Mohammed VI annonce le début d'un changement majeur : le développement du pays doit emprunter un nouveau virage et placer l’élément humain au coeur de la nouvelle stratégie. En voici les principaux ingrédients.
L’objectif ultime du développement est de contribuer au bien-être de l’ensemble de la population, en particulier celui des catégories défavorisées. Autant dire que ce n’est pas tellement le cas du Maroc. Et le Roi Mohammed VI n’a pas manqué de le rappeler une fois de plus. En effet, le Discours royal à l’occasion de l’ouverture de la première session de la 2ème année législative de la 10ème législature est sans équivoque : le modèle marocain de développement traîne de sérieux boulets qui l’empêchent de répondre réellement aux attentes des citoyens.
«Le Souverain dans son discours a défini clairement la problématique qui s’articule autour de deux volets majeurs que sont : les difficultés qui empêchent l’évolution du modèle de développement du Maroc et les dysfonctionnements qui sévissent à tous les paliers de l’administration et au niveau des conseils élus et des collectivités territoriales. Il a par ailleurs appelé à faire «une réflexion critique» par les responsables politiques pour la mise en place d’une corrélation effective entre la responsabilité et la reddition des comptes ainsi qu’une recherche active des réponses et des solutions appropriées aux problèmes urgents et aux questions pressantes des citoyens. Le Souverain a également convié les forces vives de la nation et les acteurs sérieux à adhérer à cette «approche participative» et contribuer à «l’élaboration d’une conception intégrée» qui réponde aux attentes des citoyens», analyse Ali Lahrichi, Docteur en Sciences politiques et juridiques.
Quant aux pistes d’amélioration du modèle actuel, autant dire aussi que le Roi a «mâché» le travail pour nos décideurs, en ordonnant aux pouvoirs exécutif, législatif mais aussi aux institutions publiques de préparer une nouvelle vision de développement efficace et applicable, tout en leur livrant les premiers ingrédients.
«Ladite vision devra être bâtie en se référant aux points suivants :
- Une approche participative intégrant toutes les parties prenantes;
- Des mécanismes efficaces de développement local;
- De la cohérence entre politiques publiques et attentes des citoyens;
- A travers l’accélération du processus de déconcentration et de décentralisation (transferts des compétences et des moyens aux régions);
- De l’innovation et des initiatives palpables pour l’intégration et l’insertion des jeunes dans le marché de l’emploi», explique Youssef Guerraoui Filali, président du Centre marocain pour la gouvernance et le management.
«Par ailleurs, un suivi rigoureux et continu est de mise pour l’accompagnement des travaux engagés, leurs états d’avancement ainsi que leurs évaluations régulières d’une manière intègre et vertueuse», poursuit Ali Lahrichi.
En effet, le Roi a décidé la mise en place de deux cellules de suivi, l’une au ministère de l’Intérieur et l’autre au ministère des Finances, de même qu’il a donné ses orientations à la Cour des comptes pour qu’elle remplisse ses missions de suivi et d’évaluation des projets publics lancés dans les différentes régions du Royaume.
Toujours dans le cadre de la bonne gouvernance, Youssef Guerraoui Filali rappelle également les orientations du discours pour une réforme de l’administration : «par le changement des mentalités et la mise à niveau des services publics, en vue de soutenir l’investissement privé et hausser la qualité des prestations rendues aux citoyens. Et l’accélération de la mise en œuvre de la régionalisation avancée par un calendrier réalisable, en vue d’améliorer l’efficacité de la gestion locale».
Ces éléments posés «L’élaboration d’une stratégie du développement national doit procéder d’une démarche compréhensive, empathique que seules les parties prenantes, c’est-à-dire les différentes composantes de la nation (cadres de l’administration, académiciens, chercheurs, experts publics, partis politiques, syndicats, société civile, etc.) ont les qualités requises et la légitimité nécessaire pour le faire comme il se doit». C’est cette approche démocratique, participative, constructiviste, fondée sur des choix théoriques et méthodologiques appropriés, qui doit prévaloir de l’amont vers l’aval, pour entériner le «nouveau consensus national» qui s’est dégagé ces dernières années autour des principes d’efficience économique, de qualité des institutions, de transparence, de responsabilité, de justice sociale, d’inclusion, de solidarité, de durabilité», relève Noureddine El Aoufi, professeur d’économie à l’Université Mohammed V de Rabat et membre Résident de l’Académie Hassan II des sciences et techniques.
Tous ces éléments doivent verser dans le capital humain et l’équité sociale plus particulièrement qui doit être érigée en priorité absolue ! ■