Depuis le début de l’année 2023, les dossiers de 3.516 familles ont été traités.
Par C. Jaidani
En dépit des efforts consentis, «Villes sans bidonvilles» (VSB) n’arrive toujours pas à atteindre ses objectifs. Lancé en 2005 en grande pompe, le programme est confronté à d’énormes difficultés, notamment la mobilisation du foncier, les budgets, sans oublier d’autres contraintes administratives ou le manque de coordination entre les acteurs. Rappelons que le programme bénéficie annuellement de pas moins de 2 milliards de DH.
Ce financement provient essentiellement de la taxe sur les matériaux de construction. Il faut relever aussi que VSB ne dépend pas uniquement du département de l’Habitat; d’autres organismes publics ou privés y sont impliqués, contribuant à leur tour dans le financement, dont l’Intérieur, les communes, les agences urbaines, la direction des domaines, le ministère des Habous... Concernant la phase recasement, de nombreux blocages sont apparus et sont dus au refus de la population cible du modèle proposé, qui consiste en des appartements de type logement social. Elle préfère des parcelles de terrain où elle pourrait édifier des maisons marocaines traditionnelles.
Parmi les autres problématiques constatées, figure particulièrement l’augmentation du nombre de la population vivant dans des bidonvilles. Celle-ci n’a pas cessé d’augmenter, soit à cause de l’extension des périmètres urbains pour atteindre des douars regroupant des bidonvilles périphériques, soit à cause de nouvelles personnes qui disent ne pas avoir été recensées. Interpellé dernièrement à ce sujet à la Chambre des représentants par Nabila Mounib, secrétaire général du Parti social unifié (PSU), Abdelouafi Laftit, ministre de l’Intérieur, a apporté de nombreuses explications.
Il a souligné à cet égard que «la méthode adoptée actuellement est plus efficace, VSB avance plus vite qu’auparavant. Nous avons trouvé des solutions plus pertinentes, réalistes et réalisables en prenant en considération les spécificités économiques et sociales de chaque région, en partenariat avec les autres départements concernés».
Pour sa part, Fatima Zahra Mansouri, ministre de l’Aménagement du territoire national, de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Politique de la ville, a donné l’état d’avancement de VSB. Elle a affirmé que depuis le début de l’année 2023, les dossiers de 3.516 familles ont été traités et 60 villes ont été déclarées villes sans bidonvilles. Dans une réponse à une question orale à la Chambre des représentants, Mansouri a indiqué que 56% des familles restantes sont concentrées à Casablanca, Salé, Skhirat, Témara, Marrakech, Guercif et Larache.
Elle a noté que le programme a atteint 74% de ses objectifs, ce qui a permis l’amélioration des conditions de vie de 322.420 familles, alors que 270.000 familles seulement étaient initialement visées sur la base des statistiques de 2004. Elle a assuré que son département œuvre pour impliquer de nouveaux acteurs, notamment les régions, renforcer le partenariat public-privé et améliorer celui existant avec l’Intérieur pour donner une nouvelle impulsion à VSB. Elle a aussi mis en exergue la méthode adoptée actuellement qui a permis de surmonter les obstacles plus rapidement.