2015 a été l’année de l’Internet mobile, comme en témoigne la forte inflation du nombre de clients de ce segment par rapport à l’année 2014 (+ 48,4%). En l’espace de cinq années, notamment entre 2010 et 2015, les principaux indicateurs (usage, parcs, prix) ont enregistré des performances salutaires, reflétant ainsi la trajectoire de forte croissance du secteur, qui tire son épingle du jeu par rapport aux autres pays arabes et certains pays européens.
Au regard des derniers chiffres révélés par les hommes de Azedine El Mountassir Billah, Directeur général de l’Agence nationale pour la régulation des télécommunications (ANRT), le marché des télécommunications a fait montre d’une excellente tenue au cours des cinq dernières années, notamment entre 2010 et 2015. Notons d’emblée que 2015 a été l’année de l’Internet mobile, comme en témoigne la nette progression annuelle du parc de celui-ci par rapport à 2014 (+48,4%), avec plus de 13,3 millions d’abonnés. Outre cette précision, entre 2010 et 2015, la synthèse de l’ANRT fait ressortir une amélioration substantielle des indicateurs clefs (usage, parcs, prix) du mobile et de l’Internet. L’année 2010 a été une période cruciale pour le marché des télécoms, qui a été doté de mesures de régulation ayant pour but de garantir la concurrence. En l’espace de 5 ans, le nombre de clients du parc mobile est passé d’un peu plus de 31 millions en 2010 à 43 millions en 2015, ce qui représente un taux de pénétration de 127% par rapport à la population. Les autres chiffres concernant la période précitée, qui ont interpellé notre interlocuteur, Redouane Aoutti, responsable du business développement de la société NevoTechnologie, ont trait à la forte augmentation des usages, à l’importante progression des volumes de minutes sortantes et à la baisse des prix. Dans le détail, notons qu’à fin décembre 2015, l’usage moyen mobile mensuel a progressé de 146% par rapport à celui enregistré en 2010. Au registre de la chute des prix, le revenu moyen par minute «ARPM» n’était que de 0,27 DH (HT)/ minute l’année dernière, ce qui marque une baisse de 76% par rapport à 2010.
Ajoutons à cela l’importante progression du parc Internet mobile, qui est passée de 1,4 à 13,3 millions de clients en l’espace de cinq années. «La forte croissance enregistrée par le parc Internet mobile est à relier à la démocratisation de l’accès, avec la multiplicité d’offres abordables des trois opérateurs», confie Redouane Aoutti, qui s’empresse d’ajouter: «Actuellement, avec 20 DH, il est possible d’avoir un accès 3G valable pour un mois». Cela dit, les performances enregistrées par le parc Internet mobile découlent aussi d’une amélioration technologique, avec le développement de la 3G et celui de la 4G. Rappelons que le renforcement de la concurrence sous l’oeil vigilant du régulateur a permis à Inwi et Méditel de lancer leur offre ADSL dans le cadre du dégroupage.
Par ailleurs, il est utile de mentionner que les tarifs du postpayé appliqués au Maroc sont moins chers que ceux des autres pays arabes, d’après le dernier rapport du cabinet Arab Advisors Group, spécialisé dans le benchmark des tarifs du monde arabe.
Baisse des prix Vs rentabilité des opérateurs
Interpellé pour le rôle de l’ANRT concernant la concurrence des trois opérateurs, la réponse de Redouane Aoutti a le mérite d’être sans ambages. «Le régulateur a bien fait son travail. Pour preuve, la concurrence acharnée que se livrent Maroc Telecom, Méditel et Inwi, a été à l’origine de la baisse substantielle des prix (appels sortants, Internet mobile et ADSL)», assure-t-il. Toutefois, ce dernier fait remarquer que le mouvement baissier des prix, qui profite aux consommateurs marocains, rogne fortement la rentabilité des trois opérateurs. Pour étayer cette situation, le responsable du business développement de la société NevoTechnologie a rappelé que le prix d’une minute de communication (voix) a été divisé par trois au cours des trois dernières années. Plus édifiant encore, la facture mensuelle Internet (ADSL et Internet mobile) a enregistré une baisse importante de l’ordre de 70% sur la période 2010-2015. Notons tout de même que ce mouvement baissier des prix, qui favorise l’utilisation d’Internet, a plusieurs implications positives pour l’économie nationale, comme en témoignent l’irruption de nouveaux besoins, le développement de l’e-gov et l’essor du marketing digital. En somme, au regard des chiffres susmentionnés, force est d’admettre qu’entre 2010 et 2015 le marché des télécoms s’est s’inscrit dans une trajectoire de forte croissance. Du reste, des défis subsistent car, d’après Redouane Aoutti, les acteurs nationaux doivent développer davantage de contenus marocains, afin de tirer pleinement profit des avantages offerts par le marché domestique. L’autre challenge est la généralisation de la fibre optique, notamment au niveau périurbain. Ce qui permettra l’augmentation de la bande passante.
Benchmark international : Le Maroc cartonne
La comparaison avec certains pays européens montre que les tarifs prépayés appliqués au Maroc (avec des volumes plus importants) sont largement moins prohibitifs. Par rapport aux tarifs 4G appliqués dans le monde arabe, le rapport du cabinet Arab Advisors Group de 2015 montre que pour un téléchargement d’un volume de 1Go, le Maroc se classe en pole position du pays le moins cher de la zone arabe. Ce rang est confirmé aussi au niveau européen. Même constat pour les tarifs de l’ADSL puisque le Royaume est classé au rang du pays le moins cher dans la zone arabe.
Momar Diao