- Cette année, la tendance des accidents est baissière.
- Benacer Boulaajoul, secrétaire permanent du Comité national de prévention des accidents de la circulation (CNPAC), livre les détails sur les chantiers en cours en matière de sécurité routière.
Finances News Hebdo : Quel est l’état d’avancement de l’Agence nationale de sécurité routière ?
Benacer Boulaajoul : La loi a été adoptée et publiée au Bulletin officiel. Aujourd’hui, nous sommes en phase d’adoption des décrets d’application, qui sont dans le circuit d’approbation. Je pense que nous sommes dans la phase finale de la création de l’agence. L’objectif est de mettre sous la même coupole l’ensemble des métiers liés à la sécurité routière avec une certaine autonomie au niveau de la gestion, sur le plan financier, et celui des ressources humaines. Ceci donnera plus de marge de manœuvre pour mettre en place de véritables programmes engagés en matière de sécurité routière. La mise en place de l’agence est une recommandation de l’Organisation mondiale de la santé et je pense que notre pays a fait le bon choix. La création du CNPAC remonte à 40 ans, aujourd’hui nous entamons une nouvelle ère, et je pense que les années à venir seront très prometteuses.
F.N.H. : Quel sera son impact sur la sécurité routière, sachant qu’il n’y a pas encore de résultats véritablement tangibles ?
B. B. : Je ne suis pas d’accord. Les indicateurs de la sécurité routière sont en constante amélioration. Il faut rappeler qu’en 2011, le nombre de morts avait atteint 4.222 décès, aujourd’hui nous sommes à moins de 3.600 cas. Bien sûr, nous espérons réduire ce nombre de manière considérable. D’ailleurs, la Stratégie nationale de la sécurité routière qui a été adoptée, vise à réduire de moitié le nombre de tués d’ici 2026 avec un objectif intermédiaire de 25% à l’horizon 2021. A date d’aujourd’hui, la première année, nous avons fait une baisse de pratiquement 2%, cette année également la tendance est baissière. Nous espérons augmenter la cadence, mais il faut aussi rappeler que les chiffres que nous avons aujourd’hui, notamment en termes de tués et de blessés graves, correspondent aux chiffres que nous avions en 2002/2003, sachant qu’en l’espace de plus de quinze ans, le parc automobile et le trafic ont presque doublé. On peut dire qu’aujourd’hui, nous avons une véritable maîtrise du risque de la circulation et de la sinistralité routière. Toujours est-il, je pense que nous avons encore une marge de manœuvre importante.
F.N.H. : Le CNPAC travaille sur un projet de création d’une plateforme de e-learning. Quelle est sa particularité et quel est son objectif ?
B. B. : Il y a deux plateformes e-learning. La première concerne les enfants dans le milieu scolaire. L’objectif est de mettre à disposition aussi bien des élèves que des enseignants et des cadres pédagogiques, un recueil d’éléments d’informations concernant la sécurité routière. Son objectif est d’intégrer ou bien d’accompagner le projet de l’éducation nationale qui consiste à intégrer l’éducation routière de manière didactique et ludo-pédagogique, sachant qu’aujourd’hui, les élèves et les enfants sont très actifs en termes de technologie.
La deuxième plateforme concerne les auto-écoles et les candidats au permis de conduire. C’est une plateforme en cours de préparation qui présente différemment le code de la route. L’objectif est d’essayer d’assurer l’adhésion des candidats au permis de conduire, mais aussi de leur présenter le code de la route en les sensibilisant sur la gravité de certains comportements et de certains actes, qui peuvent justement soit provoquer des accidents ou bien en augmenter leur gravité. Par exemple : au niveau de la loi, nous savons pertinemment que le port de la ceinture de sécurité est obligatoire aussi bien pour les passagers avant que pour les passagers arrière. Au niveau des routes de campagne, il est obligatoire uniquement pour les occupants des sièges avant, c’est la règlementation. Ce qui est très important, c’est de dire que le fait de mettre sa ceinture de sécurité permet de réduire le risque d’être tué en cas d’accident de 50 à 60%. L’idée, c’est d’arriver à intérioriser un certain nombre de principes de sécurité routière au niveau des comportements des candidats au permis de conduire, pour qu’ils prennent en considération ces éléments-là quand ils exerceront la conduite sur la voie publique.
F.N.H. : Quelle place l’innovation tient-elle dans la sécurité routière ?
B. B. : Aujourd’hui, l’innovation et tout ce qui touche aux nouvelles technologies sont extrêmement importants. C’est un levier dans lequel nous investissons lourdement dans la mesure où le ministère est en phase d’acquérir des radars automatiques, qui vont justement permettre de faire des contrôles automatisés sur le réseau routier. L’objectif est de réduire l’intervention de l’élément humain autant que possible en vue d’assurer une certaine sécurité, une certaine traçabilité de l’acte de contrôle. En ce qui concerne le système d’information, pour la gestion intelligente du trafic, nous avons encore une marge de manœuvre importante qui peut augmenter la valeur ajoutée et réduire le nombre des accidents de la circulation qui sont enregistrés au niveau national. Je pense que nous sommes au tout début de l’intégration des nouvelles technologies. Ceci étant, c’est un chantier qui est engagé, qui est ouvert. Je suis optimiste quant au futur de la sécurité routière. Grâce à cette intégration, nous impacterons de manière considérable le comportement des usagers de la route. ■
Propos recueillis par Lilia Habboul