Le degré de collaboration entre les grandes entreprises (GE) et les petites et moyennes entreprises (PME) demeure encore faible au Maroc, et ce en raison de la méfiance et de l’existence d’un décalage d’enjeux et de culture entre ces deux familles d’entreprises. Du reste, le patronat marocain, par le truchement de sa Commission partenariat GE-PME, compte rapprocher davantage ces deux catégories d’entreprises, qui ont intérêt à renforcer leur alliance.
Le Maroc s’est, depuis quelques années, résolument engagé dans la voie de l’industrialisation, comme en témoignent les différents plans mis en place (Plan Emergence, Plan d’accélération Industrielle). A cela, il faudrait ajouter qu’une batterie de mesures d’accompagnement a été mise en place, dans l’optique d’accroître la compétitivité des entreprises. Ce nouvel élan, combiné aux nouveaux enjeux induits par l’exacerbation de la concurrence sur les marchés internationaux, remet en selle le débat sur l’alliance des grandes entreprises (GE) et des petites et moyennes entreprises (PME) au Maroc. Si aujourd’hui, il subsiste un consensus national sur la nécessité de développer des écosystèmes par secteur, force est de reconnaître que l’alliance des GE et des PME reste encore à développer au Maroc. En réalité, la collaboration entre ces deux catégories d’entreprises peine à atteindre sa vitesse de croisière. Contacté par nos soins, Mohcine Bakkali, président de la Commission relations GE-PME de la CGEM, affirme, en substance : «L’état des lieux de la relation entre la grande entreprise, la PME et la TPE, a certes confirmé que celle-ci était essentiellement caractérisée par une méconnaissance mutuelle très significative entre les deux familles d’entreprises». Et d’ajouter : «C’est cette faible proximité entre la GE et la PME-TPE, combinée au décalage d’enjeux et de culture entre ces deux catégories d’entreprises, qui induit le ressenti de méfiance mutuelle». Outre cet état des lieux, il est important de noter que dans les pays fortement industrialisés, pour ne citer que l’Allemagne, les PME créent une partie non négligeable de la valeur ajoutée des grandes entreprises. Toutefois, en mettant en place la Commission partenariat GE-PME-TPE au cours du précédent mandat, le patronat marocain compte oeuvrer efficacement pour le rapprochement mutuellement bénéfique entre ces familles d’entreprises. Cela dit, Mohcine Bakkali assure que toute grande entreprise génère sa valeur ajoutée à travers un réseau consubstantiel d’entreprises contributrices à sa chaîne de valeur, dont une forte proportion de PME/TPE. De plus, il estime qu’un recadrage intelligent et réellement win-win de la relation entre la GE et son réseau de PME/TPE engendrerait des gains mutuels sur lesquels la commission qu’il préside a déjà communiqué par le passé. Pour la PME/TPE, il s’agit, entre autres, de l’accès à la visibilité nécessaire pour des investissements de modernisation de ses équipements grâce aux contrats pluriannuels, de l’alignement des pratiques de la PME sur les standards de la GE, qui jouerait le rôle de locomotive vers l’amélioration et l’accélération de la croissance. Pour sa part, la GE bénéficierait, entre autres, de la sécurisation de l’approvisionnement et de la diversification de son sourcing, de la sérénité requise pour externaliser ses activités non stratégiques et se recentrer sur ses métiers de base, et de l’augmentation de ses capacités à exporter ses activités dans le cadre d’intervention en réseau d’entreprises.
Paroles de pro
Mohcine Bakkali,
président de la Commission partenariat GE-PME de la CGEM
Il y a lieu de rappeler les deux principaux axes de la mission de la Commission partenariat GE-PME. Il s’agit d’instaurer, de manière structurelle et durable, le mode de fonctionnement en «réseaux collaboratifs d’affaires» entre grandes entreprises, d’une part, et PME-TPE, d’autre part. L’autre axe a trait à la contribution à l’industrialisation de l’établissement de contrats formels de partenariat GE-PME/TPE pour la pérennisation de ces réseaux d’affaires. Sans être une transposition étroite du concept de «business ecosystems» au sens de James F. Moore, tel que décliné par ce dernier dès 1994, notre mission s’en inspire cependant de manière forte. En ce qui concerne le plan d’action de la Commission partenariat GE-PME auquel vous faites implicitement référence, je confirme que le projet de plan d’action 2015-2018 s’inscrit dans la continuité de celui du mandat précédent, ses actions s’inscrivant par essence dans le long terme. Les détails de ce dernier sont à valider lors du tout prochain Conseil à venir, et pourraient alors être partagés après la tenue de celui-ci.
Infos pratiques
Test PME au Maroc, une initiative inedited
La mise en place du «test PME» au Maroc conforte incontestablement la mobilisation et l’engagement des pouvoirs publics en faveur des TPME au Maroc. L’avènement de ce dispositif inédit au Maroc a été rendu possible grâce, entre autres, au concours de Maroc PME, avec le soutien de l’Union européenne. A ce niveau, il est opportun de préciser que le «test PME» facilitera la vérification et l’évaluation de l’incidence des nouvelles politiques et législations nationales sur les petites entreprises, et ce avant leur adoption. L’autre vertu à prêter à ce nouvel outil, est sa propension à alléger les lourdeurs administratives pénalisantes pour le tissu entrepreneurial marocain. A cela, il faudrait ajouter que ce nouveau dispositif servira à améliorer substantiellement les législations lors de la phase de préparation, tout en simplifiant l’arsenal normatif en vigueur. Afin de donner corps à cet outil structurant pour les TPME nationales, une importante rencontre s’est tenue récemment dans la capitale administrative. Au cours de celle-ci, une approche basée sur les meilleures pratiques européennes a été choisie afin de mettre en place un «test PME» adéquat au contexte marocain. Cette réforme est d’autant plus utile qu’elle permettra aux TPME de participer au processus législatif et administratif. A noter que la rencontre a été conjointement organisée par Maroc PME et le projet de l’UE, mis en place par GIZ. En effet, celui-ci concerne l’amélioration de l’environnement des affaires dans la région Sud de la Méditerranée (EBESM).
Momar Diao