Depuis sa création en 1949, la Caisse Centrale de Garantie (CCG), devenue Tamwilcom en 2021 pour mieux refléter sa plus grande palette de services, a traversé plusieurs phases d'évolution pour devenir une institution financière clé dans le paysage économique marocain.
Son Directeur général, Hicham Zanati Serghini, est revenu, à l'occasion de la deuxième édition des Nuits de la Finance organisée par Finances News Hebdo, sur l'impact substantiel de l'institution sur le développement des très petites, petites et moyennes entreprises (TPME) et sur l'accès au financement dans un contexte de réformes économiques successives.
Les débuts et la première transformation
À ses débuts, la CCG avait pour rôle principal de mobiliser les financements extérieurs afin de soutenir les besoins en infrastructures et les grandes entreprises publiques, telles que la RAM, l'ONCF, entre autres. C'était une période où le secteur financier marocain, encore naissant, dépendait largement de l'apport extérieur. «Pour mobiliser les financements extérieurs, à cette période-là, la Caisse Centrale de Garantie a porté la garantie souveraine pour pouvoir financer les besoins d'infrastructures et les besoins de grandes entreprises. Cette période a connu l'émergence de secteurs stratégiques, des ponts entiers de l'économie nationale, grâce à des financements garantis», rappelle le DG de Tamwilcom.
Avec les réformes des années 80, le paysage financier au Maroc a commencé à se moderniser. La CCG a dû s'adapter à un environnement où l'État réduisait son rôle de banquier pour laisser plus de place au marché et au secteur privé. Cette période a vu la transformation de nombreux organismes financiers étatiques en banques universelles, poussant la CCG à se spécialiser davantage dans la garantie d'accès au financement pour les PME, notamment à partir de la réforme de 1996. Ceci dans le but d'offrir un bras de levier à une population d'entreprises jugée encore trop risquée. La grande réforme de 2007- 2008 a été un tournant décisif pour la CCG, se rappelle Hicham Zanati Serghini. Cette réforme a permis de réviser profondément son fonctionnement.
L'ex-CCG en a profité pour introduire une nouvelle gamme de produits adaptés au cycle de vie des entreprises, non plus limitée aux seules phases d'investissement. «L'objectif était de répondre de manière plus efficace aux besoins de financement tout au long de la vie d'une entreprise», explique Zanati Serghini. Cette réforme a également encouragé la collaboration avec le secteur bancaire privé et l'expansion régionale, augmentant ainsi l'impact de la CCG.
Des impacts réels
Bien qu'en back office du secteur bancaire, Tamwilcom a joué un rôle crucial dans l'augmentation de la part des TPME dans les encours du secteur bancaire, passant de 22-23% en 2012 à 45% aujourd'hui. Cette évolution démontre la capacité de cette institution à intégrer les outils de garantie, facilitant ainsi le financement accru des TPME. De plus, les exigences de collatéralité pour les prêts aux TPME ont diminué significativement, passant de 165-166% du montant du prêt en 2013 à 63,4% en 2019, grâce à l'efficacité des systèmes de garantie mis en place. La stratégie de Tamwilcom pour 2023-2026 reste axée sur l'inclusion financière, avec un accent particulier sur la facilitation de l'accès au financement pour les TPE et les micro-entreprises. Elle prévoit également de renforcer son soutien à l'innovation et à l'internationalisation des PME marocaines.
De nouveaux chantiers stratégiques
Tamwilcom a su traverser les âges et s'adapter aux besoins du tissu économique et financier. Aujourd'hui, cette institution devenue Société anonyme, offre une multitude de produits. Outre des lignes de financement verts, Tamwilcom a été le principal soutien au décollage du financement des startups au Maroc avec le fonds Innov Invest, dont une deuxième mouture entre en vigueur en 2024. Ce fonds a pu accompagner 500 startups dans sa première version.
Plus récemment, Tamwilcom a obtenu un mandat de gestion du Fonds Mohammed VI pour l'investissement (FM6I) afin de déployer le produit de dette du Fonds, CapAcess. Ceci, sans oublier le rôle névralgique joué par l'ex-CCG durant la période du Covid, où elle a maintenu des entreprises à flot en garantissant les financements de leur besoin en fonds de roulement avec des produits comme Damane Oxygène et Damane Relance.