Marché du conseil : «L’activité de conseil peut disparaître avec la crise, comme elle peut s’enrichir de la crise»

Marché du conseil : «L’activité de conseil peut disparaître avec la crise, comme elle peut s’enrichir de la crise»

 

Khalid KarbaouiL’installation de cabinets conseil étrangers au Maroc est un signe de confiance dans l’économie marocaine.

Le chef du gouvernement, lors de la réunion avec le MEDEF, avait appelé les chefs d’entreprise français à venir investir dans tous les secteurs.

Les cabinets marocains sont moins compétitifs dans tout ce qui est conseil en stratégie, mais très efficaces sur le volet conseil opérationnel.

Explications de Khalid Karbaoui, Directeur général de Efmo Consulting et chercheur en entrepreneuriat.

Finances News Hebdo : Comment pouvez-vous présenter le secteur du conseil au Maroc ?

 

Khalid Karbaoui : L’activité du conseil au Maroc s’est remarquablement développée ces

10 dernières années. L’installation de cabinets conseil étrangers au Maroc  est un signe de confiance dans l’économie marocaine et dans le potentiel de développement de ce secteur.

 

F. N. H. : Quelles sont les conséquences de la conjoncture économique et financière sur le secteur du conseil ?

K. K. : La crise va toucher spécialement les cabinets qui ont des marchés à l’étranger, dans des pays touchés par la crise. Au Maroc, même si la conjoncture économique et financière n’est pas dans ses beaux jours, les entreprises locales continuent  à faire face à la crise, et les investisseurs étrangers croient toujours à la destination Maroc, chose qui permet à l’activité de conseil de continuer son expansion au Maroc.

L’activité de conseil peut disparaître avec la crise comme elle peut s’enrichir de la crise. Ainsi, beaucoup d’entreprises vont solliciter l’expertise  des cabinets conseil pour leur permettre de maintenir  leur activité dans un environnement de conjoncture économique et financière  défavorable.

F. N. H. : On constate que les entreprises, ou les particuliers, préfèrent s’adresser aux cabinets étrangers. Ne pensez-vous pas que ces derniers portent ombrage aux cabinets marocains ?

K. K. : Je ne pense pas. Il convient de distinguer entre le niveau stratégique et opérationnel dans l’intervention des cabinets conseil. La plupart des cabinets étrangers interviennent au niveau stratégique (études sectorielles, internationalisation…) pour accompagner les multinationales installées au Maroc, les grandes entreprises, les ministères ainsi que les entreprises étrangères (européennes, moyen-orientales..) qui souhaitent développer leurs activités au Maroc.

Quant aux cabinets conseil marocains, la plupart interviennent au niveau opérationnel (conseil en management, marketing, RH..). À ce niveau, ces cabinets travaillent avec les grandes entreprises marocaines mais surtout avec les PME qui constituent plus de 90% du tissu économique.

On peut dire que les cabinets étrangers ne portent pas forcément préjudice aux cabinets marocains.

F. N. H. : Côté concurrence, la taille du marché permet-elle la coexistence de cabinets étrangers et marocains ?

K. K. : L’entrée sur le marché marocain de cabinets conseil étrangers est un signe de l’attractivité de la destination Maroc. D’ailleurs, le chef du gouvernement, lors de la réunion avec le MEDEF, avait appelé les chefs d’entreprise français à venir investir dans tous les secteurs. De plus, ces cabinets vont recruter des ressources humaines marocaines et solliciteront les cabinets marocains qui connaissent mieux la culture et l’environnement local pour répondre à certains clients au niveau local.

F. N. H. : En terme d’expertise, pensez-vous que les cabinets marocains soient outillés pour faire face à ces concurrents de taille ?

K. K. : Les cabinets marocains sont moins compétitifs dans tout ce qui est conseil en stratégie mais très efficaces sur le volet conseil opérationnel, d’abord en raison de leur connaissance de l’environnement local, de la culture, de leur expertise et de leur compétitivité en matière de prix. Une PME marocaine  n’a pas les moyens de payer la prestation d’un cabinet conseil étranger ( Mc Kinsey…)…

 

Propos recueillis par W. M.


 

 

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