Tissu entrepreneurial : entre dynamisme et défis de productivité

Tissu entrepreneurial : entre dynamisme et défis de productivité

Un rapport récent de la Banque mondiale et l’Observatoire marocain de la TPME (OMTPME) met en évidence une augmentation significative de la densité des entreprises au Maroc. Cette dynamique soulève des enjeux importants pour le tissu entrepreneurial, nécessitant une attention particulière aux distorsions du marché qui pourraient impacter l’évolution du secteur privé.

 

Par M. Boukhari

En dépit d’un effort d’investissement notable, les gains de productivité de l’économie marocaine restent faibles. C’est l’une des conclusions principales du rapport conjointement élaboré par la Banque mondiale (BM) et l’Observatoire marocain de la TPME (OMTPME). Lors d’une table-ronde tenue, mardi 14 octobre, au siège de Bank Al-Maghrib à Rabat, Javier Diaz Cassou, économiste principal à la BM, et Amal Idrissi, directrice exécutive de l’OMTPME, ont dévoilé les résultats clés de leur rapport intitulé : «Libérer le potentiel du secteur privé marocain : une analyse de la dynamique des entreprises et de la productivité». Il en ressort que la densité des entreprises au Maroc a significativement augmenté ces dernières années, en raison d'un taux d'entrée élevé et du dynamisme de la création d'entreprises. Aussi, le taux de survie après 5 ans est estimé à 53%, et le taux de sortie officiel par radiation est de 1,2% seulement.

«Les principaux messages du rapport sont l'augmentation notable de la densité des entreprises, bien que cet indicateur doive être interprété avec prudence en raison de la prolifération d'entreprises inactives», fait savoir Idrissi. Par ailleurs, le taux de sortie, qui comptabilise les entreprises inactives pendant au moins deux ans, sans pour autant être dissoutes, est exceptionnellement élevé à 7,3%, indique la même source. Mauvaise allocation des ressources Il est à noter que le rapport utilise une méthodologie «innovante» qui s’appuie sur des micro-données exhaustives, une approche très utilisées dans les économies développées.

«C’est une première au Maroc, où traditionnellement on est plus habitués à utiliser les analyses macro et les enquêtes. L’utilisation des micro-données a permis d'obtenir des insights plus précis et nuancés et qui ne peuvent pas être identifiés en utilisant des données agrégées. Cette approche a aussi permis de comparer le Maroc à ses pairs structurels et aspirants», explique Idrissi. Et de poursuivre : «On a pu constater que la productivité des entreprises est faible; elle augmente avec l’âge mais seulement jusqu’à cinq ans pour les 53% qui arrivent à survivre. Après 5 à 6 ans d’existence, elle tend à stagner ou à diminuer. Ce constat est en décalage avec la tendance observée dans les économies avancées, où la productivité est souvent corrélée avec la taille et l’âge des entreprises».

Le rapport identifie des distorsions dans le marché qui ne semble pas récompenser les entreprises les plus productives, et également une mauvaise allocation des ressources qui ne sont pas transférées de manière optimale des entreprises moins productives vers les plus productives. «Ces distorsions freinent la croissance des entreprises les plus productives, et par conséquent impactent négativement le marché de l’emploi», souligne la directrice exécutive de l’OMTPME. In fine, le rapport révèle que l’économie marocaine fait face à des tendances préoccupantes pouvant accentuer certains risques. Il s’agit en l'occurrence d’une croissance économique insuffisante, ce qui pourrait compromettre les objectifs du nouveau modèle de développement. En outre, le marché du travail peine à absorber une main-d’œuvre croissante et susceptible d’entraîner une augmentation de l’inactivité, en particulier chez les femmes et les jeunes. 

 

 

 

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