Par M. Diao
Pour peu que l’on s’intéresse au partenariat économique entre le Maroc et l’Allemagne, première puissance économique européenne, il est assez aisé de s’apercevoir que les liens de partenariat qui lient les deux pays partenaires se caractérisent par une profondeur évidente. Pour preuve, les deux institutions allemandes les plus connues au Maroc qui sont la KFW (Kreditanstalt für Wiederaufbau) et la GIZ interviennent dans des branches cruciales pour l’émergence du Royaume, en quête d’un nouveau modèle de développement porté par une croissance inclusive. La banque de développement allemande KFW est active dans le financement des secteurs de l’énergie et de l’eau au Maroc.
La GIZ, qui opère dans le Royaume depuis 1975, aide le pays dans les domaines du développement durable, l’économie et la bonne gouvernance. En décembre dernier, le ministère des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger s’était fendu d’un communiqué pour annoncer que le Royaume du Maroc a bénéficié d’une enveloppe de 1,387 milliard d’euros, dont 202,6 millions d’euros sous forme de dons, dans le cadre de la coopération au développement maroco-allemande. Près de trois mois après cette bonne nouvelle, une note du même ministère qui a fuité sur la toile (le 1er mars 2021) en a surpris plus d’un.
Et ce, eu égard à la densité du partenariat économique entre les deux Etats. Pour rappel, la note signée par Nasser Bourita, ministre de tutelle, a révélé la suspension de tout contact avec l’Ambassade d’Allemagne au Maroc. La teneur ferme du document est sans ambages : «En raison des malentendus profonds avec la République fédérale d’Allemagne, aux sujets de questions fondamentales du Maroc, les départements ministériels et les organismes relevant de leurs tutelles, doivent suspendre tout contact, interaction, ou action de coopération tant avec la chancellerie allemande qu’avec les organismes de coopération et les fondations politiques allemandes qui lui sont liées». A l’évidence, cette décision, qui est tombée comme un couperet, est surprenante au regard des relations économiques qui sont au beau fixe.
Densité des relations commerciales
Les dernières données relatives aux échanges commerciaux maroco-allemands que Finances News Hebdo s’est procurées auprès de l’Office des changes montrent l’importance des échanges commerciaux en dépit du contexte pandémique. Entre janvier et septembre 2020, les principaux produits que le Maroc a importés d’Allemagne se sont chiffrés en valeur à plus de 15,8 Mds de DH. Les exportations marocaines vers ce pays se sont affichées à plus de 6,1 Mds de DH.
Ces chiffres provisoires démontrent que la balance commerciale est en faveur de l’Allemagne. Le document de l’Office des changes montre que les principaux produits marocains expédiés vers ce pays européen sont, entre autres, les voitures de tourisme, les câbles pour l’électricité, les chaussures, les vêtements, les produits de la mer, les légumes frais et le minerai de cuivre. Bien entendu cette liste est loin d’être exhaustive. Entre janvier et septembre 2020, l’Allemagne figure parmi les principaux partenaires commerciaux du Maroc (Top 10).
L’Etat fédéral a été le 7ème marché des exportations natinales derrière les USA (6ème ). Le pays germanique a été le 6ème pays fournisseur du Maroc après la Turquie (5ème fournisseur du Royaume). A la même période, notons que les IDE allemands au Maroc se sont chiffrés à 648 MDH, avec une part de 3,4% des IDE réalisés dans le pays. Le point de vue du monde des affaires Interrogé sur la décision récente du Département des Affaires étrangères et son impact sur les relations économiques entre les deux pays, une source qui préfère taire son identité analyse avec lucidité la situation actuelle qui continue de défrayer la chronique.
«La souveraineté nationale du Royaume prime sur toutes les considérations, qu’elles soient d’ordre économique ou autres. Sur cette question en lien avec l’actualité, je pense que le milieu des affaires auquel j’appartiens doit rester en retrait et laisser les autorités compétentes de notre pays gérer le dossier», confie l’homme d’affaires, qui connaît bien l’Allemagne pour y avoir conduit une importante délégation marocaine. Notre interlocuteur, qui admet la puissance économique du pays germanique, tient aussi à faire remarquer que le Maroc, dont la marge de progression des exportations est énorme, a toujours la possibilité de diversifier ses partenaires commerciaux. «Nos échanges ne se limitent qu’au tiers du monde», rappelle-til, tout en soulignant la confiance des investisseurs germaniques à l’endroit du Maroc. Les 200 entreprises allemandes installées au Maroc seraient pourvoyeuses de près de 30.000 emplois.