Symphos 2019 a réuni plus de 900 participants issus d’une quarantaine de pays.
Les technologies innovantes et disruptives dans l’industrie des phosphates étaient à l’honneur de la rencontre biennale.
Par Momar Diao
Très rares sont les industries majeures qui peuvent se passer de l’innovation et de la digitalisation pour concilier les exigences économiques, sociales et environnementales. Cela est d’autant plus vrai que l’industrie des mines, notamment celle des phosphates et des engrais, a fait de ces deux paramètres un cheval de bataille.
Aujourd’hui, les experts s’accordent pour dire que l’innovation et les nouvelles technologies sont à même de permettre à l’industrie des engrais de répondre de façon durable aux défis de la sécurité alimentaire, dans un contexte en proie à une évolution démographique substantielle à l’horizon 2050.
Le nombre d'habitants à nourrir sur la terre devrait passer de 7,7 Mds de personnes à 9,7 milliards d’ici trente ans. Conscients de ces enjeux de taille, le groupe OCP et l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P) ont organisé récemment à Benguerir, la cinquième édition du Symposium international sur l’innovation et la technologie dans l’Industrie des phosphates (Symphos), placé sous le thème «Des technologies innovantes et disruptives pour une industrie du phosphate durable».
«Outre la thématique retenue, cette édition est d’autant plus spéciale qu’elle est co-organisée avec l’UM6P», a fait remarquer Fali Iliass, vice-président des opérations industrielles de l’OCP, tout en rappelant l’ADN de la manifestation biannuelle, lancée depuis 2011 et qui érige le Maroc en un haut lieu de mise en exergue des technologies de pointe de l’industrie des fertilisants.
Symphos 2019, à la fois un creuset d’échanges et de partage (panels, plénières, conférences, etc.) et une vitrine des nouvelles solutions et tendances en matière de valorisation des phosphates, a réuni 900 participants issus d’une quarantaine de pays.
Au registre des nouveautés, il y a lieu de citer l’introduction de nouvelles thématiques ayant trait à la digitalisation, l’intelligence artificielle et l’économie circulaire. Outre le fait de regrouper tous les acteurs de l’écosystème des phosphates (grands acteurs mondiaux de l’industrie, fabricants et fournisseurs d’équipements, start-up, instituts de recherche et pourvoyeurs de solutions, etc.), l’événement ponctué par une soixantaine de présentations autour de 18 thématiques, a accordé une place de choix aux rencontres BtoB et aux espaces d’exposition qui ont été pris d’assaut par les participants. Ceci dit, l’un des points d’orgue des présentations a été l’allocution du professeur et industriel Gunter Pauli, axée sur les déterminants de l’innovation.
La fenêtre d’opportunités s’élargit
Le professeur belge adepte des produits biodégradables, plus respectueux de l’environnement, n’a pas manqué de souligner l’importance de tenir compte de l’écosystème en matière d’innovation, laquelle nécessite des efforts d’investissement conséquents. Pour les industriels qui doivent générer de la valeur, à l’instar du groupe OCP, l’élaboration d’un businessmodel a également toute son importance en matière d’innovation. Dans le domaine de l’industrie des phosphates, la préservation des ressources constitue un paramètre-clef.
Dans le même ordre d’idées, Gunter Pauli a fait une révélation qui a en surpris plus d’un et de nature à élargir l’activité de l’OCP. «Il est possible de transformer les roches de phosphates en papier», précise-t-il. Rappelons tout de même que cette transformation n’est pas une fiction puisqu’elle a été adoptée par la Chine. Ce procédé de fabrication de papier qui pourrait permettre au Maroc d’intégrer le cercle des grands producteurs, est plus respectueux de l’environnement que celui qui utilise le bois, nécessitant une grande quantité d’eau. Sachant que cette méthode traditionnelle n’est pas sans impact sur la densité des forêts.
Encadré : Le pari de l’innovation et la R&D
Fort de plus de 160 clients à travers les 5 continents, le groupe OCP exporte aujourd’hui pas moins de 43 formules de fertilisants à même de répondre aux besoins spécifiques de différents sols. Tout en s’appuyant sur l’expertise de l’Université Mohammed VI Polytechnique dans le domaine de la R&D, le groupe qui a mis en place un programme d’investissement de 200 Mds de DH sur la période 2008-2027 a également recours à l’Open innovation. Pour rappel, le programme «Mining Challenge by OCP» permet à l’Office de dénicher des start-up marocaines, africaines et internationales, avec l’objectif de co-développer des solutions digitales innovantes en réponse à des problématiques stratégiques et opérationnelles des métiers de la mine. Il y a lieu de citer l’optimisation des opérations d’extraction, le transport sécurisé dans la mine en cas de faible visibilité et lafacilitation du diagnostic de maintenance des équipements miniers.