Actionnariat salarié : Les patrons de PME peu séduits

Actionnariat salarié : Les patrons de PME peu séduits

 

- L’actionnariat salarié est une source de motivation supplémentaire pour les employés.

- Au Maroc, ce dispositif est encore peu plébiscité.

 

 

La sous-capitalisation caractérise bon nombre de PME marocaines. A l’évidence, cette situation offre des perspectives de développement très étriquées. Et pourtant, l’actionnariat salarié offre le double avantage de pallier un tant soit peu la problématique susmentionnée, tout en faisant converger les intérêts des salariés, des actionnaires et des dirigeants.

L’autre vertu prêtée au dispositif précité qui vise à faire entrer durablement les salariés dans le capital d’une entreprise est sa grande propension à doper la motivation des employés. A cela, s’ajoute une plus forte sensibilisation des collaborateurs aux objectifs financiers et aux résultats de l’entreprise.

Au-delà de ce rappel, la question à se poser est de savoir si les patrons de PME marocaines sont enclins à impliquer leurs salariés par l’entremise de l’actionnariat.

Interrogé par nos soins, Ahmed Elazraq, Directeur général de Gtel, qui a réussi à étendre ses activités en Afrique de l’Ouest, n’y va pas par quatre chemins. «Au Maroc, les chefs d’entreprises n’ont pas encore une culture de partage assez développée au point de recourir à l’actionnariat salarié», alerte-t-il.

Et d’ajouter : «dans notre pays, beaucoup de patrons de PME estiment, à tort, que l’entreprise qu’ils ont créée leur appartient exclusivement. Or, j’estime qu’une société est en quelque sorte un bien collectif pour les salariés, créateurs de richesse, et pour l’Etat qui y prélève divers impôts et taxes».

Au-delà de la culture dominante auprès des patrons de PME, il est frappant de constater qu’à l’échelle nationale, seules les entités bien structurées (banques, assurances, entreprises d’une certaine taille) plébiscitent l’actionnariat salarié, notamment lors de leur introduction en Bourse.

Pour différentes raisons (contraintes réglementaires, obligations de transparence, etc.) peu de PME ont les reins assez solides pour faire le pari de la cotation.

Notons que notre interlocuteur, qui exhorte les patrons à faire confiance à leurs employés, envisage à terme d’ouvrir le capital de son entreprise aux salariés. ■

 

 

Paroles de pro : Mohamed Benboubker, co-fondateur de Mobiblanc, et vice-président de la Commission Afrique et Sud/Sud de la CGEM

 

«Il y a plusieurs étapes à franchir avant l’ouverture du capital de l’entreprise aux salariés, car il faut d’abord produire de la richesse avant de la répartir. A mon sens, la question de l’engagement du patron d’entreprise et celui des salariés est cruciale. Il est important de préciser que dans notre activité, en l’occurrence les nouvelles technologies de l’information (TIC), nous avons trouvé des difficultés pour recruter des profils qualifiés et impliqués au sens large du terme. Dans ces conditions, il est difficile de se projeter dans un partenariat à long terme sous la forme de l’actionnariat salarié.

J’estime qu’au Maroc, les PME et les salariés n’ont pas encore la maturité nécessaire pour recourir à ce schéma de collaboration avancée. Il faudra encore du temps, d’autant plus qu’il existe peu de fonds d’investissement prêts à prendre des participations dans le capital des PME marocaines. Ceci dit, l’ouverture du capital des PME sera progressivement favorisée par la multiplicité du type de fonds précité. Ce qui promouvra l’actionnariat salarié. D’ailleurs, Mobiblanc étudie l’ouverture de son capital, dont une part sera réservée aux salariés». ■

 

 

 

 

PME

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