Résilience productive: Où en est le Maroc ?

Résilience productive: Où en est le Maroc ?

Aucun pays au monde ne dépasse 50% de score de résilience. La Chine, considérée comme l’atelier ou l’usine du monde, tourne autour de 49,3%.

Le score de résilience du Maroc se situe entre 20 et 30%, nettement inférieur à celui de la Turquie (39,9%).

 

Par M. Diao

 

L’un des enseignements majeurs à tirer de la crise liée au coronavirus est la nécessité pour les Etats d’œuvrer pour leur indépendance dans des domaines cruciaux, tels que l’industrie, l’énergie, l’agriculture et la santé, pour ne citer qu’eux. La pandémie a mis à nu les carences et les défaillances de bon nombre de pays, aussi bien développés que ceux en phase de le devenir, dans des secteurs stratégiques.

Cette donne corrobore quelque part la pertinence des résultats de l’étude portant sur la résilience productive des Etats, dévoilés récemment par le cabinet Utopies dans le contexte de la pandémie Covid-19. Faudrait-il le rappeler, le coronavirus a mis à rude épreuve la résilience des chaînes d’approvisionnement nationales et internationales.

La résilience productive n’est autre que la capacité d’un territoire productif donné à surmonter une perturbation exceptionnelle extérieure (climatique ou sanitaire), afin d’absorber le choc, se réorganiser, et retrouver sa structure fondamentale en cas de crise. La crise du coronavirus peut être appréhendée comme un révélateur de la résilience productive des pays, dont le Maroc fait partie.

 

Seuls 16% des pays ont un score supérieur à 30%

Parmi les principaux enseignements du test de résilience d’Utopies, premier cabinet de conseil en stratégies de développement durable français, qui a étendu ses activités au Maroc, il y a lieu de préciser que seuls 16% des pays dépassent le score de 30%. Sofia Harouchi, Regional manager d’Utopies, livre une analyse édifiante du test porteur de plusieurs messages. «Aucun pays au monde ne dépasse 50% de score de résilience, indique-t-elle. Y compris un pays comme la Chine, considérée comme l’atelier ou l’usine du monde, avec un score de 49,3% (ex-aequo avec l’Italie)».

Notre interlocutrice fait également remarquer que les pays de l’Europe de l’Ouest (Espagne, France, Italie) ont délocalisé plusieurs industries et pourtant ceux-ci ont des scores de résilience supérieurs à celui d’un pays comme le Maroc, destination des industries européennes délocalisées.

 

Quid du Maroc ?

Le score de résilience du Maroc se situe entre 20 et 30%, nettement inférieur à celui de la Turquie (39,9%). «Même si la crise actuelle a démontré l’opportunité de la relocalisation de certaines activités autour du pourtour méditerranéen, ce qui peut profiter au Maroc, il est également nécessaire que le pays s’emploie à développer des modèles de production plus agiles et moins dépendants des investissements étrangers», suggère Sofia Harouchi.

Il convient tout de même de rappeler que la pandémie a été quelque part révélatrice pour le Maroc, qui en un temps record, a réalisé des sauts productifs notables (création du premier respirateur 100% marocain, production de plus de 10 millions de masques par jour, etc.), transcendant ainsi les contraintes liées, entre autres aux investissements massifs. «Jusque-là, certains pensaient que la création de respirateurs qui nécessite des investissements colossaux, étaient uniquement l’apanage des pays développés», soutient notre interlocutrice.

La mobilisation générale ainsi que le travail collectif impliquant plusieurs acteurs (ministères, chercheurs, médecins, ingénieurs, industriels, etc.) ont permis au Maroc de réaliser cette prouesse. Il en est de même pour la production quotidienne de plus de 10 millions de masques, une résultante de la capacité du pays (devenu exportateur) à rediriger promptement son industrie textile. Autre exemple reluisant, les imprimantes 3D, jusque-là utilisées comme des outils de prototypage, ont servi lors de la pandémie à la production de visières de protection.

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