Les régions devraient bénéficier de nouveaux moyens et de nouvelles ressources pour valoriser les produits et installer les sites de conditionnement et de transformation. Les feuilles de route régionales constituent une occasion pour répondre à des problématiques plus concrètes, comme l’emploi en milieu rural, la lutte contre la pauvreté…
Dans un contexte mondial marqué par la sécurité alimentaire, le changement climatique, la hausse des prix des produits agricoles, la responsabilisation des producteurs, la lutte contre la pauvreté, le Maroc a été contraint de revoir sa stratégie agricole dans un sens de mise à niveau, de restructuration et de redéfinition des missions. C’est dans cette perspective que le nouveau Plan Maroc Vert (PMV) a été élaboré, et ce pour faire de l’agriculture le principal moteur de croissance de l’économie nationale. La déclinaison du PMV en plans agricoles régionaux consiste à construire une vision et une offre agricoles régionalisées, respectueuses de l’équilibre entre les deux piliers de la stratégie sectorielle. Il s’agit d’engager le ministère de l’Agriculture et ses partenaires régionaux autour d’objectifs communs, et de mobiliser les fonds régionaux et nationaux, les organismes de crédit, les investisseurs, ainsi que les autres bailleurs de fonds désireux de soutenir le Maroc dans la mise en oeuvre de ce Plan. L’enjeu au moment de la conception des plans régionaux était double : tout en s’inscrivant dans la nouvelle vision en capitalisant au mieux les potentiels de chaque région, ces feuilles de route devaient constituer l’occasion pour répondre à des problématiques plus concrètes, comme l’emploi en milieu rural, la lutte contre la pauvreté…
«Du fait de sa présence sur tout le territoire national et du nombre d’emplois créés, l’agriculture est un secteur qui devrait faire l’objet d’une attention particulière dans le cadre de la régionalisation avancée. L’idée est de mettre en valeur la spécificité agricole de chaque région, surtout en matière de produits de terroir», explique Mohamed Amrani, professeur d’économie. «Il y a des régions qui ont un potentiel agricole important, mais qui ne disposent pas de stations de conditionnement ou de transformation au niveau exigé. Cela impacte le revenu des agriculteurs et aussi les richesses de la région. C’est le cas, par exemple, de la région d’Errachidia, qui produit les meilleures dattes du pays dont une partie peut être destinée à l’export; mais faute de moyens de valorisation, les produits perdent de leur valeur. C’est une perte pour le producteur, pour le consommateur et pour le pays», précise-t-il.
En effet, les plans régionaux portent sur l’augmentation des niveaux de production des différentes filières identifiées, l’amélioration de la qualité et des conditions de commercialisation de la production, le perfectionnement des niveaux de valorisation de l’eau d’irrigation avec, en toile de fond, des impacts chiffrés sur la création d’emplois. Les plans régionaux, qui sont déjà élaborés par le département de tutelle et ses partenaires dans le cadre de contrats-programmes avec les 16 régions seront remodelés pour être adaptés au projet de la régionalisation, qui, lui, prévoit 12 régions seulement.
Dans l'attente des déclinaisons régionales du PMV
«On attend toujours la mise en oeuvre du cadre institutionnel de la régionalisation pour avoir de la visibilité. Il faut beaucoup de ressources, du temps et aussi de la bonne volonté pour réaliser les objectifs escomptés, surtout dans les zones enclavées. La stratégie dédiée à l’agriculture était toujours élaborée au niveau central mais il lui faut une connotation régionale», explique Abdellah Khalil, de la Chambre d’agriculture de Benslimane.
A l’instar du PMV dans sa conception globale, les déclinaisons régionales doivent s’articuler autour du concept d’agrégation permettant de dépasser les contraintes liées à la fragmentation des structures foncières, tout en assurant aux exploitations agrégées l’accès aux techniques modernes de production, ainsi qu’aux financements et aux marchés. Il est question de déclencher une nouvelle vague d’investissements massifs autour de nouveaux acteurs à forte capacité managériale. Au programme figure la rationalisation des structures de l’industrie et la mutualisation des moyens autour de Groupements d’intérêts économiques privés et de groupements interprofessionnels. Cela consiste en un partenariat public/privé win-win sur la base de contrats clairement définis.
Charaf Jaidani