Il ressort des résultats financiers rendus publics récemment que les engagements de Finéa, entité publique spécialisée, entre autres, dans le financement par signature et le refinancement des entreprises, se sont chiffrés à plus de 10 Mds de DH en 2015. L’année dernière a également été marquée par une progression substantielle des financements par signature (+ 15% par rapport à 2014).

La centralité des entités publiques spécialisées dans l’apport de garanties destinées à la facilitation de l’accès des très petites et moyennes entreprises (TPME) au crédit, n’est plus à démontrer au Maroc. Pour cause, les banques commerciales conditionnent souvent l’octroi de crédit aux entreprises à l’apport de garanties afin de se prémunir contre les risques d'insolvabilité. Cette attitude est quelque part compréhensible avec l’inflation des créances en souffrance et l’accroissement des entreprises qui déposent le bilan. Au regard de ce qui précède, il n’est pas exagéré d’avancer que la tâche de Finéa (filiale de la CDG), qui a rendu publics récemment ses résultats financiers annuels, est immense. En effet, l’entité publique spécialisée dans le financement par signature et le refinancement s’emploie à corriger l’écart entre l’offre et la demande de crédit sur le marché national. Du reste, les chiffres dévoilés récemment semblent prouver que Finéa est sur la bonne voie pour atteindre ses objectifs. En effet, ses engagements en faveur des TPME se sont chiffrés à 10,7 Mds de DH en 2015. De plus, ceux-ci ont concerné pas moins de 3.000 entreprises employant près de 50.000 personnes. Toujours au rayon des bonnes performances, notons que les financements par signature ont progressé de 15% par rapport à 2014 pour culminer à plus de 7 Mds de DH. Cette même tendance haussière est observée au niveau du produit net bancaire (+29% en 2015). Au-delà de ces chiffres pour le moins reluisants, il convient de souligner que l’un des leitmotivs de la filiale de CDG, est l’accès des TPME à la commande publique, estimée à plusieurs milliards de dirhams chaque année, d’après la Trésorerie générale du Royaume (TGR). En cela, Finéa a mis sur pied un financement sous formes d’avances calquées au cycle de vie des marchés publics. Dans un autre registre, la problématique de l’accès des entreprises au financement se singularise par une profonde complexité que seules les entités publiques pourvoyeuses de garanties ou de financement par signature ne peuvent résoudre. Car au final, ce sont les banques qui décident d’octroyer ou pas le crédit à l’entreprise. Rappelons dans la foulée que la ligne de financement de 150 millions d’euros mise en place par la banque allemande KWF et Finéa en 2015, sera utilisée avec le concours du secteur bancaire national, qui aura la charge de distribuer les financements aux entreprises nationales éligibles.
En définitive, les banques, les entités publiques spécialisées dans le financement par signature et les entreprises qui doivent être en mesure de proposer des projets structurés bancables, ont une responsabilité partagée pour rendre aisé l’accès des TPME au financement.

Paroles de pro

Ahmed Elazraq, manager de la société GTEL, spécialisée dans les technologies de l’information et de la communication

«Les résultats financiers de Finéa pour l’année 2015 constituent incontestablement une bonne nouvelle pour le tissu d’entreprises nationales, majoritairement composé de TPME. Au-delà de ce fait réconfortant, il y a lieu de noter que la filiale de la Caisse de dépôt et de gestion (CDG) doit déployer davantage d’efforts afin de mieux se faire connaître auprès des TMPE, dont certaines manquent cruellement d’informations sur l’existence d’instruments de garantie ou de financement. Cela dit, en dépit de l’existence d’entités publiques spécialisées dans le financement par signature et la garantie pour les prêts dédiés aux entreprises, force est d’admettre que les banques continuent d’être exigeantes au niveau des garanties pour l’octroi de crédits bancaires. Toutefois, nous espérons qu’avec le déploiement de la banque participative, les conditions d’accès aux crédits bancaires seront moins draconiennes. Pour l’heure, je dois vous avouer que ce nouveau mode de financement suscite beaucoup d’espoir auprès des entreprises marocaines. Cela dit, notre société compte faire appel aux services de Finéa afin de bénéficier d’une ligne de financement».

Infos pratiques

Finéa compte élargir son action

Les besoins de financement des entreprises, notamment ceux des TPME sont immenses. En effet, cette famille d’entreprises, qui représente l’essentiel du tissu entrepreneurial national a très souvent besoin d’un coup de pouce financier, notamment de prêts bancaires pour exporter, renflouer sa trésorerie, mais aussi pour investir dans l’optique de faire face à l’augmentation de la demande des clients. Consciente de cette réalité, la filiale de la CDG entend bien élargir son champ d’action. En effet, Finéa devrait lancer prochainement une gamme de produits ayant trait à l’avance de crédit TVA, l’activité exportatrice et le développement de l’entreprise. Dans le détail, l’avance crédit TVA permettra aux entreprises admissibles à un crédit d’impôt remboursable de bénéficier de liquidités les aidant à renflouer leur trésorerie en attendant le remboursement du crédit d’impôt. Pour leur part, les produits Finéa Export ont pour but d’accompagner et de soutenir les entreprises dans la réalisation de leurs projets et commandes. Enfin, Finéa Essor est destiné aux entreprises, qui présentent un réel potentiel de développement et des projets de croissance. Cela dit, l’entité publique investie d’une mission d’intérêt général s’évertue à mieux se faire connaître auprès des TMPE. Pour preuve, celle-ci a organisé son premier roadshow régional en 2015, ce qui lui a permis de rencontrer près de 400 entreprises.

Momar Diao