Londres, 20 avril 2018 (AFP) - Après l'aluminium, le prix du nickel s'est envolé sur le London Metal Exchange (LME) sur la semaine avec les sanctions américaines sur la Russie et la Chine qui font décoller les cours des métaux de base.
Jeudi, la tonne de nickel a atteint 16.690 dollars la tonne, flambant en deux séances de plus de 15% pour atteindre son plus haut depuis plus de trois ans, avant de fortement corriger en fin de semaine.
La tonne d'aluminium a touché jeudi 2.718 dollars la tonne, à son plus haut depuis près de sept ans.
"Les Etats-Unis ont annoncé des sanctions contre la Russie il y a seulement deux semaines, mais depuis, les métaux de base, et surtout l'aluminium et le nickel, semblent vivre dans un monde à part", ont commenté les analystes de Commerzbank.
L'aluminium a été le métal le plus directement affecté, puisque les sanctions américaines visent notamment le groupe russe Rusal, un des premiers producteurs mondiaux.
Les analystes de Goldman Sachs ont ainsi estimé que le prix de l'aluminium sur le marché londonien pourrait pourrait dépasser les 3.000 dollars la tonne.
"Les prix ont été particulièrement soutenus car une partie des stocks du LME est estampillée Rusal", ont ajouté les analystes de UniCredit.
Mais alors que l'aluminium avait grimpé dès l'annonce des sanctions, le nickel s'est envolé à son tour sur la semaine.
"Un des premiers producteurs mondiaux, Norilsk Nickel, est détenu à 27% par Rusal" et "pourrait potentiellement être l'objet de sanctions", ont estimé les analystes de UniCredit.
"Ceci dit, le nickel n'est pour l'instant pas directement visé", ont rappelé les analystes de Capital Economics, qui notent par ailleurs que les stocks des plateformes d'échange sont "amplement fournis malgré une baisse récente".
"Il faut souligner que les volumes (qui étaient très fournis en début de semaine, ndlr) sont nettement réduits, ce qui exacerbe les mouvements de prix", a noté Matt France, courtier chez Marex Spectron.
"Global Ferronickel holdings (un des plus grands producteurs de nickel, basé aux Philippines) a indiqué que le bond des prix n'était que temporaire, et ne pas avoir modifié ses prévisions de production", a souligné Alastair Munro, également courtier chez Marex Spectron.
Le cuivre, le plomb, l'étain et le zinc se sont également inscrits en hausse, mais de manière plus modérée.
"Le cuivre s'inscrit en baisse par rapport au début de l'année", ont commenté les analystes de Capital Economics, qui estiment que le risque d'une guerre commerciale fait craindre au marché une baisse de l'activité industrielle et de la demande de métaux de base.
Dans ce marché obnubilé par les tensions entre Etats-Unis, Russie et Chine, les données sur l'économie chinoise, première importatrice de métaux de base, n'ont pas secoué les marchés.
La Chine a vu sa croissance économique se stabiliser à 6,8% au premier trimestre, résistant mieux qu'attendu grâce à une consommation robuste, en dépit d'un essoufflement de la production industrielle et d'une campagne contre les risques financiers pesant sur le crédit.
"La croissance de la production industrielle et le crédit ont légèrement ralenti en mars", ont détaillé les analystes de Commerzbank.