Repli de la croissance, augmentation des défaillances des entreprises, baisse des demandes intérieure et extérieure sont autant de facteurs qui militent en faveur du pessimisme quant à la bonne tenue de l’activité des PME en 2016.
Toutes les prévisions économiques émanant de plusieurs entités publiques et privées (gouvernement, Haut-commissariat au Plan, Bank Al-Maghrib, etc.) sont unanimes quant à la contraction de la croissance pour l’année 2016. L’entité dirigée par Ahmed Lahlimi Alami prévoit une croissance économique de 2,6% du PIB en 2016, contre 4,3% en 2015. Cette situation amène à se poser la question de savoir si l’année prochaine sera florissante pour les PME marocaines. Pour l’heure, du côté de Euler Hermes, on table sur une hausse des défaillances des entreprises marocaines de l’ordre de 10% en 2016. Outre la faiblesse de la croissance, il faudrait relier cette contre-performance à une kyrielle de facteurs (saturation de certaines branches d’activité, faiblesse de la demande par rapport à l’offre, etc.). A ce stade, il est opportun de préciser que, d’après le HCP, la consommation des ménages devrait s’accroître de 2,9% en volume en 2016 (contre 3,2% en 2015). Les demandes intérieure et extérieure devront aussi connaître un recul l’année prochaine. De plus, même si l’activité économique devrait progresser d’un cran dans l’UE, la France, partenaire économique privilégié du Maroc, a revu récemment ses prévisions de croissance à la baisse (1,4% du PIB en 2016). Partant, il est clair que cette conjonction de paramètres ne pousse guère à l’optimisme quant à la bonne tenue des TPME nationales au cours des mois à venir. Cela dit, même si l’augmentation de la défaillance des entreprises devrait fortement impacter certaines branches d’activités (BTP, technologies de l’information), certains opérateurs se disent tout de même confiants. «Malgré les prévisions, qui tablent sur un ralentissement de la croissance pour l’année prochaine, il existe des signes avant-coureurs laissant penser qu’il y aura beaucoup de business pour notre activité», confie Hicham Mbareche, directeur-associé de KBM consulting, entreprise évoluant dans le secteur des technologies de l’information (IT). Cette assertion tranche radicalement avec les pronostics économiques alarmants pour l’année 2016, qui risque d’être pénalisée par une pluviométrie moins clémente. Par ailleurs, la volatilité de la croissance au Maroc, qui est pour le moins pénalisante pour le tissu des entreprises, constitue une problématique structurelle à laquelle il y a lieu d’apporter des solutions pérennes et efficaces. D’ailleurs, les chiffres et le constat du HCP sont édifiants. En effet, le taux d’accroissement de la demande intérieure, force motrice de la croissance, est passé de 6% par an, entre 2000 et 2009, à 3,3% durant les 5 dernières années. Pour sa part, la croissance affiche la même tendance baissière depuis 7 ans (2008).
Paroles de pro
Hicham Mbareche,
directeur-associé de KBM Consulting
«Il est vrai que les prévisions tablent sur une contraction de la croissance pour l’année 2016 par rapport à l’année dernière. Toutefois, dans notre domaine d’activité, les technologies de l’information (IT), certains signes avant-coureurs révèlent l’existence indéniable de nombreuses opportunités et ouvertures pour l’année prochaine. Je rappelle que nous sommes spécialisés dans la réalisation des solutions décisionnelles et dans le développement d'applications spécifiques et je précise que nous travaillons plus avec le secteur privé qu’avec les entités publiques. Je suis convaincu que l’activité dans le secteur privé gardera son dynamisme au cours des mois à venir. D’autre part, il faut souligner l’impact direct des problèmes de recouvrement des créances, avec l’augmentation des défaillances des entreprises marocaines. Les longs délais de recouvrement pénalisent cruellement la trésorerie des PME. Aussi, ces dernières se trouvent-elles bien souvent dans l’obligation de se retourner vers le système bancaire pour bénéficier de facilités qui leur permettent de soulager leur trésorerie. A ce titre, il incombe aux entreprises de présenter des dossiers solides à leur banque. Je dois reconnaître que nous avons la chance de bénéficier de rapports privilégiés avec notre banque actuelle car elle comprend bien notre activité».
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Des indicateurs alarmants !
Le budget exploratoire du Haut-commissariat au Plan (HCP) pour l’année 2016 montre une série d’indicateurs-clefs qui n’est pas de nature à susciter l’optimisme quant à la dynamique de l’activité économique. Ainsi, l’épargne intérieure devrait enregistrer une légère baisse en 2016 pour se situer à 20,6% du PIB, au lieu de 20,8% en 2015. Pour leur part, les revenus nets en provenance du reste du monde devraient se chiffrer à 5,3% du PIB l’année prochaine, contre 5,5% en 2015.
A en croire les experts du HCP, l’année 2016 risque de marquer le niveau le plus bas de ces revenus extérieurs depuis l’année 2007, et ce eu égard à la contraction prévisible des recettes de voyage. Résultat des courses, l’épargne nationale accusera en 2016 une nette baisse. Ainsi, celle-ci représentera 25,9% du PIB, contre 26,3% en 2015. Même son de cloche concernant le taux d’investissement brut qui poursuit son trend baissier. Cette situation pourrait affecter l’activité des entreprises.
Au registre des bonnes nouvelles, il y a lieu de noter qu’en 2016, les exportations de biens et services pourraient enregistrer une hausse de 5%, d’après les prévisions de l’entité spécialisée dans les prévisions économiques. L’autre situation particulièrement pénalisante pour la croissance économique en 2016, est la contraction de la demande intérieure. Cette dernière devrait s’accroître de 2,3% en volume, au lieu de 2,8% en 2015. De plus, la demande extérieure nette aura une contribution négative sur la croissance économique nationale.
Momar Diao