Marchands ambulants: pourquoi il faut une nouvelle approche

Marchands ambulants: pourquoi il faut une nouvelle approche

Les anciens programmes ont montré leur limite à cause de la faible implication de tous les intervenants.

Il est indispensable de s’inspirer de l’expérience réussie à Bernoussi, à Casablanca.

 

Par C. Jaidani

En dépit de plusieurs expériences pilotes pour organiser les marchands ambulants, le phénomène continue de prendre de l’ampleur à cause de la multitude des intervenants et l’absence d’une volonté politique claire. Des désagréments majeurs sont causés dans les lieux où ces commerçants de fortune sont implantés, avec notamment la perturbation de la circulation, les nuisances sonores et les problèmes de propreté et de sécurité.

«La sécheresse qui sévit actuellement devrait accentuer davantage l’exode rural et renforcer la population des marchands ambulants, particulièrement dans les quartiers à forte concentration démographique. Opérant dans l’informel, ces personnes échappent à toute forme de contrôle. Ils proposent des produits notamment alimentaires, cosmétiques ou de droguerie qui peuvent être périmés ou non conformes aux normes. Ils présentent des risques majeurs pour la santé», souligne Fatiha Harbili, présidente de l’Association Al Amal Al Jadid de développement local, basée à Bernoussi, à Casablanca. Et de rappeler que «l’approche des autorités tablant sur des mesures répressives n’a pas donné les effets escomptés. Une fois chassés d’un lieu, les marchands passent dans un autre. Il est important d’associer la société civile dans toutes les opérations afin de bien les encadrer, les orienter conformément aux objectifs tracés».

Harbili note qu’«il est primordial de procéder à un recensement approfondi de cette population, notamment la nature de leur activité, les sources de leurs approvisionnements, les zones fréquentées, en plus d’avoir des informations personnelles sur leur lieu de résidence et autres. A travers ces données, il est possible d’établir des stratégies sur-mesure. Il faut prendre en considération les spécificités de chaque localité et aussi l’activité ciblée. Par exemple, à Bernoussi, l’organisation des marchands ambulants a donné des résultats concluants, et ce grâce à l’implication personnelle du gouverneur à travers une collaboration très étroite avec les associations et d’autres institutions».

En effet, Bernoussi, une zone périphérique de Casablanca qui regroupe des quartiers industriels, résidentiels et aussi des bidonvilles, affichait la plus grande présence de marchands ambulants dans le Royaume. Actuellement, la situation s’est nettement améliorée, grâce aux autorités locales qui ont accentué leur effort d’une façon continue et intelligente pour les recaser dans des lieux organisés.

Cette expérience peut être dupliquée dans d’autres villes. Encore faut-il impliquer les départements concernés à travers des programmes bien étudiés. En plus de celui du Commerce et de l’Intérieur, d’autres administrations ou intervenants sont concernés, comme l’ONSSA et l’INDH. Il faut une approche intégrée et concertée et minutieusement préparée, selon les conclusions des études menées. L’exécution des programmes doit être supervisée par le wali ou le gouverneur et ne doit pas être temporelle afin d’atteindre les objectifs escomptés. Il faut également s’inspirer des expériences réussies des pays comme la Turquie. Mais avant tout, pour réussir de telle stratégie, il faut une volonté politique.

 

Proposer des éléments d’intéressement
Pour inciter les marchands ambulants à adhérer à des programmes pour leur organisation, les autorités doivent proposer certains éléments d’intéressement comme leur recasement dans des lieux dédiés, la subvention de leur matériel d’exposition ou de mobilité. A travers leur sortie du circuit informel, ils peuvent être éligibles à l’Assurance maladie obligatoire (AMO) et accéder au financement, soit à travers les banques ou les organismes de microcrédit. Pour bénéficier de ces avantages, ils doivent accepter certaines conditions, comme la signature d’un engagement sur l’honneur pour ne vendre que les produits conformes aux normes marocaines en matière d’hygiène et sûreté alimentaires, et de ne pas perturber la circulation ou les autres commerces.

 

 

 

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