Le développement tentaculaire des villes marocaines et l’urbanisation galopante des populations s’accompagnent de problèmes qui semblent aujourd’hui insurmontables. Des solutions existent pourtant, selon plusieurs experts.
La Fondation Attijariwafa bank a coorganisé récemment avec l’Ecole Mohammadia d’ingénieurs de Rabat, la 18ème conférence de son cycle «Echanger pour mieux comprendre». Le thème retenu pour cette édition est «Les défis de la ville de demain : qualité de vie, urbanisation, sécurité et mixité sociale». S’exprimant devant un parterre de personnalités dont Lahcen Daoudi, ministre de l’Enseignement supérieur, et plus de 400 étudiants de l’EMI, les différents experts ont d’emblée dressé un état des lieux peu reluisant de la ville marocaine : manque de mixité sociale, déficit de mobilité et de sécurité, pollution, cités dortoirs, sont quelques-uns des maux qui caractérisent nos villes. Pour Abdelouahed Mountassir, président du Conseil national de l’Ordre des architectes, cette situation est due à deux obstacles majeurs : d’une part, les plans d’aménagement qui entravent la création et l’inventivité des urbanistes, et d’autre part, la prédominance de la «vision lotissement» qui juxtapose des logements, sans vision globale. «Au Maroc, nous ne savons plus écrire la ville. Aujourd’hui, nous avons des villes sans partage, sans vision où l’égoïsme, la peur et l’angoisse s’installent», déplore l’architecte. Le plus désolant est que le Maroc détenait un savoir-faire ancestral en matière d’urbanisme, en témoignent les médinas qui, selon A. Mountassir, sont «des leçons d’organisation et d’aménagement».
Pour concevoir la ville de demain, il faut faire avec l’existant et tenter de le corriger. «La ville de demain est déjà là, nous n’allons pas la détruire. Chaque génération doit écrire son chapitre», souligne Mountassir. Il faut pour cela définir un positionnement clair de la ville, et adopter une démarche systémique, en traitant de manière concomitante tous les aspects de la ville (politique urbaine, énergie, mobilité), afin de veiller à la cohérence de la vision urbaine. Enfin, il est crucial de créer plusieurs centralités urbaines pour favoriser l’émergence de quartiers autonomes où il fait bon vivre et travailler.
Des principes que les villes nouvelles comme l’écocité de Zenata et la ville verte Mohammed VI de Benguerir ont fait siennes, pour ne pas répéter les erreurs de Tamesna et Tamansourt. «L’écocité de Zenata a traité tous les défauts de l’urbanisme marocain, que ce soit en matière de mobilité, d’espaces verts et de stress hydrique. Il faut aussi asseoir l’emploi avant d’amener les populations, car l’habitat est un induit de l’activité, et non le contraire», souligne Amine El Hajhouj, Directeur général de la Société d’aménagement de Zenata.
Amine El kadiri