Voiture électrique: le Maroc accuse un sérieux retard pour installer un cadre favorable

Voiture électrique: le Maroc accuse un sérieux retard pour installer un cadre favorable

Les dispositions prises à ce niveau restent insuffisantes pour booster le marché.

La faiblesse du réseau des bornes de recharge et les prix sont les principales contraintes.

 

Par C. Jaidani

La voiture électrique a le vent en poupe, surtout dans les pays développés. Le volume des ventes a atteint 6,6 millions d’unités, soit le double de 2020. Tout laisse à penser que les immatriculations connaîtront dans les années à venir un essor fulgurant, et ce d’autant que de nombreux constructeurs ont décidé d’arrêter la production de véhicules à moteurs thermiques. Dans ce cadre, le parlement européen a voté une motion annonçant l'arrêt de production de tous les moteurs à combustion à l'horizon 2035.

Face à ces bouleversements, le Maroc est à la traine. Le marché est toujours dominé par les voitures diesel et leur part dépasse les 95%. Même si les distributeurs ont fait l'effort de lancer plusieurs modèles de véhicules électriques sur le marché, le volume des ventes est très insignifiant. En 2018, le nombre de ces voitures ne dépassait guère les 25 unités. Il est passé à 89 en 2019, 139 en 2020, puis à 688 en 2021, dont 421 hybrides rechargeables.

Il faut rappeler que dans le cadre de la COP22, organisée au Maroc, un consortium regroupant l’alliance RenaultNissan, Schneider-Electric et M2M Group a été mis en place pour favoriser la mobilité électrique au Maroc. D’autres initiatives ont été annoncées dans ce sens, mais différentes contraintes ont entravé le basculement des automobilistes marocains vers l’électrique.

«Le Maroc ne peut rester à la traîne avec ce qui se passe à l’international. Il a accusé beaucoup de retard pour encourager la voiture électrique. Il doit prendre des mesures draconiennes sur le plan règlementaire et lancer un dispositif dédié, notamment imposer aux compagnies pétrolières et aux communes d’installer des bornes de recharge. Dans quelques années, il n’y aura plus de voitures à motorisation thermique et il faut se préparer à cette transition», affirme Karim Kadiri, consultant en automobile.

Deux contraintes majeures se dressent pour encourager les véhicules électriques au Maroc. Il s’agit de la faiblesse du réseau de bornes de recharge et les prix. Pour le premier point, le nombre de bornes de recharge au Royaume est de moins de 100 unités. Elles sont implantées essentiellement dans quelques stations-service et ne sont disponibles que dans le réseau autoroutier et quelques sites prestigieux.

En France, par exemple, on recense près de 58.000 unités de ce genre bien réparties sur tout le territoire national. Face à cette situation, l’automobiliste marocain ne peut opter pour une voiture électrique pour ses déplacements interurbains, car les meilleurs véhicules de la catégorie disposent d’une autonomie maximum de 400 km. Le prix est lui aussi un facteur dissuasif. La plupart des offres disponibles sur le marché marocain émanent des marques de luxe comme BMW i4, commercialisée à partir de 815.000 DH, ou Audi e-tron, proposée à partir de 1.050.000 DH. Il y a quelques années, Renault avait lancé l’expérience de location de voitures électriques, notamment des Zoe et des Tweezy, mais cette initiative n’a pas donné les effets escomptés.

Dacia veut investir le segment en lançant une offre très compétitive. Avec Spring, la marque low-cost ambitionne de mettre sur le marché un véhicule abordable, pour une moyenne de prix autour de 200.000 DH.  «C’est une offre compétitive et intéressante pour le marché marocain. Il est essentiellement dédié aux déplacements de type urbain ou périurbain. Ce lancement sera le prélude pour encourager les automobilistes à adopter ce genre de voutures», explique Fabrice Crevola, directeur de la marque Dacia au Maroc et directeur de Renault Commerce Maroc. 

 

 

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