Tourisme : une année 2024 sous le signe de la relance et des défis régionaux

Tourisme : une année 2024 sous le signe de la relance et des défis régionaux

Les performances touristiques sont globalement positives, mais varient d'une région à l'autre, principalement en raison de la saisonnalité.

 

Par Désy M.

L'année 2024 s'annonce déjà comme un nouveau chapitre prometteur pour le tourisme au Maroc, avec des chiffres record surpassant ceux de 2023, une année exceptionnelle marquée par une croissance de près de 34%. Après la pandémie, le retour des voyageurs, tant Marocains qu'internationaux, a insufflé un élan de reprise dans les principales destinations du Royaume. La destination 'Maroc' a accueilli durant le mois de juillet 2024 un nombre record d'arrivées, soit 2,6 millions, en accroissement de 20%. Au terme des sept premiers mois de l’année, un nouveau record a été enregistré avec dix millions de touristes arrivés au Royaume, représentant une hausse de 15%", selon la récente note de conjoncture de la Direction des études et des prévisions financières.

«À fin juillet, nous avons enregistré des performances record avec plus de 10 millions d'arrivées, malgré un démarrage tardif en juillet impacté par les examens du baccalauréat, les Jeux olympiques et les élections en France. Néanmoins, les tendances du mois de juillet étaient très positives, et août s’annonce également très prometteur», confirme Hamid Bentahar, président de la Confédération nationale du tourisme. Les villes prisées comme Marrakech, Agadir, Tanger et Casablanca ont enregistré une forte évolution par rapport à l’année dernière.

Disparités régionales

Cette tendance haussière est cependant marquée par des disparités régionales. En se basant sur les chiffres à fin juin, 7,4 millions de visiteurs ont franchi les frontières marocaines durant le premier semestre, représentant une hausse de 14% par rapport à 2023 et un bond spectaculaire de 38% comparé à 2019,  pour des recettes touristiques en progression de 4,6% à 7,578 milliards de dirhams. Avec 778.000 nuitées en juin 2024, la ville ocre domine le classement, loin devant Agadir, qui totalise 510.000 nuitées (+9%). Tanger progresse légèrement (+3%) avec 167.000 nuitées, confirmant son attrait grandissant en tant que destination balnéaire.

Casablanca, quant à elle, se distingue par une faible croissance des nuitées hôtelières (+2%) à 171.000 nuitées. Cette différence s'explique par la nature des séjours à Casablanca, souvent de courte durée, privilégiant le tourisme d’affaires. La ville souffre d'une image trop centrée sur le business, manquant d’attractivité pour les vacanciers en quête de détente ou de découvertes culturelles qu’offrent les villes axées sur le tourisme de loisir comme Marrakech, Agadir ou Tanger. Hamid Bentahar confirme l’existence de cette tendance. «Les performances sont globalement positives, mais varient d'une région à l'autre, principalement en raison de la saisonnalité. Les destinations balnéaires ont mieux performé que les destinations culturelles cet été, mais la croissance est visible dans la quasi-majorité des destinations. Cela s'explique en partie par l'importante amélioration du transport aérien», explique-t-il.

Une feuille de route ambitieuse

Face à ces disparités, une feuille de route 2023-2026 a été tracée pour diversifier l'offre touristique et mieux ancrer le développement du secteur dans les réalités locales. Des investissements massifs, à hauteur de 6 milliards de dirhams par an, sont mobilisés pour renforcer les infrastructures touristiques et développer des solutions adaptées à chaque région.

«Le gouvernement s’emploie à encourager l’investissement et la création d’emplois, notamment via des dispositifs de rénovation pour les établissements existants et des programmes tels que GoSiyaha, qui visent à améliorer l’offre touristique et l’expérience des visiteurs. Sans oublier CapAcces, une solution digitale mise en place par le Fonds Mohammed VI, pour accompagner les professionnels dans les différentes régions», précise Bentahar. Et d’ajouter que la nouvelle charte d'investissement offre des incitations particulièrement attractives pour les régions à capacité plus faible, afin de stimuler leur développement.

Le président du CNT conclut que «le nombre d'arrivées dans notre pays ne cesse d'augmenter, et si nous accélérons la mise en œuvre de la feuille de route et des projets structurants, nous continuerons de battre des records et de créer davantage d'emplois». Alors que les années à venir s’annoncent prometteuses avec l’organisation de la Coupe d’Afrique en 2025 et la Coupe du monde en 2030, le défi reste d’assurer une meilleure répartition des flux touristiques tout au long de l’année, en attirant les visiteurs en dehors des périodes de vacances scolaires et en améliorant l’attractivité des régions moins fréquentées. 

 

 

 

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