Le rendement à l’hectare a sensiblement diminué, surtout dans les zones bours. Les prix des produits, notamment de l’huile d’olive, ont flambé vu la faiblesse de l’offre.
C’est la saison des moissons des olives et de leur transformation. Cette filière, l’une des plus importantes du secteur agricole national, a été impactée par la sécheresse qui a sévi au cours de l’année écoulée.
En attendant les statistiques globales du département de tutelle sur les résultats de la campagne oléicole, plusieurs sources confirment que les moissons sont nettement en deçà de la moyenne. Un constat qui s’est répercuté directement sur les prix des produits.
«La production d’olives dans les zones irriguées a diminué de 30%, et dans les zones bours, de 60%. En moyenne, un hectare regroupe 400 oliviers pour un rendement de 40 kg par arbre, soit 16 tonnes par hectare. Cette année, la récolte sera autour de 10 tonnes seulement, avec une qualité moindre», confirme Ahmed Benchamh, président d’une association de production oléicole dans la région de la Chaouia.
En six ans, la production oléicole a presque doublé, à la faveur des projets développés dans le cadre du Plan Maroc Vert, plaçant ainsi le Maroc au 5ème rang mondial en termes de production et d’exportation. La production moyenne d’olives a atteint 1.326.000 tonnes en 2015, contre 783.000 tonnes en 2009, soit un accroissement de presque 70%. Mais en 2016, la production devrait connaître un net fléchissement. Une situation qui devrait impacter la filière «huile d’olive». Ainsi, la production moyenne de cette matière se situe à 138.300 t/ an, une hausse de 87% par rapport à celle de la période 2004-2008 (74.000 t/an). Alors que cette année, elle ne devrait pas dépasser les 50.000 t.
«Faute de matière première et vu la faiblesse de l’offre, nous n’avons pas pu produire assez d’huile d’olive cette année. Les prix étaient négociés entre 35 et 40 DH le litre. Actuellement, ils évoluent entre 50 et 60 DH», affirme Abdellah Mouhmid, propriétaire d’une unité de trituration dans la région d’El Gara relevant de la province de Berrechid.
Pour rappel, les principales régions de production couvrent presque la totalité du territoire national, à l’exception de la zone côtière atlantique. La principale variété produite est la Picholine marocaine à hauteur de 96% des plantations. Mais on retrouve également d’autres variétés comme celle de Picholine de Languedoc, Manzanille, Picual, Hojiblanca, Arbequine, Ascolana Dura, Frontoio, Gordal, etc.
«La variété picholine marocaine est caractérisée par une forte adaptation aux conditions climatiques du pays. Elle assure une double finalité de production d’olives de table et d’huile. Néanmoins, elle présente certains inconvénients comme une forte sensibilité à certaines maladies et un fort indice d’alternance, accentué par des pratiques inadéquates. La variété présente également une faible teneur en huile, accentuée par un matériel de trituration vétuste», assure Abderrahim Mouhajir ingénieur en agronomie.
Par ailleurs, il faut noter que le Maroc dispose de plusieurs atouts pour développer la filière, notamment son climat tempéré sans excès massifs de chaleur ou du froid dans plusieurs régions du Royaume. Il bénéficie également de coûts de production des plus compétitifs, surtout en matière de maind’œuvre comparativement à ses concurrents, notamment de la Méditerranée. Un avantage qui donne beaucoup d’opportunités aux opérateurs locaux en matière d’exportation.
C. J.
Le secteur en chiffres
Il est à rappeler que la filière oléicole au Maroc participe à hauteur de 5% au PIB agricole et de 15% aux exportations agroalimentaires. Le pays dispose de plus de 1,02 million d’hectares d’oliviers et aspire à plus de 1,22 million à l’horizon 2020 dans le cadre du contrat-programme conclu avec l’interprofession. Le Royaume est le cinquième producteur mondial de produits oléicoles. Il ambitionne d’atteindre 330.000 tonnes d’huile d’olive et 320.000 tonnes d’olives de table. Au niveau de la consommation d’huile d’olive, elle est située à 2,5 kg/an et par habitant. Le PMV veut la porter à 4 kg.
Fellah online : Olivier
Depuis l’antiquité, l’olivier occupe une place particulière chez les Marocains. Les vestiges romaines à Volubilis tout près de Meknès et Lixus près de Larache regorgent de traces d’activités oléicoles développées.
De nos jours, l’olivier, de par ses produits et leurs utilisations séculaires ainsi que ses fonctions multiples de lutte contre l’érosion, de valorisation des terres agricoles et de fixation des populations dans les zones de montagne, constitue la principale spéculation fruitière cultivée au Maroc. Il s’étend sur tout le territoire national, exception faite de la bande côtière atlantique, en raison de ses capacités d’adaptation à tous les étages bioclimatiques. Il s’adapte également à plusieurs types de terroirs, de sols et même dans les terrains accidentés. C’est une culture fortement préconisée pour les petits exploitants. Elle intéresse à cet égard plus de 500.000 exploitations agricoles, contribuant dans une forte proportion à la formation du revenu d’une large tranche d’agriculteurs démunis. L’activité assure, à travers ses produits à haute valeur énergétique et nutritionnelle, un rôle déterminant dans l’alimentation des populations rurales. Elle contribue également à combler à hauteur de 16% le déficit du pays en matière d’huiles alimentaires. Le secteur oléicole assure une activité agricole intense permettant de générer plus de 15 millions de journées de travail/ an, soit l’équivalent de 70.000 emplois permanents.
Le Maroc dispose de plusieurs potentialités en la matière pouvant être exploitées pour améliorer sensiblement le rendement et la productivité. Le but est d’activer les recherches pour créer de nouvelles variétés qui s’adaptent parfaitement à l’environnement local. L’encadrement technique des fellahs est aussi un autre volet à introduire parmi les priorités pour donner une nouvelle impulsion à l’activité.