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AFIS : l’Afrique financière en mouvement

AFIS : l’Afrique financière en mouvement

Développer des champions régionaux et continentaux dans les secteurs de la banque et de l’assurance. Faciliter le commerce intra africain en faisant de l'interopérabilité des paiements un axe majeur de développement pour l’industrie. Mobiliser l’épargne africaine, aujourd’hui estimée à 500 milliards de dollars.

 

Par Désy M.

En pleine période d’incertitudes globales, le secteur financier africain s’impose comme un moteur stratégique pour le développement du continent. Cette dynamique a été au cœur des discussions lors de l’Africa Financial Summit (AFIS), organisé à Casablanca les 9 et 10 décembre. En tant que carrefour entre l’Afrique, l’Europe et le Moyen-Orient, le Maroc, soutenu par son hub financier Casablanca Finance City (CFC), s’affirme comme un acteur clé pour redéfinir l’avenir de l’industrie financière africaine.

Réunissant près de 1.200 décideurs et 400 entreprises du secteur financier autour du thème «Une nouvelle ère : le temps des puissances africaines est venu», l’AFIS a mis en lumière trois axes majeurs pour transformer le paysage financier africain. Il s’agit de la consolidation des acteurs régionaux et continentaux, de la facilitation du commerce intraafricain via des systèmes de paiements interopérables, et de la mobilisation de l’épargne africaine, estimée à 500 milliards de dollars, comme l’a souligné Amir Ben Yahmed, président de l’AFIS. Malgré ses 54 pays aux réglementations disparates, l’Afrique dispose de leviers de transformation puissants, comme l’essor des fintechs, l’innovation technologique et la digitalisation.

Cependant, des défis persistants freinent son potentiel, notamment la fragmentation des marchés, le désengagement des banques internationales, des taux d’intérêt atteignant des sommets historiques et une volatilité persistante des échanges commerciaux et des devises. Conscient de ces défis, le Maroc s’est doté d’une stratégie nationale ambitieuse pour l’inclusion financière. A travers la démocratisation de l’accès aux services bancaires, la modernisation des systèmes de paiement et la régulation des cryptomonnaies, actuellement en cours d'adoption, le Royaume prépare un écosystème bancaire capable de relever les défis de demain. «Les cryptomonnaies pourraient constituer une solution d'avenir, à condition d'établir une réglementation solide et sécurisée», a déclaré Nadia Fettah, ministre de l’Économie et des Finances.

Deux tendances présentes

Selon Sergio Pimenta, vice-président de la Société financière internationale (SFI), co-organisateur dudit événement, deux tendances se dégagent auprès des acteurs du secteur. Un certain pessimisme lié à la baisse des investissements en capital-risque, qui ont atteint leur niveau le plus bas depuis cinq ans, s'établissant à 5,9 milliards de dollars en 2023, selon l'AVCA (The African Private Capital Association). Et un optimisme porté par la résilience des investissements privés, atteignant 6,3 milliards de dollars en 2022, selon la Banque européenne d’investissement (BEI). Ils soutiennent qu'une intégration régionale renforcée pourrait constituer un puissant moteur pour consolider la résilience économique et promouvoir une croissance inclusive.

L’AFIS, en collaboration avec l’IFC, adopte cette vision optimiste en misant sur la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf). Ce véritable moteur d’intégration régionale offre une perspective prometteuse, permettant un système de paiement intégré à l’échelle continentale, capable de réduire les coûts, fluidifier les échanges commerciaux et favoriser la résilience économique.

Abordant le besoin gigantesque de financements en infrastructures d'ici 2030 pour le continent africain de l'ordre de 1.200 milliards de dollars, Mohammed El Kettani, président d’Attijariwafa bank, estime qu’«il est urgent que les banques africaines, les acteurs des marchés des capitaux, les fintechs, les gouvernements et les Banques centrales s’accordent en étant une force de propositions pour faire avancer les choses». Evoquant la sortie des grandes banques internationales du continent, il conclut que «l’Afrique a besoin que ses banques panafricaines prennent de l'ampleur, de la robustesse et de la solidité financière pour accompagner la transformation du continent». L’Afrique possède un potentiel immense, mais sa réalisation repose sur trois piliers : renforcer la confiance, harmoniser les régulations et mobiliser les ressources financières. Si la route est encore longue, l’Afrique avance résolument et le Maroc pourrait bien en tracer la voie.

 

 

 

 

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