L’Afrique, continent qui abritera 1 personne sur 4 dans le monde en 2050, connaît l’un des taux de croissance annuel moyen des plus élevés à l’échelle mondiale. Ce dynamisme économique sans précédent doit nécessairement être soutenu et entretenu par des infrastructures en transport et logistique suffisantes et de bonne qualité.
Force est d’admettre que le continent, qui compte plus d’1,1 milliard d’âmes aujourd’hui, avait mauvaise presse auprès des investisseurs internationaux et des institutions financières entre les années 80 et 90. Depuis les années 2000, l’image de l’Afrique a considérablement évolué et fort heureusement dans le bon sens. A partir de cette période, la croissance à l’échelle continentale tournait en moyenne autour de 5%, faisant de cette région, l’une des plus dynamiques au monde. Au demeurant, ce boom économique a incontestablement fait émerger de nouveaux défis. En effet, l’accroissement de la population africaine, l’urbanisation galopante, l’élargissement de la classe moyenne et l’augmentation de la demande africaine en biens, ont grossi les traits inhérents aux limites du continent, qui pâtit d’un manque manifeste en infrastructures logistiques et en transport. Or, c’est un truisme de rappeler que la disponibilité d’infrastructures portuaires, routières et aéroportuaires de qualité, constitue incontestablement un levier de croissance en Afrique. Le manque à gagner, engendré par l’absence d’infrastructures suffisantes, pénalise lourdement cette partie du monde en quête d’une croissance autrement plus pérenne et inclusive. L’industrialisation, qui semble constituer une voie d’émergence de l’Afrique aux yeux de plusieurs experts, a pour corollaire le développement des réseaux de transport et logistique nécessitant des efforts d’investissement colossaux. A ce titre, il y a lieu de rappeler que la faiblesse des marchés de capitaux et la rareté de fonds d’investissement puissants sur le continent ne sont pas de nature à faciliter la démultiplication des infrastructures de qualité en Afrique. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, le continent, qui abritera une personne sur quatre dans le monde en 2050, affiche l’un des taux de rentabilité d’investissement les plus élevés au niveau mondial, et pourtant les investisseurs internationaux ne s’y engagent pas comme cela devrait être. «En dépit de ses multiples potentialités, l’Afrique est encore perçue par certains investisseurs internationaux comme une frontière risquée, en raison des multiples difficultés qu’elle a rencontrées par le passé, et dont certaines persistent encore», rappelait Karim El Aynaoui, directeur du think tank OCP Policy Center, lors de l’Atlantic Dialogues, abrité récemment par la ville de Marrakech. Partant, il est clair qu’une posture africaine plus incisive est nécessaire pour attirer les capitaux internationaux vers des projets d’infrastructures, gage de compétitivité des économies africaines.
Momar Diao