Transport routier de marchandises : ras-le-bol des opérateurs du secteur

Transport routier de marchandises : ras-le-bol des opérateurs du secteur

De nombreuses associations menacent de faire grève pour faire valoir leurs revendications. L’activité est pénalisée par la présence de l’informel, le vieillissement de la flotte et la hausse des coûts d’exploitation.

 

Par C. Jaidani

Les professionnels du transport routier de marchandises expriment leur mécontentement face aux conditions d’exercice de leurs activités. Par le biais de leurs associations, ils ont menacé d’entamer plusieurs grèves, avant de suspendre leurs actions au dernier moment, laissant place à des discussions avec les autorités compétentes, notamment les ministères du Transport, de l’Intérieur et d’autres administrations.

Dès sa nomination au poste de ministre du Transport et de la Logistique, en remplacement de Mohamed Abdeljalil, Abdessamad Kayouh a entamé une série de discussions avec les syndicats et les représentants des associations du secteur. Chaque association ayant ses propres problématiques et un champ d’activité différent, les revendications varient. L’Association marocaine de transport international routier (AMTIR) a annoncé un appel à la grève pour le 2 novembre 2024, estimant que «son activité est perturbée à cause de procédures lentes et capricieuses dans les ports marocains, notamment à Tanger Med».

Son président, Amer Zguino, précise que «les contrôles de la douane prennent plus de temps qu’il n’en faut. Nous ne sommes pas contre ces opérations, bien au contraire, nous soutenons leur renforcement. Mais il faut les mener intelligemment, avec des méthodes plus innovantes et efficaces, comme cela se fait dans d’autres pays. Les files d’attente pour les camions deviennent interminables. Tous les opérateurs du secteur ont des engagements à honorer, notamment en termes de délais de livraison. En cas de nonrespect, ils risquent des pénalités, voire des pertes de contrats et de clients. Certains transportent des produits agricoles ou de pêche périssables, et tout retard leur coûte très cher. Par ailleurs, nous rencontrons des problèmes avec les autorités espagnoles, qui imposent des restrictions non tarifaires en dehors des accords bilatéraux entre le Maroc et l’Espagne, ainsi qu’avec l’Union européenne. Ils imposent aussi aux camionneurs de ne pas dépasser 200 litres de carburant dans leur réservoir».

Pour désamorcer la crise, Kayouh a engagé une véritable course contre la montre, sachant que le transport international routier de marchandises joue un rôle clé dans les échanges extérieurs du Royaume, notamment avec ses partenaires historiques européens. Tanger Med, classé parmi les ports les plus compétitifs au monde, risque de perdre des points au classement mondial en raison des retards imposés aux transporteurs. D’autres syndicats et associations du transport routier ont déjà lancé des grèves ou menacent de le faire. Des actions ont été observées à Had Soualem, Tit Mellil, Belksiri et Tanger, et d’autres villes pourraient suivre. Les revendications portent principalement sur des mesures de soutien à un secteur confronté à une augmentation des coûts d’exploitation, tandis que les prix des prestations restent quasi stables.

«Depuis la crise sanitaire de la Covid-19, de nombreuses entreprises n’ont pas pu reprendre correctement leurs activités.Sous le poids des dettes et autres difficultés, même celles qui semblent résister aux aléas conjoncturels peinent à redécoller. Nous n’arrivons pas à imposer notre vision pour le développement du secteur, faute de coordination entre les associations représentatives. Chacune poursuit ses propres intérêts, alors que certaines contraintes sont communes à tous», déclare Mohamed Benchaoui, membre du syndicat des chauffeurs de camions de transport routier de marchandises. Et de poursuivre : «l’activité est pénalisée par une forte présence de l’informel, notamment de petites entreprises familiales avec des flottes réduites à un ou deux véhicules. Malgré les efforts de l’Etat pour moderniser la flotte, le parc de véhicules affiche un âge moyen élevé, ce qui impacte la sécurité et la qualité des services rendus aux clients. En outre, de nombreux chauffeurs ne bénéficient pas de la sécurité sociale».

 

 

 

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