposition ne risque-t-elle pas de se traduire par une inflation des points de vente ? Et surtout de se retrouver avec des agents moins compétents sur le terrain parce que cet examen peut être considéré comme un filtre qui fait le tri et garantit la qualité des agents ?
«Peut-être, si dans le projet de réforme il n’y a que la suppression de l’examen. Or, le projet met le paquet sur la formation en engageant la responsabilité des compagnies d’assurances dans la formation de leurs réseaux», répond notre invité Hassan Boubrik. Même avant que la loi ne sorte, des discussions dans ce sens ont eu lieu avec le marché pour mettre la formation en application très rapidement. «Le principe est qu’avant la fin de l’année, chaque compagnie d’assurances est amenée à soumettre à l’Autorité son plan de formation à la fois pour ses propres employés et pour son réseau», tient à préciser le président de l’ACAPS. Et l’année qui suit, l’Autorité contrôle ce qui a été réalisé en matière de formation. Mieux encore, il a été intégré dans la loi, en plus de l’agent que tout le personnel qui donne du conseil ou vend des produits d’assurance doit être suffisamment formé. Aujourd’hui, l’examen est presqu’un écran de fumée car même si l’agent passe un examen mais ne suit aucune formation pendant une longue durée, il risque d’ignorer beaucoup de choses.
«La préparation et l’organisation de l’examen sont assez lourdes et bloquent le développement du réseau des compagnies du fait qu'il est prévu tous les deux ou trois ans. Mais, durant cette période, on bloque le développement du réseau alors que nous avons besoin de faire évoluer l’assurance, d’augmenter la taille du marché et d’améliorer le taux de pénétration de l’assurance au Maroc», explique notre interlocuteur. A cela, il faut ajouter que les compagnies ont trouvé un autre moyen de contourner l’examen en créant ce qu’elles appellent les bureaux directs avec des agents viviers. Mais, en réalité, ce ne sont pas des bureaux directs, étant donné que l’investissement est porté par l’agent. Autant de raisons qui poussent l’Autorité de contrôle à opérer beaucoup plus d’ouverture, tout en laissant aux compagnies le soin de piloter leur politique de distribution et leurs réseaux.
Réalisé par S. Es-siari, A. Elkadiri, W. El Mouden et A. Hlimi