Le produit est arrivé à une certaine maturité. Il a besoin d’une adaptation avec l’environnement actuel.
Le segment du logement social a fait ses preuves et a permis à des milliers de personnes d’accéder à la propriété et de réduire le déficit en logements de plus de 50%. Lancé au début des années 2000, ce type d’habitat soutenu par l’Etat à travers des dérogations fiscales et parfois des mesures foncières, a une typologie bien définie : la surface ne doit pas être inférieure à 50 m2 et le prix ne doit pas dépasser 200.000 DH. La flambée des prix de l’immobilier aidant, l’Etat a été contraint de revoir le prix d’acquisition à la hausse, le portant à 250.000 DH. Ces derniers temps, le segment a connu un léger ralentissement sous l’effet d’un fléchissement de la demande. Pour leur part, les promoteurs ont réduit les mises en chantier afin de liquider le stock disponible et aussi à cause de la baisse de la marge bénéficiaire. De l’avis de plusieurs spécialistes, le produit est arrivé à une certaine maturité et il est temps de revoir le concept et de l’adapter à l’environne ment actuel. «Il est primordial de revoir le modèle existant actuellement. C’est un concept typiquement technique, basé sur le minimum de produits à offrir, alors que dans d’autres pays, différents critères sont à prendre en considération. Les acquéreurs marocains doivent accepter des logements de 40, voire 30 m2 de superficie comme cela existe dans les grandes villes un peu partout dans le monde. Encore faut-il que ces appartements disposent d’un environnement et d’un cadre de vie adéquat», souligne Driss Effina, expert en immobilier. Il faut dire que dans les métropoles de Rabat et Casablanca, par exemple, tous les projets de type logement social sont lancés dans leur périphérie à cause de la problématique du foncier. Cette stratégie pose pour les résidents d’autres difficultés au démarrage, dues à l’insuffisance des équipements de base, au transport ou à la sécurité.
La révision de ce concept doit se faire en concertation avec tous les acteurs en vue de lancer des études recueillant les attentes des Marocains et aussi s’inspirer des benchmarks des expériences étrangères. «Nous avons depuis des années appelé à revoir la configuration du logement social. Telle qu’elle est actuellement, elle ne peut fonctionner que dans les petites ou moyennes villes. Dans les grandes par contre, elle devient de plus en plus difficile à réaliser à cause du prix du foncier. Il est nécessaire aussi d’encourager la verticalité dans la construction pour remédier à cette contrainte», explique Mohamed Ikbal Kettani, directeur délégué de la Fédération nationale des promoteurs immobiliers (FNPI).