Vulnérabilité sociale : Le milieu rural paie le prix fort !

Vulnérabilité sociale : Le milieu rural paie le prix fort !

La crise a conduit à un choc sur la demande, qui est plus accentué chez les ménages ruraux que les citadins.

Le recul de la consommation encouragerait une tendance déflationniste, selon les économistes.

 

Par B. Chaou

 

D’après les résultats publiés par le HCP sur la base du 2ème panel de l’enquête réalisée pendant le confinement, le revenu mensuel moyen de la population marocaine a baissé de moitié.

La mise en confinement a été considérée comme une stratégie appropriée pour lutter contre la propagation de la pandémie, mais ce choix a un coût exorbitant. Il a mené à des conséquences néfastes sur les plans économique et social, se traduisant par la baisse du pouvoir d’achat et du niveau de vie des ménages.

Un choc plus constaté en milieu rural

Selon les résultats d’une étude publiée par «Ereca», un collectif de chercheurs de l’université Hassan II de Casablanca, intitulée  «Impact du Covid-19 sur la situation économique de la population marocaine», la mise en confinement a entraîné une baisse des dépenses mensuelles moyennes par tête de la population marocaine de 382,50 DH et de 242,10 DH, lorsqu’on considère respectivement les scénarios pessimistes et optimistes.

Ce choc sur la demande est plus accentué chez les ménages ruraux que les citadins. En effet, des baisses de 531,10 DH et 394 DH ont été enregistrées respectivement chez les ménages ruraux, contre 291,30 DH et 149,90 DH chez les citadins. Ceci s’explique par les différentes difficultés que subit le monde rural, dont notamment la baisse de la pluviométrie et le manque d’opportunités de travail.

Selon Fouzi Mourji, docteur en économétrie, «le déficit pluviométrique impacte significativement l’activité dans le monde rural, car il en reste fort dépendant, notamment pour l’activité agricole. En plus de la crise économique, cela vient porter une menace sur les revenus des ménages vivant dans le monde rural. Ils seront affaiblis davantage durant les mois à venir».

Malgré les aides fournies aux ménages qui ont contribué à l’atténuation du choc économique d’environ 7 points de pourcentage, le net recul du pouvoir d’achat a accentué la pauvreté de la population marocaine. Selon les données du rapport, cette atténuation a été d’environ 10,9% et de 5,61% respectivement dans le monde rural et en milieu urbain.

Ainsi, sur l’ensemble de la population, les aides distribuées ont permis d’atténuer le choc sur le pouvoir d’achat de 194,10 DH chez les citadins, contre 174,40 DH chez les ruraux, pour une moyenne nationale de 187 DH. Dans le scénario le plus optimiste, les résultats montrent que pendant le confinement, le taux de pauvreté national est passé de 3,3% à 29,4%. Ce taux s’élève à 52,9% chez les ménages ruraux, tandis qu’il est de 13,41% chez les citadins.

Hausse de la vulnérabilité

La baisse des revenus des ménages entraîne des conséquences graves sur le plan économique, mais aussi social. D’autant qu’un affaissement du pouvoir d’achat encourage la hausse de la vulnérabilité, surtout auprès de la tranche sociale à faibles revenus. D’ailleurs, les résultats de l’étude montrent que le taux de vulnérabilité au niveau national a atteint 42,57% pendant le confinement contre 13,34% avant.

Le monde rural, encore une fois, est le premier à subir cette vulnérabilité avec une augmentation, dans le meilleur des scénarios, de 38,93 en points de pourcentage, alors qu’elle est de près 17,66 en milieu urbain. En comparaison avec la situation après la réception des aides, le taux de vulnérabilité national a atteint 35,7%, soit une baisse de 6,87% par rapport à la période d’avant la réception des aides.

Cette réduction est d’environ 7,75% en milieu rural contre 6,24% en milieu urbain. Cela pourrait engendrer un état déflationniste, selon Faouzi Mourji. «Quand on évoque le recul de la demande, il faut réfléchir aussi en termes de volume. Car la disparition de certains salaires suite à la hausse du chômage, et au recul de la consommation due à la baisse des revenus, pourrait, en effet, conduire non pas à une déflation au sens propre, mais plutôt vers une tendance déflationniste», explique-t-il.

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