◆ La fermeture des abattoirs à la périphérie de Casablanca a augmenté les activités informelles.
◆ Mouvement de protestation et menace de porter plainte.
Par : Charaf Jaidani
Une crise de la viande rouge pointe à l’horizon, à Casablanca, à cause de la faiblesse de l’offre. L’association des bouchers vendeurs et distributeurs de viandes dans la région a appelé à une grève générale pour obliger les autorités à trouver une solution à leur problème, suite à la décision de la fermeture de plusieurs abattoirs dans la région.
En effet, les abattoirs dans la périphérie de la ville, notamment à Tit Mellil, Médiouna, Oulad Jerrar et Bouskoura, jugées non conformes à la réglementation sanitaire et d’hygiène, ont été sommés par l’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA) de se conformer aux normes en vigueur. Les communes en question ont dès lors pris la décision d’arrêter les activités sur ces sites, dans l’attente de procéder à leur rénovation et leur équipement en chaînes de froid modernes.
Cette décision a eu pour conséquence de réduire sensiblement l’offre de viandes rouges, ce qui a engendré une flambée des prix dans la métropole. Le kilo de viande de boeuf se négocie actuellement en moyenne à 90 DH, voire plus de 100 DH dans les grandes surfaces.
«Nous allons porter l’affaire devant la justice contre les présidents des communes concernées. La fermeture a porté préjudice à des milliers de professionnels, sans compter les personnes qui travaillent d’une façon indirecte et qui se retrouvent actuellement au chômage. La vétusté des abattoirs était connue depuis plusieurs années. Ils avaient assez de temps pour procéder à leur modernisation», souligne Mohamed Dahbi, secrétaire général de l’Union générale des entreprises et professions (UGEP) et coordinateur du bureau syndical des chevillards.
«Nous avons observé un sit-in devant le Parlement et nous allons poursuivre notre protestation. Cette situation ne peut perdurer car elle impacte non seulement notre activité mais également les consommateurs et ne profite qu’à l’abattage clandestin qui connaît un fort développement», déplore le responsable.
En effet, selon plusieurs sources contactées à ce sujet, les activités de vente et d’abattage de viandes rouges informelles ont connu ces derniers temps une réelle montée en puissance.
«La capacité de production des abattoirs de Casablanca ne dépasse guère 60.000 tonnes par an alors que la consommation de la ville atteint les 130.000 tonnes. Plus de 60% des besoins de la ville sont fournis par le circuit informel», affirme Dahbi.
Cette situation devrait toucher d’autres villes, dans un proche avenir, puisque l’ONSSA devrait procéder à la fermeture d’autres abattoirs. Le nombre de sites qui ne sont pas conformes dépasse 80% des abattoirs.
Hausse de la consommation
Outre la problématique causée par la fermeture des abattoirs dans la périphérie de Casablanca, la flambée des prix des viandes rouges s’explique par d’autres facteurs.
Pour la Fédération interprofessionnelle de la viande rouge présidée par Mohamed Karimine, «la hausse de la consommation de ces dernières années a eu un effet immédiat sur la demande. En effet, la consommation annuelle par habitant a quasiment doublé passant de 9 kg par an en 2009 à 17 kg en 2018».
Notre interlocuteur explique aussi que la filière est fortement impactée par la hausse des prix des intrants. Les exploitants n’ont d’autres choix que d’augmenter les prix à la vente pour assurer leur marge qui a été fortement réduite ces dernières années.