Ces dernières années, le Maroc a démontré une résilience remarquable, faisant face à divers chocs, dont le récent séisme d’Al Haouz du 8 septembre 2023, venant s'ajouter aux défis posés par la pandémie de la Covid‑19. L'efficacité avec laquelle le Maroc a réagi à ces événements a été notable. Cette capacité d'adaptation a été soutenue par un plan de développement ambitieux sous l’impulsion du Souverain visant à libérer le potentiel de croissance économique. Cette conjoncture a accentué l'importance cruciale d'une gestion des risques proactive pour assurer la résilience et la continuité des activités des entreprises marocaines.
Les entreprises au Maroc évoluent dans un environnement en mutation constante, caractérisé par des événements imprévus et des défis multiples. La gestion des risques n'est plus simplement une composante opérationnelle, mais une nécessité stratégique, soulignée par la capacité du tissu économique à faire face à des chocs variés.
Dans ce contexte, il devient impératif pour les entreprises marocaines de développer une approche proactive de la gestion des risques. Cela englobe la capacité à anticiper les risques potentiels, à mettre en place des mécanismes de surveillance efficaces, et à ajuster rapidement les stratégies en réponse aux changements du paysage des affaires.
L'audit interne joue un rôle central dans la garantie de la conformité aux normes et régulations en vigueur. Cependant, son importance va au-delà de la simple vérification des processus. En période de crise, il devient un outil essentiel pour évaluer l'efficacité opérationnelle et identifier les domaines nécessitant des ajustements. L'audit interne revêt une importance cruciale au sein du dispositif de gestion des risques des entreprises, notamment en assurant la cohérence, la pertinence et l'efficacité du contrôle interne, de la gestion des risques financiers et opérationnels, ainsi que des règles de gouvernance et de déontologie. Il joue également un rôle de gardien vigilant de la gouvernance, favorisant un principe de contrôle des risques efficace et indépendant. Au-delà de répondre aux demandes d'information des dirigeants, il est crucial de souligner que les responsables d'audit interne, de manière plus spécifique, sont investis d'un devoir d'information et d'alerte qu'ils sont tenus d'exercer de manière proactive envers les organes de gouvernance.
La gestion des risques : Est-ce le moment d'adopter une perspective 2.0 ?
Les entreprises marocaines sont appelées à adopter une vision 2.0 de la gestion des risques en tirant parti des technologies émergentes telles que l'intelligence artificielle et le Big data. Ces outils offrent la possibilité d'automatiser les analyses, d'optimiser le traitement des données, et d'anticiper les risques émergents.
Les conclusions de la 15e édition du panorama des SIGR (Système d'information de gestion des risques), élaboré par l'AMRAE (Association pour le management des risques et des assurances de l'entreprise) en collaboration avec EY Consulting (Ernst & Young Consulting) en 2023, révèlent une tendance croissante vers l'adoption de ces systèmes par de plus en plus d'entreprises. L'intelligence artificielle émerge également comme un catalyseur majeur de transformation des métiers du risque. Son utilisation permet une automatisation accrue, une analyse plus rapide des données, et une détection proactive des risques émergents, renforçant ainsi la capacité des entreprises à naviguer dans un environnement complexe.
Gérer les risques de cybersécurité dans un monde technologiquement transformé
La transformation technologique a révolutionné la gestion des entreprises, mais a également engendré de nouveaux défis en matière de cybersécurité. Les dirigeants d'entreprise sont confrontés à la nécessité de comprendre ces risques émergents et de mettre en place des stratégies de gestion appropriées pour assurer la sécurité de leurs organisations, de leurs clients et de leurs produits. Les technologies disruptives telles que la mobilité, le cloud, l'Internet des objets et l'IA ont apporté d'énormes avantages, mais ont également introduit des risques cybernétiques sans précédent. Avec un coût moyen estimé à 4,45 millions de dollars pour une violation de données, selon la 18e édition du rapport de recherche menée par l'Institut Ponemon et analysée par IBM Security, la nécessité d'une gestion efficace des risques cyber devient impérative. Les dirigeants doivent analyser les différents types de risques, y compris ceux atténuables, transférables et acceptables, et s'adapter aux mandats réglementaires croissants. En outre, une approche proactive, axée sur la compréhension de l'inertie organisationnelle, la modification des mentalités et l'intégration de la cybersécurité dans tous les processus, est essentielle pour relever les défis actuels et futurs. Face à l'évolution constante des cybermenaces, une évaluation précise des risques, une gestion appropriée et une stratégie alignée sur le profil de risque de l'entreprise sont essentielles pour renforcer les défenses contre les cyberattaques.
En conclusion, la gestion des risques et l'audit interne émergent comme des piliers stratégiques essentiels dans le contexte actuel. En adoptant une approche intégrée, les entreprises marocaines peuvent fortifier leur résilience, garantir leur conformité aux normes et stimuler une croissance durable. L'utilisation judicieuse des technologies émergentes et l'anticipation proactive des enjeux futurs placent ces entreprises en position de prospérer et d’évoluer dans un environnement en constante évolution. En résumé, pour réussir dans ce monde en perpétuelle évolution, les entreprises marocaines doivent fusionner les méthodes conventionnelles de gestion des risques avec des approches innovantes. La question centrale demeure : Comment ces entreprises peuvent-elles coordonner l'audit interne, la gestion des risques et les nouvelles technologies afin d'assurer une résilience durable et prospérer face aux défis à venir ? C'est dans cette synergie que réside la clé du succès et de la pérennité dans le dynamique paysage des affaires actuel.
Par Marwane El Bouzdaini,
Manager audit interne groupe, Doctorant en sciences de gestion à la FSJES Mohammédia