A l’occasion de la célébration de la Journée nationale de la femme au Maroc, le 10 octobre de chaque année, il est utile de rappeler que la parité dans le secteur économique est toujours à la traîne. L’activité des femmes au plan national ne cesse de régresser depuis 1999, enregistrant une baisse de 5,7 points entre 1999 et 2012.
Nous voilà à la veille du 10 octobre, Journée nationale de la femme au Maroc, instituée par SM le Roi Mohammed VI en commémoration du discours historique du Roi à l’occasion de l’ouverture de la 2ème année législative de la 7ème législature, prononcé le 10 octobre 2003 devant le Parlement, annonçant le nouveau Code de la famille. Il faut dire que depuis, une pléiade de lois a vu le jour sans pour autant opérer de grands changements dans la disparité en défaveur de la femme marocaine. À la lumière des droits sociaux, ceux économiques ne sont pas mieux lotis. En effet, l’activité des femmes au plan national ne cesse de régresser depuis 1999, enregistrant une baisse de 5,7 points entre 1999 et 2012. Une activité qui reste concentrée dans des secteurs à faible qualification, concernent un nombre réduit de métiers. Pis, en matière de couverture médicale, la quasi-totalité des femmes actives occupées en milieu rural (98,8%) et plus de la moitié en milieu urbain (53,3%) n’en disposent pas, note le Conseil économique, social et environnemental dans un rapport de 2014 sur les discriminations à l’égard des femmes dans la vie économique : réalités et recommandations. Autre indicateur et non des moindres est le classement peu reluisant du Royaume dans le classement annuel de 2014 sur l’écart entre les genres, du Forum économique mondial. Basé sur les trois indicateurs que sont la participation des femmes au marché du travail, leur accès à l’éducation universitaire et à la santé, et leur participation à la politique, ce classement place le Maroc à la 133ème place sur 142 pays, derrière l’Arabie Saoudite, la Mauritanie et la Guinée. Aussi, les femmes ne participent-elles au «leadership» et aux décisions que faiblement. Elles se heurtent, aussi bien dans le public que dans le privé, au «plafond de verre». Les femmes fonctionnaires (40% des effectifs) n’occupent que 16% des postes de responsabilité. Ce taux évolue d’année en année, mais faiblement (+6 points en 11 ans). Rappelons d’ailleurs qu’à la veille de la réforme de la Constitution, un Collectif action parité avait vu le jour pour appeler à une plus grande équité dans la nomination des femmes dans les postes de responsabilité ! Dans le privé, les femmes ne sont pas mieux loties puisque seules 1% des femmes accèdent à un poste de responsabilité dans le secteur du commerce, de l’industrie et des services. Et elles ne sont que 7% des administrateurs des plus grandes entreprises publiques et ne représentent que de 11% des administrateurs des sociétés cotées ! La disparité est également à chercher du coté des salaires! Et pourtant, le pays dispose d’un cadre juridique qui prévient ce genre de disparités, mais qui demeure malheureusement inactif. Et pourtant, la parité homme/femme dans un pays est un gage certain de développement sur tous les niveaux puisque le manque à gagner économique qui en découle est variable selon les pays et peut atteindre jusqu’à 27 % du PIB, selon les estimations du FMI. Le Maroc et ses hommes doivent en tirer les conclusions qui s’imposent !
Imane Bouhrara