Les pertes économiques potentielles liées au séisme sont comprises entre 2 et 8% du PIB.
À moyen-long terme, la reconstruction et le développement de cette région pourraient être bénéfiques pour l’économie nationale.
Par Y. Seddik
Destruction des infrastructures, perturbations de la production industrielle, pertes agricoles, baisse du tourisme ou encore les coûts de reconstruction…, les impacts économiques engendrés par le séisme de la région d’Al-Haouz sont nombreux. Aujourd’hui, au-delà de l’aspect humanitaire, la question de quantifier l’impact de cette tragédie sur l’économie est cruciale. «Le séisme qui a frappé Al-Haouz a provoqué une destruction de la richesse, touchant à la fois le patrimoine et les flux économiques», nous explique l’économiste Omar Bakkou. Il précise que les logements, les infrastructures et le capital physique ont subi des dégâts considérables, laissant une cicatrice économique profonde dans cette région. Il ajoute que la production économique de la région est susceptible de chuter drastiquement à court terme, créant ainsi une pression sur l’économie régionale.
Selon United States Geological Survey (USGS), les pertes économiques potentielles associées à ce séisme pourraient atteindre jusqu'à 8% du PIB national, soit environ 106 milliards de dirhams. Le secteur touristique, pierre angulaire de l'économie régionale, se trouve particulièrement vulnérable, car certains voyageurs pourraient annuler leurs réservations en raison des secousses telluriques ayant touché des destinations phares telles que Marrakech ou Agadir.
Réponses financières et budgétaires
Face à cette crise d'une ampleur sans précédent, les autorités publiques, sous les directives royales, ont mis en place un Fonds spécial pour la gestion des effets du tremblement de terre. «Ce Fonds ne sera pas alimenté exclusivement par le budget public, mais bénéficiera également des contributions citoyennes, des acteurs économiques privés, des fonds d'assurance, et des organismes internationaux. Cette approche multidimensionnelle vise à atténuer l'impact sur le déficit budgétaire et à répartir équitablement la charge financière de la reconstruction, au même titre de ce qui a été réalisé pendant la crise du Covid», note Bakkou.
Pour mémoire, le fonds dédié à la gestion de la crise sanitaire était doté d’un budget dépassant les 34 milliards de DH. Par ailleurs, lors de l'examen du projet de Loi de Finances 2024, il est hautement probable que d'importants ajustements budgétaires soient opérés pour prendre en compte les conséquences du séisme. Des indemnités au logement (déjà annoncées) et des dépenses d'investissement pourraient être envisagées pour catalyser la reconstruction de la région. Certainement aussi au niveau des dépenses publiques, des fonds seront débloqués au niveau des dépenses d'investissement, grâce à des ajustements budgétaires (de chapitre à chapitre) et/ou au déblocage de ressources supplémentaires.
Une opportunité à moyen-long termes
Toutefois, O. Bakkou estime que ce séisme pourrait être une opportunité de développement pour la région d'Al Haouz. «En investissant judicieusement dans la reconstruction, en établissant une politique touristique solide et un modèle de développement spécifique, cette région pourrait émerger comme la destination touristique phare du Maroc. Une telle réalisation offrirait un potentiel immense pour stimuler l'économie régionale à long terme. Disons, c’est un mal pour un bien», précise-t-il. Cela pourrait non seulement conduire à la revitalisation de la région, mais aussi servir de modèle pour un développement économique durable à l'échelle nationale. Notons que les prévisions indiquent que le coût de reconstruction serait évalué à près 2% du PIB, soit une vingtaine de milliards de dirhams.