«L’entreprise doit avoir la capacité de piloter par anticipation et adapter son outil de gestion»

«L’entreprise doit avoir la capacité de piloter par anticipation et adapter son outil de gestion»

Le défi futur de l’expert-comptable est d’adapter en permanence son cabinet aux exigences de l’entreprise de demain.

Cela commence par la digitalisation et l’utilisation de nouvelles applications, le développement d’une offre de conseil dans les domaines qui seront les plus prisés demain, comme la restructuration des entreprises, leur transmission, le pilotage stratégique.

Entretien avec Laila El Andaloussi, vice-présidente de l’Ordre des experts-comptables du Maroc.

 

Propos recueillis par B. Chaou

 

Finances News Hebdo : Quel rôle joue aujourd’hui l’expert- comptable dans la transformation des entreprises ?

Laila El Andaloussi : L’expert-comptable est le médecin de l’entreprise. Dans les moments de crise et de difficultés, il lui prodigue les conseils nécessaires pour qu’elle retrouve sa santé. Lorsqu’elle va bien, elle est toujours confrontée à des challenges, et doit mettre en place des outils pour aller encore plus de l’avant dans un environnement de plus en plus incertain. Cette proactivité nécessaire nécessite la présence d’un expert-comptable, qui doit accompagner l’entreprise en permanence dans ce processus de changement et de transformation sans lequel elle ne sera pas pérenne. La transformation est un tout et doit concerner autant le volet organisationnel, les transactions avec les clients et fournisseurs, le pilotage de l’entreprise, la mise en place de stratégie, l’adaptation de l’impact des changements dans la législation et leur adaptation au contexte, sans oublier la digitalisation des process. Tous ces domaines relèvent de la compétence de l’expert-comptable.

 

F.N.H. : Par quoi se traduit la mission de l'expert-comptable en termes d’engagement dans un processus d'amélioration permanent en faveur des entreprises ? Et comment peut-il planifier et encadrer leurs transformations ?

L. E. A : Aujourd’hui, l’un des enseignements tirés de la crise sanitaire est le changement nécessaire de beaucoup de paradigmes. Le monde de l’entreprise n’en n’est pas épargné. Plusieurs méthodes et outils de management présents dans le tissu des petites et moyennes entreprises ont été remis en cause. Pour être plus résiliente à l’avenir, l’entreprise doit avoir la capacité de piloter par anticipation et adapter son outil de gestion. L’expert-comptable, le conseiller privilégié des entreprises, a pour rôle et responsabilité d’assister les entreprises pour qu’elles soient plus résilientes. Pour cela, l’accompagnement se fera sur des chantiers structurants en mettant en place des outils de pilotage basés sur des informations de qualité et générées en temps réel par des processus de plus en plus digitalisés.

L’approche de l’expert-comptable devrait se différencier à l’avenir et consistera à mettre en place également au sein de l’entreprise un système de veille et de gestion de risques. La mission classique d’établissement d’états financiers et de compilation des bilans a postériori sera dépassée dans l’entreprise de demain. Nous avons également noté, lors de la crise sanitaire, la nécessité de mettre à niveau certains textes pour régir de nouvelles situations, que ce soit au niveau du droit des sociétés ou du code du travail et qui évolueront encore plus vite désormais. L’expert-comptable jouera pleinement son rôle dans l’accompagnement des évolutions règlementaires au sein de l’entreprise et de leur assimilation.

 

F.N.H. : Le digital fait partie desdites conduites de changement. Comment l’expert-comptable peut-il y participer ?

L. E. A : Au cœur de la révolution digitale, les entreprises sont en train d’adapter leur mode de fonctionnement et d’organisation avec l’aide de l’expert-comptable. La première chose dont le processus devrait être accéléré, est la dématérialisation des échanges entre l’entreprise, son expert-comptable et les tiers. Une organisation à mettre en place pour renforcer la prépondérance des échanges électroniques, et qui peut être source de gain de productivité au sein de l’entité. L’expert-comptable doit également, en raison de ces changements, ne plus se contenter d’être producteur d’une information financière, mais de plus en plus certificateur et garant de sa qualité. Nos clients aujourd’hui n’attendent plus de nous que des bilans et des déclarations fiscales. Ces derniers étant produits de plus en plus aisément, ce sont plutôt des indicateurs en temps réel enrichis par l’analyse d’un expert-comptable, qui vont leur permettre de mieux piloter leur entreprise.

 

F.N.H. : Que pensez-vous de l’approche d’externalisation de certaines activités, comme la paie ? Et quel avantage cela a-t-il pour les entreprises ?

L. E. A : L’externalisation de la paie, lorsque l’entreprise ne dispose pas de compétence en interne pour prendre en charge cette fonction, peut être une bonne approche. C’est le cas notamment des entreprises durant les premières années de création. Certaines entités font le choix délibéré aussi de confier le calcul de la paie et l’établissement des déclarations sociales à des cabinets externes pour pouvoir se focaliser sur leur métier.

 

F.N.H. : Quels sont les défis auxquels l'expert-comptable pourrait faire face afin de mener à bien sa mission de conseiller ?

L. E. A : Le défi futur de l’expert-comptable est d’adapter en permanence son cabinet aux exigences de l’entreprise de demain. Cela commence par la formation de ses collaborateurs, la digitalisation et l’utilisation de nouvelles applications, le développement d’une offre de conseil dans les domaines qui seront les plus prisés demain, comme la restructuration des entreprises, leur transmission, le pilotage stratégique, les conseils liés aux aspects réglementaires, plutôt que celles à caractère purement comptables. 

 

 

 

 

 

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