Objectif : booster la croissance tout en construisant une économie plus égalitaire, plus juste et plus inclusive.
Par D. William
Des défis en termes de croissance économique, de redistribution équitable des richesses, d’amélioration des conditions de vie des citoyens, de renforcement de la classe moyenne… C’est en cela que se justifie le nouveau modèle de développement, qui doit imprimer une autre trajectoire à l’économie nationale pour les prochaines années. L’importance de ce chantier royal se mesure à l’aune des constats faits par le Souverain dans ce sens et des injonctions données aux politiques dans plusieurs de ses discours.
«Les dernières années ont révélé l’incapacité de notre modèle de développement à satisfaire les besoins croissants d’une partie de nos citoyens, à réduire les inégalités sociales et les disparités spatiales. C’est la raison pour laquelle nous avons appelé à sa réévaluation et à sa réactualisation», avait notamment déclaré le Roi, qui a appelé «le gouvernement, le parlement et les différentes institutions ou instances concernées, chacun dans son domaine de compétence, à reconsidérer notre modèle de développement pour le mettre en phase avec les évolutions que connaît le pays».
Pour le Souverain, il faut que «soit élaborée une conception intégrée de ce modèle, propre à lui insuffler un nouveau dynamisme, à dépasser les obstacles qui freinent son évolution et à apporter des remèdes aux faiblesses et autres dysfonctionnements révélés par les évaluations menées sur le terrain».
L’analyse de l’économiste et ancien ministre, Mohamed Berrada, va dans le même sens. «Notre modèle de développement s’est essoufflé malgré le volume considérable d’investissements en capital fixe injecté sans se traduire par de la croissance et des emplois significatifs. Le problème vient du fait qu’on a privilégié le capital fixe au capital immatériel, dont les composantes principales sont le capital humain et le capital social. Les deux sont liés !», avait-il notamment déclaré dans une interview accordée à Finances News Hebdo.
Un chantier d’envergure
En ce qu’il va façonner le Maroc de demain en prônant une profonde transformation structurelle de l’économie nationale, le nouveau modèle de développement ratisse large et touche tous les secteurs économiques et sociaux. Dans ce cadre, les attentes sont nombreuses, comme souligné dans le rapport de la Commission spéciale sur le modèle de développement (CSMD). Tellement nombreuses qu’il faut définir les priorités. Et le Roi n’a pas manqué de donner des directives dans ce sens le 21 octobre dernier, lors de l’ouverture de la 1ère session de la 1ère année législative de la 11ème législature : «(…) Dans la perspective de la mise en œuvre du modèle de développement, le nouveau gouvernement doit définir les priorités et les projets à mettre en chantier au cours de son mandat et mobiliser les ressources nécessaires pour assurer leur financement». Dans ce sens, le Souverain a exhorté le gouvernement à «parachever les grands projets déjà lancés», à l’instar du chantier de généralisation de la protection sociale, et à mettre en œuvre la réforme des entreprises et établissements publics et une nouvelle charte de l’investissement…
Aujourd’hui, la question est davantage de savoir si les objectifs ambitieux arrêtés dans le cadre du NMD seront atteints. Rappelons que la finalité est d’accélérer la croissance pour atteindre un rythme moyen annuel supérieur à 6%. L’accession à ce nouveau palier permettra de doubler le PIB par habitant à l’horizon 2035. Trop ambitieux ?
Certains observateurs estiment que «oui», d’autant que la croissance économique nationale reste toujours largement tributaire de l’agriculture, dans un contexte où les épisodes de sécheresse se multiplient et où le PIB non agricole n’est pas suffisamment robuste, malgré le développement des métiers mondiaux du Maroc (offshoring, automobile, aéronautique, électronique, agroalimentaire et textile et cuir). D’ailleurs, après 7,9% en 2021, le Maroc devrait enregistrer une croissance du PIB autour de 1% en 2022 à cause de la baisse de l’activité agricole plombée par la sécheresse.