Le Royaume peut se targuer d’avoir atteint la plupart des OMD. Ce qui n’est autre que la résultante des efforts déployés au cours des 25 dernières années pour la transformation de la structure économique, la lutte contre la pauvreté et les inégalités sociales. Pour autant, des challenges de taille persistent.
L’année 2015 coïncide avec la fin des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), adoptés par les Etats sous l’égide des Nations Unies. Par le truchement de ce programme, les pays se sont engagés sur un horizon temporel de 25 ans (1990-2015) à réduire, entre autres, la pauvreté de moitié, assurer l’éducation primaire à tous, procurer un emploi décent notamment aux femmes et aux jeunes, tout en diminuant la mortalité infantile. Lors de sa 54ème session ordinaire, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a pris la balle au rebond, en servant de tribune de choix à Ahmed Lahlimi Alami, Haut-commissaire au Plan, qui a présenté les résultats inhérents aux OMD du Maroc. Cela dit, lors de son allocution introductive, Nizar Baraka, patron du CESE, a fait une révélation de taille, selon laquelle, le rapport sur l’évaluation du capital immatériel au Maroc, commandé par SM le Roi en 2014, est dans une phase de préparation avancée. Par ailleurs, le patron du HCP a entamé sa présentation dans le registre macroéconomique. La bonne nouvelle est que la croissance entre 1990-2015, période des OMD, a été beaucoup plus importante que celle de la période antérieure, notamment les années 80. Celle-ci a été en moyenne de 4,5% contre 3%. Autre constat livré par Ahmed Lahlimi, entre 1990 et 2015, l’investissement, qui représente 1/3 du PIB, a affiché une bonne tenue, comme en témoignent sa forte progression par rapport aux années précédentes et ses implications positives dans le travail et la productivité. De plus, l’agriculture, qui s’est accaparée une part prépondérante dans la croissance au cours de cette période, a été moins impactée par les aléas climatiques que par le passé. L’importance accordée à la croissance par le Haut-commissaire est d’autant plus justifiée que sans activité économique prospère et pérenne, il est très ardu de réduire la pauvreté ou de procéder à la répartition équitable des richesses.
Grand bond en avant
Au regard des différents chiffres égrenés lors de la 54ème session ordinaire du CESE, force est d’admettre que le Royaume a atteint la plupart des OMD. Ce qui est, quelque part, le fruit des multiples réformes engagées et des efforts déployés au cours des 25 dernières années notamment au niveau de la lutte contre la pauvreté (INDH), de l’alphabétisation et de l’amélioration des indicateurs de santé. Toutefois, le pays continue de faire face à des défis de taille, à l’instar de l’accroissement des inégalités sociales entre homme et femme, et entre le monde urbain et le milieu rural, qui concentre près de 85% des pauvres au Maroc. L’absence de modèle social, l’amélioration de la qualité de l’enseignement pour enrayer le chômage de masse des jeunes et la transition démographique engendrant plus de personnes âgées à prendre en charge (déséquilibres des caisses de retraite), sont aussi autant de challenges à relever par le Royaume. Cela dit, à en croire Ahmed Lahlimi, la pauvreté absolue (moins d’un dollar par jour) a quasiment disparu au Maroc. Entre 1990 et 2015, les revenus des familles ont progressé de 6,3%. Sur cette même période, le pouvoir d’achat a enregistré une hausse de 3,3%. L’autre élément notable à relever est que la croissance au cours de ces dernières années, a été particulièrement inclusive puisqu’elle a profité davantage aux couches populaires et à la classe intermédiaire; ce qui a induit l’entame du recul des inégalités sociales, qui perdurent tout de même. Toujours au registre des bonnes performances, entre les années 80 et la période relative aux OMD, le taux de chômage est passé de 13 à moins de 10% (8,7% au deuxième trimestre 2015). Du reste, les femmes continuent de rencontrer des difficultés pour l’accès à l’emploi et aux postes de responsabilité. Cela dit, l’analphabétisme recule au Maroc, le pays ayant quasiment atteint l’universalité de l’accès à l’école primaire, avec une moyenne nationale frôlant les 100% de taux de scolarisation. Au registre des indicateurs de santé, même si la mortalité infantile a baissé dans le pays, l’objectif d’atteindre le taux de 25/1000 n’a pas été atteint puisque celui-ci tourne actuellement autour de 35/1000. Au niveau de l’électrification, le Royaume a amplement atteint les OMD, notamment avec les efforts déployés dans le monde rural, lequel accuse toutefois un retard au niveau de l’assainissement comparativement au milieu urbain. Au-delà de ces résultats, le patron du HCP reste persuadé qu’au regard des défis futurs, le Maroc devra nécessairement continuer à investir dans le capital matériel et humain, afin de garantir une croissance pérenne et surtout inclusive. «La transition démographique que connaît notre pays pose certes des défis, mais elle constitue aussi une chance, car il y a de moins en moins d’enfants et de jeunes à former qu’auparavant», martèle-t-il. Du reste.
Momar Diao