Financement participatif : Pourquoi tant d’engouement de la part des TPME ?

Financement participatif : Pourquoi tant d’engouement de la part des TPME ?

coordination du financement

Malgré une conjoncture difficile, certains patrons d’entreprise ont fait le choix de ne pas recourir aux crédits bancaires classiques, et ce pour diverses raisons, notamment religieuses et éthiques.

Ils attendent ainsi la mise en place des banques participatives pour financer leurs activités.

En dépit des efforts déployés par la Banque centrale (mécanismes de garantie, baisses successives du taux directeur, etc.) afin de faciliter l’accès des TPME au financement, le constat est que le chemin est encore long. D’ailleurs, la mise en place de l’Observatoire marocain de la TPME en est une parfaite illustration. Face à cet environnement peu propice à la pérennité et au renforcement du stock d’entreprises, la finance participative, qui devrait être opérationnelle très prochainement, suscite d’ores et déjà beaucoup d’espoir auprès de certains chefs d’entreprise. «Nous attendons la mise sur pied des banques participatives pour recourir aux crédits afin de financer notre expansion», confie Adil Salim El Qalb, co-directeur de la société Concept Automation, qui admet opter actuellement pour le crédit-bail dédié à l’achat de matériel roulant de la société.

En clair, bon nombre de chefs d’entreprise admettent que leur choix porté sur la finance participative est motivé par des raisons purement religieuses. A en croire Abdelmajid Benjelloun, consultant et expert en finance participative, le financement alternatif a des avantages comparatifs avérés. Il s’agit, entre autres, d’une finance éthique qui répond de surcroît à des besoins spécifiques, contrairement à la finance conventionnelle. En effet, la dimension de la solidarité a une grande importance dans la finance participative. Il faut savoir que généralement les banques participatives font des réserves ne dépassant pas 10% du capital initial pour venir en aide aux clients en difficulté. Bien entendu, cela se fait dans des conditions bien précises. Notons que ce sont les actionnaires de la banque qui supportent les coûts engendrés par les clients en difficulté. A l’évidence, cette notion de solidarité est inexistante dans le secteur bancaire classique qui, en cas de défaillance du client, fait jouer le système de garanties. Toutefois, à l’échelle nationale, certains observateurs alertent sur le coût du crédit participatif qui serait plus élevé que celui du crédit des banques classiques. Abdelmajid Benjelloun ne souscrit pas à ces allégations et fait remarquer que des efforts de communication doivent être déployés pour mieux vulgariser ce mode de financement et lever les confusions dans certains esprits.

Au final, le succès de la finance participative auprès des TPME dépendra d’un faisceau de facteurs dont le coût. Car il faut garder à l’esprit que les entreprises sont avant tout des entités à but lucratif, à la recherche de gains et de rentabilité. Une chose est sûre, beaucoup de chefs d’entreprise sont optimistes quant au succès de la finance participative auprès du tissu entrepreneurial.

M. Diao

Paroles de pro : Abdelmajid Benjelloun, consultant et expert en finance participative

«Il est utile de faire la distinction entre le financement participatif et le crédit conventionnel. Contrairement au crédit classique qui suppose le paiement d’intérêts, en finance participative les intérêts sont inexistants du fait de leur interdiction par l’Islam. En revanche, il existe une marge bénéficiaire ou commerciale exprimée en pourcentage et qu’il ne faut pas assimiler à une marge financière. En d’autres termes, c’est la marge prélevée par le vendeur à l’acheteur pour se dessaisir du bien. Les intérêts des crédits classiques peuvent être considérés comme la marge du risque que prend la banque pour octroyer des fonds. Outre cette distinction, la finance participative donne au client la possibilité d’être associé à l’établissement participatif, à l’image du mode de fonctionnement du capital-risque.

Au regard de ce qui précède, j’estime que la finance participative sera de nature à développer les crédits dits risqués, d’autant plus que le secteur du capital-risque est encore limité au Maroc. En cela, je suis optimiste quant au succès de la finance alternative. Toutefois, il faudra veiller à la formation des compétences des banques participatives. A cela s’ajoute la nécessité de déployer des efforts de sensibilisation».

>> Infos pratiques : Quid des produits participatifs ?

Au regard de la loi relative aux établissements de crédit et organismes assimilés, publiée au Bulletin officiel du 5 mars 2015, les banques participatives peuvent financer leur clientèle en ayant recours à une multitude de produits. Il s’agit, entre autres, de la Mourabaha, de l’Ijara, de la Moucharaka, de la Moudaraba et du Salam. Mourabaha est un contrat par lequel un établissement participatif vend au client un bien, qui n’est autre que sa propriété, au coût d’acquisition augmenté d’une marge bénéficiaire convenue à l’avance. Ijara implique que la banque mette à la disposition du client, à titre locatif, un bien dont elle est propriétaire.

Moucharaka est un contrat qui a pour objet la participation de la banque participative à un projet, avec l’objectif de générer un profit. Moudaraba met en relation, d’une part une ou plusieurs banques participatives qui apportent le capital et, d’autre part, un ou plusieurs entrepreneurs qui fournissent leur travail dans le but de réaliser un projet. Salam est un contrat qui prévoit que la banque participative ou le client paye d’avance le prix intégral d’une marchandise à l’autre partie, ayant pris l’engagement de livrer une quantité déterminée de la marchandise à la date fixée. Bien entendu, cette liste est loin d’être exhaustive, puisque les banques participatives pourront proposer d’autres produits à la clientèle avec une série de conditions précisées par la loi.

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