Produits alimentaires: attention à la spéculation !

Produits alimentaires: attention à la spéculation !

L’analyse des données du HCP fait ressortir qu’entre janvier 2022 et janvier 2023, les prix des «huiles et graisses» ont enregistré la plus importante hausse au niveau des denrées alimentaires, soit pratiquement 30% sur un an.

Juste derrière, arrivent ceux des «fruits» qui ont bondi de 24,6% sur la même période, alors que ceux des «légumes» et des «viandes» ont enregistré des hausses respectives de 15,4% et 11,6% sur la même période.

 

Par A. Diouf

Bank Al-Maghrib a agi sur son taux directeur à deux reprises, notamment en septembre et en décembre, pour tenter de juguler l’inflation, dont le taux est monté à 8,9% en janvier, ce qui est un fait inédit. En cause, l’augmentation des produits alimentaires et énergétiques. Certes, le carburant a impacté assez durablement le coût du transport, mais ce qui explique l’inflation au Maroc, c’est principalement la hausse des prix des denrées alimentaires provenant des produits agricoles, dont l’abondance dépend d’une bonne saison agricole.

Une hausse causée par la rareté desdits produits induite par la sècheresse qui a sévi dans le pays et qui a impacté la campagne agricole 2021-2022. En effet, le climat semi-aride du Maroc l’expose aux aléas climatiques, caractérisés par une alternance d’années humides et plus sèches, avec des impacts négatifs notamment sur le taux de remplissage des barrages. En août 2022, par exemple, le taux de remplissage des barrages se situait à moins de 27% contre plus de 42% en août 2021.

 

Hausse de 30% des prix des huiles et graisses

En analysant les données du HCP sur la période allant de janvier 2022 à janvier 2023, on constate que l’Indice des prix alimentaires (IPA) a bondi de 16,8%. Cette hausse provient d’abord du renchérissement des prix des «huiles et graisses», qui ont flambé de 30% sur une année, sans jamais enregistrer de baisse sur toute cette période. Les plus fortes hausses ont été notamment enregistrée en mai dernier (8,5% par rapport au même mois de l’année dernière) et en novembre (4,4%). Bref, l’huile qui est une denrée alimentaire indispensable pour cuisiner, n’est plus accessible pour les ménages à bas revenu, obligés de se rabattre sur l’achat au détail chez l’épicier du coin.

Hausse des prix des fruits et légumes

Juste derrière les huiles et graisses, les prix des «fruits» ont enregistré la seconde plus forte hausse de prix qui ont grimpé de 24,6% entre janvier 2022 et janvier 2023. Les plus fortes hausses ont été enregistrées en avril (12,3%), août (9,6%), octobre (5,5%) et mars (5,2%). Néanmoins, pendant six mois sur 12, les prix des «fruits» ont baissé, parfois jusqu’à -6%, témoignant ainsi d’une disponibilité suffisante sur le marché et d’une forte percée à l’export. Pour leur part, les prix des légumes se sont renchéris de 15,4% sur 12 mois. Les plus fortes hausses ont été enregistrées en mars (13,8%) et septembre (7,2%). Sur toute la période étudiée, c’est-à-dire de janvier 2022 à janvier 2023, les prix des «légumes» ont connu au total 8 mois de hausse, contre trois mois de baisse, indiquant leur disponibilité sur le marché sur cette courte période.

Mais, cela a apparemment suffi pour booster leurs exportations. En effet, les exportations de produits maraîchers ont enregistré une croissance de 11% au 13 juin 2022, pour atteindre un volume d’environ 1 418 600 tonnes. Sur ce volume, les exportations de tomate, produit phare à l’export du secteur des produits maraîchers, ont atteint 608 600 tonnes, contre 521 800 tonnes durant la campagne précédente arrêtée à juin, soit une croissance à l’export de l’ordre de 17%. A signaler que pour ne pas qu’il y ait une pénurie sur ce produit en particulier, qui est très prisé durant le mois de Ramadan qui approche, le gouvernement a récemment donné ses instructions pour arrêter son exportation.

Renchérissement des prix des viandes

S’agissant des «viandes», leurs prix se sont rehaussés de 11,6% sur 12 mois. Comme pour la tomate interdite à l’export à l’approche du mois de Ramadan, le gouvernement a également pris récemment des mesures visant la simplification de l’importation de bovins destinés à l’abattage. Ainsi, pour éviter toute pénurie en viandes rouges dans le pays, un décret sur la suspension des droits d’importation des bovins a été adopté. Malheureusement, les prix des volailles ont flambé à côté. Le kilogramme de poulet a, en effet, battu des records atteignant par moment 25 DH. Les plus fortes hausses de prix, tous types de viandes confondus, ont été enregistrées en mars (3,5%) et en mai (2,3%). Selon un économiste qui a requis l’anonymat, «pour les légumes comme pour les viandes, les prix risquent encore de renchérir puisqu’à l’approche du Ramadan, on n’est pas à l’abri de spéculations». 

 

 

 

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