Alliances Développement Immobilier : Un géant aux pieds d'argile

Alliances Développement Immobilier : Un géant aux pieds d'argile

alliances casablanca

Alliances concentre ses efforts sur un nouveau plan stratégique de développement adapté à la conjonc­ture. Ce plan passe, entre autres, par une diversification régionale dans l’habitat social et intermédiaire … Comment Alliances en est-elle arrivée là ?

Alliances Développement Immobilier (ADI) a été fondée en 1994 à l’initiative de Mohamed Alami Nafakh Lazraq. Depuis sa création, la société s’est spécialisée dans l’étude, le montage et la conduite de réa­lisations immobilières et tou­ristiques de grande envergure pour le compte d’institution­nels marocains et d’investis­seurs internationaux dont elle a été le partenaire privilégié (groupe Accor, Four Seasons Hotels and Resorts, Club Med, TUI, Lucien Barrière…)

Alliances a diversifié ses acti­vités au fil des années pour se positionner en tant qu’opé­rateur immobilier et touris­tique intégré intervenant sur l’ensemble de la chaîne de création de valeur : le déve­loppement, la construction, la promotion, la commercialisa­tion et la gestion.

Les créations des différentes filiales de services et de pro­jets se sont d’ailleurs inscrites dans le cadre de la straté­gie globale d’intégration du groupe.

Au fur et à mesure de son développement, le position­nement du groupe a évolué d’un prestataire de services dans la réalisation à un pro­moteur immobilier sur quatre segments complémentaires, fournissant également une palette de services immobi­liers.

Les différentes sociétés de projets ont été créées en fonction du segment de mar­ché sur lequel chacune opère, et en fonction du modèle de partenariat conclu.

Les filiales de services ont été fondées pour répondre à une attente du marché (exemple Algest), et pour pourvoir des prestations aux filiales pro­jets (exemple Alvi en ce qui concerne le pôle résiden­tiel et golfique). Les filiales de construction ont permis, quant à elles, de se spéciali­ser dans les métiers du BTP, faisant d’Alliances un parte­naire des grands chantiers.

Une réorganisation accélérée

En 2012, le groupe a procé­dé à l’émission d’obligations remboursables en actions pour un montant de 1 Mrd de DH dans le cadre du finance­ment du plan de développe­ment du groupe.

En 2013, Alliances a enta­mé son développement en Afrique subsaharienne, met­tant pied en Côte d’Ivoire et au Sénégal.

En 2014, le groupe a actualisé sa structure organisationnelle. ADI joue désormais le rôle d’une holding disposant de fonctions stratégiques, avec des filiales intégrées au sein de pôles qui disposent d’une autonomie de gestion et des équipes techniques, commer­ciales et financières propres.

D’autres changements ont été apportés au niveau des pôles existants, notamment le regroupement des pôles rési­dentiel et golfique en un seul et unique pôle de promotion immobilière de haut standing, réunis depuis 2014 sous la marque «Alliances Créations».

En 2014, le groupe a procédé à une augmentation de capital au profit de la Société finan­cière internationale (SFI), d’un montant de 207,7 MDH.

En février 2015, Alliances développement immobilier a réalisé une émission obliga­taire d’un montant de 1 Mrd de DH ayant pour objectif de se substituer à l’emprunt obli­gataire émis par la société le 5 mars 2010 et arrivant à échéance le 5 mars 2015.

Une année tourmentée

2015, c’est l’année des pro­blèmes par excellence pour le groupe immobilier. Depuis le deuxième trimestre, Alliances cherche une porte de sortie. Une succession de saisies a été déclenchée le 27 mars lorsque Mohamed Bensalah a lancé une saisie sur les comptes d’Alliances au nom du Comptoir métallurgique marocain, filiale du groupe Holmarcom, pour un montant de 10,7 MDH. Quelques jours plus tard, le 6 avril, CIH Bank lui emboîte le pas et procède à deux saisies conservatoires sur le fonds de commerce d’Alliances pour un montant total de 43 MDH.

Compte tenu de la situation et des difficultés financières des sociétés filiales d’EMT, elle-même filiale d’Alliances, une procédure de règlement amiable a été ouverte le 13 avril 2015 à la demande des dirigeants d’EMT, confor­mément aux articles 550 du Code de commerce. Dans le cadre de cette procédure, Abderrahim Lahjouji a été désigné comme conciliateur avec pour mission de favori­ser le fonctionnement de l'en­treprise et de rechercher la conclusion d'un accord avec les créanciers.

Par la suite, une ordonnance a été rendue par le président du Tribunal de Commerce de Casablanca le 8 mai 2015. Cette ordonnance suspend et interdit toute action en jus­tice de la part de tous les créanciers dont la créance remonte antérieurement à ladite décision et tendant à la condamnation d'EMT Levage, EMT Routes, EMT Bâtiment et EMT, au paiement d'une somme d'argent ou à la réso­lution d'un contrat pour défaut de paiement d'une somme d'argent.

Le groupe, lourdement endet­té et frappé de plein fouet par la crise du secteur, concentre ainsi ses efforts sur l’élabo­ration d’un plan stratégique adapté aux mutations de la conjoncture visant à renfor­cer ses fondamentaux et à assainir sa situation financière (voir article p.13) . Ce plan a pour but de désendetter le groupe à horizon 2016 et à accroître sa liquidité, en vue de permettre à Alliances développement immobilier de poursuivre le développe­ment de ses projets dans des conditions satisfaisantes. Et c’est surtout en Afrique qu’Al­liances espère une sortie de crise. Le groupe a annoncé récemment la prospection de plusieurs marchés potentiels au Sénégal, au Cameroun, au Congo Brazzaville et en Côte d’Ivoire..

Saad Zeroual

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