L’ouverture du capital de l’entreprise et le recrutement de nouveaux associés ne sont pas sans conséquence sur la gestion de celle-ci. D’où l’importance de bien analyser l’opportunité de tels actes.
Ouvrir le capital de son entreprise ou l’enrichir par la venue d’un ou de plusieurs associés peut être salutaire pour la pérennité et la compétitivité de celle-ci. Cela dit, opérer ces choix n’est pas de tout repos, puisqu’ils auront indubitablement des conséquences sur la gestion de la société. Contacté par nos soins, le témoignage de Taher Alami, Directeur général de la société Abweb, présente en Egypte, aux Émirats Arabes Unis et au Maroc, est riche d’enseignements, notamment pour les entrepreneurs en herbe. «Je recommande aux jeunes entrepreneurs de créer leur première entreprise sans associé. Cela leur permettra d’avoir la main sur la société», assure-t-il. Et d’ajouter : «En cas de réussite, ils pourront toujours créer d’autres entreprises avec l’aide d’un ou de plusieurs associés». Rappelons tout de même que pour la bonne marche d’une société, il est crucial que les associés soient des entrepreneurs motivés, avec une grande capacité de résilience. La complémentarité, les affinités professionnelles et la répartition des tâches entre associés sont autant de clefs de succès. L’autre paramètre qu’il convient de souligner, est qu’il est beaucoup plus difficile pour un chef d’entreprise sans associés de lever des fonds, car généralement les investisseurs sont plus enclins à répartir leur mise sur une entité dont l’actionnariat est varié. Par ailleurs, l’ouverture du capital dépend du niveau de maturité et du type d’entreprise, ainsi que de ses besoins en financement et de la catégorie d’investisseurs visés (grands fonds d’investissement, businessangels, etc.). «Les entrepreneurs ne doivent pas céder à l’effet de mode consistant à ouvrir le capital de leur entreprise, surtout si cette dernière n’affiche pas un grand besoin en financement», prévient Taher Alami.
En effet, cette mise en garde tire sa légitimité du fait qu’il existe une nette corrélation entre les sommes captées par l’entreprise par le biais des investisseurs et les restrictions émises sur l’utilisation de celles-ci. En d’autres termes, l’ouverture du capital a pour conséquence la limitation de la marge de manœuvre du fondateur de l’entreprise. «Un tel acte, s’il n’est pas bien étudié, peut aller jusqu’à tuer la vision du créateur de la société», assure notre interlocuteur. Du reste, l'arrivée de nouveaux investisseurs ou d’un ou de plusieurs associés peut être bénéfique pour le dynamisme de l’entreprise, qui généralement voit ses objectifs rehaussés. Au regard de ce qui précède, force est d’admettre que les actes susmentionnés sont loin d’être anodins pour la pérennité de l’entreprise. D’où l’importance de mener des réflexions approfondies avant de s’y engager.
M. Diao
Paroles de pro :
Taher Alami, Directeur général de la société Abweb
«Il est clair que le degré d’exigence par rapport aux objectifs à atteindre lorsque le capital d’une société composée d’actionnaires est ouvert aux investisseurs, n’est pas le même que celui d’une entreprise dirigée par son propriétaire. Toutefois, il ne faut pas aussi considérer le fait d’être un électron libre comme une mauvaise chose. Car, un dirigeant qui gère seul son entreprise, est à la fois libre de prendre des décisions et responsable des résultats de l’activité. Ce qui n’est pas le cas pour les patrons d’entreprises liés à un Conseil d’administration. Ceux-ci sont responsables des résultats de l’entreprise sans pour autant avoir un réel pouvoir sur les principales orientations. Ce schéma est presque similaire au salariat. Cela dit, notre entité n’a jamais eu besoin du soutien d’investisseurs extérieurs, car les sociétés bénéficiaires financent les autres boîtes pas suffisamment rentables jusqu’à ce qu’elles le deviennent. Généralement, les entreprises sollicitent les investisseurs afin de financer des besoins d’ordre technique. Or, nous avons la chance de bénéficier d’un réel savoir-faire en matière technique».
>> Infos pratiques : La démocratisation de l’affacturage s’impose !
Face aux multiples conditions et critères qui entourent l’octroi des crédits bancaires pourtant nécessaires pour soulager la trésorerie des entreprises, les dirigeants de PME devraient accorder davantage d’importance aux alternatives de financement du poste client. De ce point de vue, l’affacturage (factoring) constitue incontestablement à court terme une source de financement idoine pour les PME marocaines. D’autant plus que celles-ci rencontrent beaucoup de difficultés au niveau du recouvrement de leurs créances. Pour rappel, l’affacturage consiste à céder les créances à une entité spécialisée dans le recouvrement. Sur la base des factures et de leur qualité, le factor finance l’entreprise moyennant l’application d’un taux similaire à celui des banques. Par ailleurs, il y a lieu de souligner que les PME demeurent les parents pauvres de l’affacturage au Maroc, et ce en raison de certaines lacunes afférentes à leurs transactions commerciales (factures floues, bons de commande imprécis, etc.). Cela dit, la démocratisation de l’affacturage auprès des PME nationales leur permettrait d’accroître leur capacité de résilience face aux délais de paiement relativement longs, source de contraintes pour la trésorerie. Dans certains secteurs, à l’instar du négoce, les délais de règlement peuvent s’allonger jusqu’à 120 jours. En somme, force est de constater que les clients des principaux organismes d’affacturage au Maroc restent les multinationales et les grandes firmes.