Malgré l’assurance des autorités quant au contrôle sanitaire et l’approvisionnement adéquat des marchés, plusieurs produits fortement consommés lors du mois sacré connaissent une flambée parfois injustifiée.
Moins de deux semaines nous séparent du mois de Ramadan. Les préparatifs vont bon train pour approvisionner le marché en différents produits fortement consommés lors du mois sacré.
Le discours officiel des responsables concernant ce sujet est toujours le même, affichant assurance et sérénité.
«Les divers départements ministériels impliqués dans la sécurité de l’approvisionnement et la stabilité des prix durant le mois sacré ont entamé les préparatifs pour une plus grande protection du consommateur. En plus des volets liés à la hausse de la demande des produits à large consommation, la coordination entre les services centraux et locaux ainsi que les opérations de sensibilisation projetées sont aussi à l’ordre du jour. Il est à rappeler qu’en plus des ministères de l’Intérieur, du Commerce, de l’Énergie et des Affaires générales, l’ONSSA et l’ONICL sont aussi étroitement liés à cette operation», indique-t-on dans une dépêche de la MAP.
Mais plusieurs indicateurs laissent présager une hausse des prix cette année, par rapport à la normale et cette augmentation devrait encore s’accentuer à l’approche du Ramadan. Elle touche pratiquement tous les produits, à commencer par les fruits et légumes. Une croissance qui a été observée depuis le début de l’année et causée essentiellement par trois mois de sécheresse et la spéculation.
«Il y a eu un léger retournement de tendance au niveau des prix des légumes, en particulier les oignons. Les importations d’Espagne et d’Italie ont pu atténuer la flambée, mais ces produits restent chers de plus de 50% par rapport à la même période de l’année dernière. La hausse persiste aussi pour d’autres légumes, comme les haricots verts ou les petits pois, mais à un niveau relativement moindre», souligne Hamid Doukkali, négociant au marché de gros de Casablanca.
Les prix des produits avicoles, des denrées à forte consommation durant le Ramadan sont également en forte hausse.
Les cours affichés par les marchés observent depuis trois semaines des hausses spectaculaires. Pourtant, nous sommes loin de la période de pic de consommation provoquée principalement par l’avènement du mois de Ramadan, la célébration des fêtes de mariage ou encore le retour du pèlerinage. L'apaisement des prix ces derniers jours reste fragile. Pour rappel, le prix du poulet de chair a atteint 23 dirhams/kilo, alors qu’il ne dépassait pas 15 DH il y a un mois. Le prix du coquelet est fixé autour de 21 dirhams. Le poulet Beldi est proposé, quant à lui, à 60 dirhams le kilo. Les autres villes ne sont pas en reste. Bien que les ventilations changent par région, la flambée se confirme au niveau national.
«La hausse actuelle des prix est la conséquence tout à fait normale de la crise sanitaire observée entre fin février et début mars. Il faut attendre en moyenne 2 mois et demi pour que la production reprenne dans des conditions normales», explique Chawki Jirari, Directeur général de la Fédération interprofessionelle du secteur avicole (FISA).
A l’image des années précédentes, les prix du poisson s’inscrivent, eux aussi, en forte hausse à la veille du Ramadan.
Le poisson est fortement consommé durant le mois sacré. Plusieurs professionnels s’approvisionnent en quantité pour augmenter leur stock de poissons congelés. Il faut aussi préciser qu’il y a un effet psychologique. Les vendeurs augmentent les prix du poisson à la veille et au cours de ce mois, sachant pertinemment que la demande va progresser notoirement.
Par ailleurs, il faut noter que les fruits secs n’échappent pas à la règle. Si le prix des dattes est stable sous l’effet des produits importés, notamment algériens et tunisiens, les autres produits comme les noix et les amandes connaissent une hausse de 20 à 30%. «Selon la qualité, le prix des amandes se situe entre 60 et 80 DH/kilo, celui des noix entre 130 et 150 DH, mais actuellement nous assistons à des prix qui frôlent la moyenne de 100 DH/kilo pour les premiers et dépassent 160 DH pour les seconds. Ce phénomène touche également les épices et d’autres produits. Plusieurs marchands profitent de l’avènement du mois sacré pour gagner plus d’argent», souligne un commerçant au marché de Benjdia à Casablanca.
Charaf Jaidani