Filière pastèque: les raisons de la chute des prix

Filière pastèque: les raisons de la chute des prix

Hausse des récoltes, baisse des exportations et recul du pouvoir d’achat.

Face aux restrictions imposées, des exploitants ont investi d’autres contrées comme le Sénégal et la Mauritanie.

 

Par C. Jaidani

Contrairement à la flambée des prix observée depuis le début de l’année pour de nombreux produits agricoles, les prix des pastèques s’inscrivent dans une tendance baissière. Ils sont nettement en dessous de ceux observés l’année dernière et aussi à la moyenne des autres années. Actuellement, les prix au détail varient entre 2 et 5 DH  : comparés à la même période de l’année dernière, ils étaient dans une fourchette de 4 à 8 DH. Derrière ce phénomène, se cachent de nombreux facteurs, dont notamment une abondance de l’offre due essentiellement à une récolte record et à la réduction des exportations, dont le volume a été écoulé dans le marché local.

La conjoncture difficile a impacté également le pouvoir d’achat, incitant de nombreux ménages à privilégier les légumes, notamment les oignons, les tomates et les pommes de terre et à réduire au maximum l’achat de fruits. «Cette saison, la filière pastèque a bénéficié de conditions climatiques très favorables permettant aux plantes d’évoluer plus rapidement. Les régions de Zagora, Ouarzazate, Tata, Souss et Draâ, où cette activité est implantée, ont connu un niveau de pluviométrie supérieur à la moyenne. Les premières récoltes ont été précoces, à partir du mois d’avril. Pour sa part, le rendement à l’hectare a connu une nette hausse. Par endroit, il a dépassé les 70 tonnes», souligne Abderrahim Mouhajir, consultant en agriculture.

Victime de son succès, la filière a connu ces dernières années l’arrivée de nouveaux investisseurs du fait qu’elle assure une marge bénéficiaire intéressante dans un cycle de production court comparativement à d’autres activités agricoles. «Sous l’effet du stress hydrique, le gouvernement a réduit l’année dernière les superficies dédiées à de nombreuses filières grosses consommatrices d’eau comme la pastèque, le melon ou l’avocat. L’Etat a également arrêté les subventions. Cela a poussé les exploitants, particulièrement ceux tournés vers l’export, à chercher d’autres destinations en dehors du Maroc, comme le Sénégal ou la Mauritanie. Du coup, une bonne partie de la production nationale est écoulée au niveau local», explique Mouhajir.

Avec l’arrivée des récoltes des régions de Chichaoua, El Haouz, Doukkala, Gharb et Loukkous, l’offre de pastèque devrait augmenter davantage si l’on en croit certains professionnels. Il est à noter que la culture de la pastèque apprécie les températures élevées. Elle est cultivée dans les régions du Centre et du Sud du Maroc, avec une concentration dans la région de MarrakechTensift-El Haouz, qui réalise 37% de la production nationale, suivie de Souss-Massa avec 19%, du Gharb 16%… Cependant, les rendements les plus élevés sont enregistrés dans la région du Gharb grâce à la disponibilité en eau et aux caractéristiques pédoclimatiques favorables. Ils dépassent les 60 t/ha, alors que la moyenne nationale est estimée à 40 t/ha. 

 

Une place de choix au niveau mondial
Au niveau mondial, en 2021, le Maroc s’est classé 4ème fournisseur de pastèques et 2ème en Europe. La France est particulièrement friande de pastèques marocaines, avec 42% de la production écoulés dans ce pays. L’Espagne arrive en seconde position avec 33% des importations, suivie du Royaume-Uni, du Portugal et des Pays-Bas (5% chacun). La Belgique ferme la marche avec 4%. Le Royaume peut investir d’autres marchés très porteurs à l’image des pays du Golfe ou des pays asiatiques. Des opportunités sont aussi présentes dans les marchés du Moyen-Orient, une destination dominée actuellement par les pastèques iraniennes. En moyenne annuelle, les Emirats Arabes Unis importent 72.000 tonnes et le Qatar 10.000 tonnes.

 

 

 

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