Compétitivité et pérennité des TPME : Quelle valeur ajoutée pour l’expert-comptable ?

Compétitivité et pérennité des TPME : Quelle valeur ajoutée pour l’expert-comptable ?

comptabilite

Les très petites et moyennes entreprises font de plus en plus appel aux services de l’expert-comptable. Ce professionnel des chiffres, qui a des connaissances pointues en matière juridique et fiscale, est à même d’apporter une grande valeur ajoutée à l’entreprise lors du montage des dossiers de crédit bancaire.

Dans un environnement économique de plus en plus morose compte tenu des prévisions économiques actuelles, il est clair que la question qui taraude bon nombre de patrons est comment assurer la pérennité de leur entreprise. Ce contexte remet indubitablement en selle l’intérêt pour les très petites et moyennes entreprises (TPME) de se faire accompagner par un expert-comptable, un professionnel chevronné dans le domaine des montages financiers, économiques et fiscaux. Pour l’heure, il est difficile, voire hasardeux, d’affirmer avec exactitude le nombre d’entreprises marocaines ayant recours au service des cabinets d’expertise-comptable. Du reste, à en croire Jamal Saad El Idrissi, directeur-associé chez KPMG Maroc, cabinet spécialisé dans les métiers de l’audit, l’évolution est plutôt positive. «Lors de la période antérieure aux années 90, c’est-à-dire avant la sortie des textes juridiques relatifs à la TVA, les PME sollicitaient rarement les services des experts-comptables. Aujourd’hui, c’est plutôt le contraire», assure-t-il. Il faut savoir que la création de l’Ordre des experts-comptables au cours des années 90 a accru le capital confiance de la profession auprès de plusieurs entités (DGI, organisations patronales etc.). A partir de cette période, on assiste à une collaboration plus étroite entre les entreprises et les experts des chiffres. Cela dit, à la question de savoir si les services des experts-comptables sont à la portée des TPME souvent limitées financièrement, notre interlocuteur répond par l’affirmative. Et d’ajouter : «C’est une question de choix, en bons pères de famille, les patrons d’entreprise doivent être en mesure d’apprécier le rapport coût/avantage en faisant appel à un expert-comptable». Cela dit, au niveau des tarifs, les hommes des chiffres tiendraient souvent compte du stade de développement et de la capacité financière de l’entreprise. Notons que la valeur ajoutée du conseil de l’expert-comptable s’avère être capitale lors du montage d’un dossier de crédit bancaire (facilités de caisse, investissement, export, etc.), nécessitant l’élaboration d’un businessplan pointu, qui détermine généralement l’obtention du financement sollicité. Au demeurant, Jamal Saad El Idrissi déplore le fait que certaines PME continuent de ne pas mettre suffisamment à profit cette valeur ajoutée, pourtant cruciale pour leur développement et leur pérennité. Faudrait-il rappeler qu’avec l’exacerbation de l’allongement des délais de paiement, tout l’enjeu pour les petites structures est d’obtenir promptement le financement nécessaire pour assurer le quotidien et l’investissement. Au final, l’expert-comptable est un allié de taille pour toute entreprise ambitionnant d’exceller en matière de structuration de projet.

Paroles de pro

Jamal Saad El Idrissi,
directeur-associé chez KPMG Maroc, cabinet spécialisé dans l’audit

«Aujourd’hui, les plus grands problèmes des TMPE concernent le financement et la trésorerie. Parfois, la survie de l’entreprise dépend de l’obtention rapide de cash-flows. Or, pour avoir un accès rapide au financement, il faut être bien conseillé. Partant, je dirai même que le recours à l’expert-comptable devient incontournable, car celui-ci est à même de fiabiliser les chiffres prévisionnels de l’entreprise destinés au banquier (créances, bons de commande, etc.). L’expert-comptable devient en quelque sorte un facilitateur de l’obtention du crédit bancaire sollicité par l’entreprise. Avec son conseil, l’entreprise présente à la banque les tableaux mettant en évidence le calendrier des délais d’encaissement. Cette expertise constitue un point de confort pour le banquier qui a plus de visibilité par rapport à la solvabilité de l’entreprise en question. L’apport du professionnel des chiffres est encore autrement plus important quand le financement bancaire demandé par l’entreprise est conséquent (crédits d’investissement, emprunts à moyen terme, etc.). Pour cause, la banque est plus regardante quant au businessplan présenté et à l’objet social de l’entreprise.

Infos pratiques

Organisation de la profession d’expert-comptable

Au Maroc, c’est la loi n° 15-89 du 8 janvier 1993, qui tout en instituant l’Ordre des experts-comptables réglemente la profession. D’emblée, rappelons que pour exercer la fonction ou porter le titre d’expert-comptable, il est obligatoire de s’inscrire à l’Ordre des experts-comptables. Cette entité a, entre autres, pour tâche de veiller aux principes et aux traditions de moralité, de dignité et de probité de la profession. Cela dit, c’est l’article 1 de la loi n° 15-89 qui donne une vision exhaustive de l’étendue de l’activité d’expertise-comptable. Ledit article stipule en substance: «Est expert-comptable celui qui fait profession habituelle de réviser, d'apprécier et d'organiser les comptabilités des entreprises et organismes auxquels il n'est pas lié par un contrat de travail. Il est seul habilité à : -attester la régularité et la sincérité des bilans, des comptes de résultats et des états comptables et financiers; - délivrer toute autre attestation donnant une opinion sur un ou plusieurs comptes des entreprises ou des organismes; - exercer la mission de commissaire aux comptes....». Dans le même ordre d’idées, ce professionnel des systèmes comptables peut exercer les fonctions de commissaire aux apports. Enfin, l’expert-comptable est habilité à donner des conseils ou entreprendre des travaux d'ordre juridique, fiscal, économique, financier et organisationnel relatifs aux entreprises et à d’autres structures.

Momar Diao

L’Actu en continu

Hors-séries & Spéciaux