Pharma 5 : L’histoire du laboratoire qui a déclaré «la guerre» aux Américains

Pharma 5 : L’histoire du laboratoire qui a déclaré «la guerre» aux Américains

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Le laboratoire pharmaceutique 100% marocain est présent dans 35 pays en Afrique et au Moyen-Orient. Il est le numéro 1 des industriels pharmaceutiques marocains en Afrique francophone avec 50% de parts de marché. 12% du CA sont réalisés à l’international.

En 1985, le Docteur Abdallah Lahlou Filali donne corps à une ambition basée sur une vision : créer un labora­toire pharmaceutique maro­cain au service de la santé. Dès son démarrage, le labo­ratoire se positionne dans la production des médicaments génériques.

Une position nourrie par un engagement ayant pour finali­té de démocratiser l’accès aux médicaments. L’enjeu était double : produire un médica­ment conforme aux standards internationaux et l’offrir aux malades et aux professionnels de la santé à un prix acces­sible. D’où l’obligation pour le fondateur du laboratoire de focaliser ses efforts sur les processus de fabrication, tout en développant une politique des ressources humaines axée sur l’émergence des compétences.

Grâce à des investissements continus dans un outil de pro­duction à la pointe de la tech­nologie et à des ressources humaines hautement quali­fiées, le laboratoire Pharma 5 met à la disposition des patients plus de 370 pré­sentations pharmaceutiques, réparties en plusieurs familles thérapeutiques.

Le laboratoire est aujourd’hui un acteur majeur du secteur pharmaceutique au Maroc. Avec plus de 1.200 collabo­rateurs, le groupe occupe une place de leader dans le déve­loppement et la production de médicaments génériques au Maroc, en Afrique et dans la région MENA.

Une grande épopée marocaine

Après plusieurs mois de déve­loppement, Pharma 5 vient d'annoncer la mise sur le marché du SSB 400, premier médicament anti-hépatite C 100% marocain, à base de Sofosbuvir.

Il s’agit d’une grande première nationale et régionale rendue possible grâce à un parte­nariat public-privé exemplaire entre le ministère de la Santé et le laboratoire Pharma 5, un partenariat d’accompagne­ment et non de financement, comme nous l’affirment nos sources.

Le SSB 400 a en fait obtenu son autorisation de mise sur le marché le 5 novembre 2015. Le nouveau médicament sera commercialisé au prix de 3.000 DH la boîte, soit le coût d’introduction le plus faible à l’échelle internationale. A titre de comparaison, le coût de la cure de 12 semaines est de 451.000 DH en France et de 800.000 DH aux Etats-Unis. Au Maroc, le prix de la cure de 12 semaines sera de 9.000 DH pour le SSB 400 et per­mettra la guérison virologique de plus de 90% des malades atteintes d’hépatite C. Mais comment en est-on arrivé à cet exploit ?

Myriam Lahlou Filali, vice-pré­sidente du groupe Pharma 5, nous a conté les coulisses de cette aventure digne d’un film hollywoodien d’autant que l’autre partie de l’his­toire est américaine. En effet, tout a commencé lorsque le laboratoire américain Gilead a décidé de vendre la recette du médicament à des labo­ratoires indiens autorisés à fabriquer le générique à base de Sofosbuvir via une licence volontaire. Coup de théâtre, Gilead dresse une liste de pays dans lesquels les labo­ratoires indiens sont autorisés à vendre leurs génériques. Conséquences : la moitié des personnes atteintes de l’hé­patite C au monde en sont ainsi privées, parmi elles les Marocains.

Le ministère de la Santé a entrepris de son côté des démarches pour rendre ce médicament disponible sur le marché local mais il n’a pas eu de réponse de la part de Gilead. Face à cette situation, le ministère a fait appel à Pharma 5. «Ce n’est pas la première fois que le ministère de la Santé fait appel à nous. A titre d’exemple, un précédent contact a eu lieu pour le déve­loppement d’un médicament contre la tuberculose», affirme Myriam Lahlou. Et d’ajouter «il y a trois possibilités pour fabri­quer un générique. Le labo­ratoire détenteur de la molé­cule d’origine peut accorder la fabrication sous licence. Cette option était exclue. La deu­xième option, c’est d’acheter la recette auprès des labo­ratoires indiens. Chose que nous ne faisons jamais. Donc, il n’y avait qu’une seule solu­tion : la fabrication marocaine d’un générique du sofosbuvir. D’autant que Gilead n’a pas déposé de brevet au Maroc».

Un projet qui a été classé top secret au sein du laboratoire pharmaceutique marocain. «Nous avons acheté le pro­duit de l’étranger au prix fort. Cela nous a coûté 4 millions de DH puisqu’il fallait ache­ter plusieurs boîtes grâce à nos relais. Nous étions une équipe très réduite à être au courant du projet et l’équipe R&D a décortiqué le produit pour trouver les composantes et produire un médicament identique au produit améri­cain sans connaître la formule originale», explique Myriam Lahlou.

Cet aboutissement est important à plus d’un titre. Il démontre la capacité d’un laboratoire pharmaceutique national à mettre au point des solutions pharmaceutiques de pointe pour prendre en charge des pathologies aussi lourdes que l’hépatite C. De fait, cela contribue à l’essor et au rayonnement des labo­ratoires marocains dans le monde. La preuve, Pharma 5 est sollicité par plusieurs pays en Afrique et au Moyen-Orient pour se procurer le SSB 400. «Nous sommes focalisés pour le moment sur le mar­ché marocain pour fournir à nos concitoyens un produit de qualité à un coût accessible», assure la direction.

Saad zeroual

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