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Actuariat : la profession monte en régime

Actuariat : la profession monte en régime

 

 

La centralité des actuaires sera autrement plus importante avec l’avènement des nouvelles règles inhérentes à la solvabilité basée sur les risques. La préservation de la qualité de la formation et la structuration de la profession comptent parmi les défis à relever.

 

 

Au Maroc, le rôle des actuaires sera davantage crucial dans le futur dispositif de renforcement des capacités financières des compagnies d’assurances afin de préserver les intérêts des assurés et des bénéficiaires. Au regard de la circulaire intitulée la «Solvabilité basée sur les risques» (SBR) de l’Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance assurance (ACAPS), les actuaires seront les futurs garants de la sauvegarde et la préservation des règles prudentielles, notamment au niveau du premier pilier des provisions techniques. Ces dernières représentent l’estimation des engagements des compagnies d’assurances envers les assurés et les bénéficiaires.

Cela dit, cette nouveauté doit s’accompagner d’une qualification normée, assise sur la formation continue, qui concerne les trois sous-corps d’actuaires, en l’occurrence ceux des compagnies d’assurances, les indépendants (certificateurs) et enfin les actuaires de l’ACAPS habilités à effectuer le contrôle.

«Cette qualification normée est dans l’intérêt des trois sous-corps, puisque le travail de l’actuaire qualifié d’une compagnie d’assurances sera davantage facile à certifier par son confrère indépendant. Au bout de la chaîne, l’actuaire contrôleur gagnera du temps en raison de la qualité des dossiers», assure Adbdelkrim Khiraoui, actuaire et président-fondateur du cabinet d’ARM consultants.

Cela dit, certains professionnels saluent le volontarisme dont fait preuve l’Association marocaine des actuaires (AMA) sur le front du renforcement de la qualification. Sous d’autres cieux, notamment dans les pays développés pour ne citer que la France qui applique depuis le 1er janvier 2016 les normes prudentielles de Solvency II, la centralité des actuaires est autrement plus manifeste aujourd’hui, au point de les ériger comme les profils les plus aptes à diriger les grandes compagnies d’assurances. Qu’en est-il au Maroc ?

 

Des profils qui tirent leur épingle du jeu

 

Rappelons qu’au Maroc, il existe au moins 3 membres de l’AMA qui occupent des postes de Directeurs généraux au sein de grandes compagnies d’assurances de la place. D’ailleurs, le nouveau DG de la Caisse marocaine des retraites (CMR), Lotfi Boujendar, est actuaire et membre de l’AMA. Cela dit, cette représentation des actuaires à la tête des mutuelles, des compagnies d’assurances et/ou des caisses de retraite au Maroc, serait ni une situation étrange encore moins un fait résultant du simple hasard.

Les raisons évoquées justifiant cette position à la tête des entités précitées sont la polyvalence, la compétence, avec une parfaite maîtrise du droit, de la fiscalité et de la comptabilité des assurances. A cela s’ajoute la maîtrise du droit bancaire. «Il est faux de croire que les actuaires maîtrisent uniquement les mathématiques», confie notre interlocuteur, fort d’une grande expérience dans le domaine actuariel.

Soulignons qu’au Maroc, les actuaires font de surcroît preuve de mobilité professionnelle. Généralement, ils commencent leur carrière dans des départements d’actuariat au sein des compagnies d’assurances, avant de migrer pour occuper des postes de responsabilité dans des départements de souscription d’assurance vie ou non vie. Ce qui consolide davantage la polyvalence, qui aide à gravir rapidement les échelons. Cela dit, un actuaire qui souhaite garder l’anonymat affirme que : «le travers à éviter est de donner l’impression d’être arrogant. Nous devons travailler pour être acceptés davantage par la communauté financière et celle des assurances, tout en apportant notre modeste contribution».

 

Des défis tout de même

 

Au chapitre des challenges, il y a la préservation de la qualité de la formation de base et de la formation continue. L’autre défi, et non des moindres, est la structuration de l’activité des actuaires. Pour l’heure, la profession est fédérée autour de l’AMA, créée en 1998 et qui compte plusieurs membres institutionnels de premier plan (Wafa Assurance, Atlanta, Saham assurances, CDG, etc.) et des personnes physiques. Certes, l’entité présidée par Mohamed Amrani est membre titulaire de l’Association internationale actuarielle, mais certains experts estiment qu’elle gagnerait à migrer vers une autre forme d’organisation à l’instar d’un Ordre reconnu par l’Etat et doté de réelles prérogatives. ■

 

M. Diao

 


L’ACAPS séduit les professionnels

Abddelkrim Khiraoui n’y va pas par quatre chemin : «La mise en place de l’ACAPS est une aubaine pour la structuration du métier». Rappelons que c’est la SBR de l’ACAPS qui évoque pour la première fois dans l’histoire de la régulation des assurances au Maroc, et ce de façon officielle, la fonction actuarielle sans toutefois la définir. Ce qui constitue d’une certaine façon un grand pas vers une réelle émergence de la profession actuarielle, tâche à laquelle s’attèlent l’autorité de contrôle, le ministère de tutelle et l’AMA. Signalons que l’association présidée par Amrani compte parmi ses membres des contrôleurs au sein de l’ACAPS.

 

 

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