La politique d’habitat menée par le gouvernement a fait ses preuves un certain temps, mais commence à montrer ses limites actuellement. La Fédération estime qu’il faut revoir le rôle d’Al Omrane qui, tout en bénéficiant du foncier de l’Etat, exerce une concurrence déloyale sur les promoteurs privés.
Le Maroc a consenti beaucoup d’efforts pour soutenir le logement dont le déficit dépas-sait, il y a une décennie, plus d’un million d’unités. Certes, le programme a permis à des milliers de Marocains d’accéder à la propriété, mais le sec-teur commence à manifester des signes d’essoufflement. Les mécanismes mis en place par l’Etat montrent actuellement leur limite ou du moins leur fai-blesse. La Fédération nationale des promoteurs immobiliers (FNPI) est montée au créneau pour donner son point de vue sur le sujet. Dans le cadre d’un point de presse sur le bilan des réalisations du secteur, Youssef Benmansour président de la FNPI affirme que «le modèle économique actuel n’est plus viable. Le gouvernement n’a pas donné suite à nos propositions pour relancer l’activité. Il est temps de penser à un nouveau modèle. Nous ne voulons pas remettre tout à plat mais il faut investir de nouvelles pistes pour donner une impulsion au sec-teur. Il y a plusieurs indices qui laissent penser que le gouver-nement, lui aussi, ne veut plus soutenir ce modèle». Pour ce faire, la FNPI propose la création d’un observatoire de l’immobilier, indépendant pour donner des indicateurs crédibles sur le marché. «Si nous avons une appré-ciation juste des besoins en logements, nous pourrons répondre efficacement à la demande. L’observatoire sera appelé à donner des indica-teurs réels et tangibles, qui permettront d’orienter à la fois le gouvernement dans sa poli-tique que les promoteurs dans leurs investissements», souligne Benmansour. Parmi les axes sur lesquels la Fédération exprime ses recom-mandations figure notamment le volet financement. La FNPI estime que les banques ne jouent pas assez le jeu pour accompagner le secteur. Le coût des crédits demeure élevé com-parativement au pouvoir d’achat des ménages marocains et par rapport aussi à d’autres pays. «La frilosité des banques à l’égard du secteur n’est pas justifiée surtout que le taux d’impayés ne dépasse pas les 4,5%. Pour le logement social, seules deux banques conti-nuent d’assurer le financement en l’occurrence CIH Bank et Banque Populaire et le Fogarim ne représente que 11% du total des crédits débloqués. Il faut allonger davantage la durée du crédit», précise Benmansour. La politique urbanistique a été, elle aussi, pointée du doigt. «Elle est pénalisante et n’arrive pas à accompagner l’essor du secteur. Il faut proposer de nouvelles for-mules comme la construction en hauteur», indique Benmansour. Concernant le locatif et le loge-ment pour la classe moyenne, la FNPI juge que les mesures allouées à ces deux segments n’ont pas donné les effets escomptés. Il faut revoir la copie et trouver de nouvelles formules plus pertinentes. La Fédération n’a pas manqué cette occasion pour épingler le rôle du Groupe Al Omrane, le bras armé du gouvernement dans le domaine du logement. «Al Omrane exerce une concur-rence déloyale sur les promo-teurs privés. Il bénéficie du foncier de l’Etat pour des pro-jets qui ne sont pas porteurs. C’est le cas des logements à 140.000 DH qui sont boudés par les acquéreurs mais aussi par les bidonvillois qui préfèrent les maisons de type marocain», souligne Benmansour. Concernant les perspectives, la FNPI reste confiante même si la situation est difficile. Le sec-teur présente des potentialités importantes qu’il faut saisir.
Charaf Jaidani