«Les opérateurs français ont pris la pleine mesure des réformes engagées par le Maroc»

«Les opérateurs français ont pris la pleine mesure des réformes engagées par le Maroc»

Mohamed Kettani, PDG AWBLes réformes engagées depuis 10 ans par SM le Roi ont permis au Maroc d’avoir une position stratégique dans la région.

Huit groupes de travail ont identifié les leviers de renforcement de la compétitivité et de la productivité dans les secteurs clés de l’économie nationale.

C’est une fierté pour Mohamed Kettani, coprésident du Club des chefs d’entreprise Maroc/France et PDG d’Attijariwafa bank, d’accompagner les opérateurs dans la conquête de nouveaux marchés.


 

Finances News Hebdo : Il y a comme une impression que cette rencontre redonne un nouveau souffle au partenariat Maroc-France après une période d’attentisme et d’expectative impliqués par le printemps arabe, les législatives … Partagez-vous cette impression ?

Mohamed Kettani : Non, sincèrement, en tant que président du Club des chefs d’entreprise Maroc/France, je n’ai personnellement pas le sentiment qu’il y a eu une interruption.

Jamais les ponts de communication n’ont été rompus entre le Maroc et la France, notamment sur le plan économique. Les opérateurs économiques français ont suivi de très près l’évolution politique et sociale au Maroc au même titre que les autres pays de la région.

Et ils en ont eu la conviction grâce à la politique menée par SM le Roi depuis une décennie à travers toutes les réformes et les chantiers qui ont été ouverts et qui ont consolidé le processus démocratique et les droits de l’homme. Ces réformes et projets ont mis en place un dispositif national multiforme dans le domaine économique. Je ne cite, à titre d’exemple, que les institutions de régulation dans plusieurs secteurs économiques et financiers, notamment le CDVM, l’ANRT, le Conseil  de la Concurrence, l’Instance Centrale de Prévention de la Corruption…

Et je pense que le point d’orgue était l’anticipation qui a été opérée par SM, qui était courageuse et saluée par les opérateurs économiques français. Le discours historique du 9 mars 2011 a abouti à une refonte de la Constitution et a permis par des élections anticipées la mise en place de ce nouveau gouvernement. Tout ce processus a conforté la confiance. Preuve en est la mobilisation massive aujourd’hui. Et le président du MEDEF International l’a confirmé, c’est la première fois dans l’histoire du MEDEF qu’on a pu mobiliser 200 chefs d’entreprise français en dehors des frontières dans une telle manifestation. Cela témoigne de l’engouement et de l’intérêt que portent les opérateurs économiques au Maroc et surtout leur confiance dans ce pays. Et ce grâce à la stabilité politique du Maroc, puisque c’est un facteur fondamental dans l’acte d’investir et surtout, un pays doté de stratégies sectorielles qui donnent de la visibilité à moyen et long termes pour l’investisseur.

Aujourd’hui, nous avons pu réunir 200 chefs d’entreprise français dans des secteurs hautement stratégiques pour le Royaume, à savoir l’offshoring, le tourisme, l’aéronautique, l'infrastructure/transport/ énergie,  le partenariats public-privé, l'agriculture et l'agro-industrie, les équipements automobiles et ressources humaines.

F. N. H. : Justement, quel a été le rôle des commissions mixtes réunies autour de ces secteurs et qui ont travaillé pendant deux mois suite à la rencontre du 28 janvier avec le chef du gouvernement marocain ?

M. K. : Nous avons eu une approche innovante au niveau du Club des chefs d’entreprise Maroc/France puisque nous avons organisé huit groupes de travail qui ont mobilisé 70 chefs d’entreprise des deux parties. Ils ont planché sur les préoccupations de leurs secteurs et ont abouti à une note de synthèse qui regroupe tous les leviers qui ont été actionnés ces dix dernières années et qui ont fait la force du Royaume dans ces secteurs-là. Mais, la valeur ajoutée de ce travail est qu’il a identifié les leviers à améliorer pour consolider la productivité et la compétitivité du Maroc dans ces secteurs pour les années à venir.

Ce précieux document décline ainsi les leviers pour attirer davantage de flux d’investissements sur le Maroc.

L’autre élément important qui s’est dégagé lors de ces rencontres est que le Maroc peut être réellement un hub régional en partenariat avec la France, notamment à travers des joint-ventures, pour conquérir des positions en Afrique subsaharienne et dans les pays arabes.

Et ce compte tenu de la proximité historique et culturelle avec ces pays frères. Et c’est là une conviction de plus en plus partagée entre les opérateurs économiques français et marocains.

F. N. H. : Justement, l’une des idées évoquées est de mener des actions conjointes entre opérateurs des deux pays pour conquérir de nouveaux marchés subsahariens et dans les pays arabes auprès desquels le Maroc a un véritable capital sympathie. Justement vous, en tant que PDG d’une banque déjà présente en Afrique, et ailleurs, comment pensez-vous accompagner les opérateurs, notamment les PME marocaines désireuses de profiter de cet élan ?

M. K. : Ce qui nous fait chaud au cœur c’est qu’au-delà de la pertinence du modèle de développement stratégique d’Attijariwafa bank en Afrique, qui a fait ses preuves sur le plan économique comme en témoigne l’impact sur les résultats consolidés de la banque, est qu’aujourd’hui les PME marocaines qui étaient limitées dans leur marché domestique, nous accompagnent vers ces territoires. Pour importer et exporter, certes, vers ces marchés, mais surtout pour trouver des opportunités d’investissement. Aujourd’hui, les PME cherchent à investir sur ces marchés à nos côtés et planter leurs industries pour être très proches des consommateurs africains.

Et ces opérateurs marocains ont été motivés par le fait qu’actuellement le nerf de la guerre est la sécurité du paiement. Et Attijariwafa bank étant donné que nous sommes présents aussi bien au Maroc que dans les pays d’accueil de ces investissement, assure et garantit les flux de paiement entre l’entreprise marocaine et son homologue africaine. Et cela est un élément fondamental dans notre stratégie.

Nous souhaitons, comme nous nous sommes internationalisés, internationaliser également nos clients, en plus des opérateurs français.

Il est important de signaler que nous cherchons également à développer la coopération Sud-Sud dans tous les pays où nous sommes présents. En effet, nous mobilisons aujourd’hui des opérateurs ivoiriens au Sénégal, des Sénégalais au Gabon, etc, ce qui crée les bases d’un véritable partenariat Sud-Sud.

F. N. H. : Quelles sont vos impressions concernant les échanges qui ont lieu lors de cette rencontre ? A votre avis, l’objectif a-t-il été atteint ?

M. K. : Je crois que l’objectif ultime est de faire un point d’étape important dans un contexte mondial économiquement difficile et un contexte politique du monde arabo-musulman particulier. Il y a une conviction aujourd’hui que les opérateurs économiques français ont pris conscience que le Maroc est réellement doté d’un modèle politique, social et économique qui fait de lui une terre d’accueil en matière d’investissement et de développement. Ils ont pris la pleine mesure de toutes les réformes engagées et qui ont abouti justement à cette position privilégiée du Maroc sur le plan régional.

Le troisième élément important est que les recommandations des groupes de travail sont porteuses de mesures et d’actions intéressantes à mener pour améliorer davantage notre compétitivité à l’international. Et les ateliers organisés en marge de la rencontre et animés par les ministres marocains dans les secteurs clés de notre économie, vont renforcer davantage les leviers de développement et de renforcement de ce partenariat.

 

Propos recueillis par Imane Bouhrara


 

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